La France est-elle encore une grande puissance géopolitique ?
Si être une « grande puissance » consiste à faire l'Histoire (…), alors seuls les États-Unis d'une part, la Chine voire la Russie d'autre part (…) occupent un positionnement de premier rang. La difficulté pour la France c'est qu'elle est forcément, par l'écart des moyens, dans l'ombre du puissant allié américain au sein du camp occidental (…).
La France est dans tous les clubs qui comptent [comme] le club des 5 États membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, qui est aussi le club des 5 puissances nucléaires reconnues par le traité de non-prolifération nucléaire (…).
La France est ainsi présente dans les négociations face aux crises internationales majeures : le « groupe de contact » qui a géré la crise yougoslave depuis 1994, le groupe E3 sur l'Iran (avec l'Allemagne et le Royaume-Uni) depuis 2003, le « format Normandie » (France Allemagne Russie et Ukraine) pour gérer la crise ukrainienne depuis 2014. Il n'y a qu'en Asie où, depuis la fin de la guerre d'Indochine, la France ne peut plus faire que de la figuration au plan politique : elle n'est pas présente, pas plus que l'Union européenne d'ailleurs, dans les négociations sur la question nucléaire nord-coréen.
Interview de M. Lefebvre, Diploweb, 9 octobre 2019