Une situation bloquée
Henry Kissinger était secrétaire d'État (Ministre des Affaires étrangères) américain de 1973 à 1977.
Le symbole de l'impasse était la résolution 242 (…). Elle évoquait le droit pour tous les États de la région à « une paix juste et durable » à l'intérieur de « frontières sûres et reconnues », mais ne définissait aucun des adjectifs (…). Ceux des dirigeants arabes qui acceptaient de négocier estimaient qu'elle exigeait le retrait total d'Israël sur ses frontières antérieures à juin 1967. Israël considérait qu'aucune de ses frontières d'avant-guerre n'était sure ; il exigeait de conserver une partie des territoires occupés de chacun de ses voisins. Pour être doublement certain de sauvegarder ses intérêts, il posa une exigence aussi raisonnable en apparence qu'elle était irréalisable : que les États arabes négocient directement avec lui. En d'autres termes, Israël demandait sa reconnaissance avant toute négociation. A leur tour, les Arabes exigèrent qu'on acceptât leurs revendications territoriales avant de passer au plan diplomatique. Aucun dirigeant arabe, tout modéré fût-il, ne pouvait espérer survivre s'il acceptait les exigences d'Israël, dans le climat d'humiliation, d'extrémisme et d'influence soviétique de l'époque. Aucun Premier ministre israélien ne serait resté au pouvoir un jour de plus s’il avait renoncé aux territoires occupés pour pouvoir engager les négociations. Israël se bercer dans l'illusion qu'il pourrait à la fois garder ces territoires et obtenir la paix. Ses adversaires arabes caressaient la chimère inverse qu'ils pourraient regagner leurs territoires sans offrir la paix.
Henry Kissinger, Les années orageuses, vol. 1, 1982
La résolution 242 du Conseil de sécurité de l'ONU au lendemain de la guerre des Six Jours
Au lendemain de la guerre des Six Jours, les armées arabes ont subi des défaites spectaculaires.Le Conseil de sécurité, exprimant l'inquiétude que continue de lui causer la grave situation au Moyen-Orient ;
Soulignant l’inadmissibilité de l'acquisition de territoires par la guerre et la nécessité d’œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque Etat de la région de vivre en sécurité ; (…)
1. Affirme que l'accomplissement des principes de la Charte exige l'instauration d'une paix durable au Moyen-Orient qui devrait comprendre l'application des 2 principes suivants :
- Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit ;
- Cessation de toute assertion de belligérance ou de tous états de belligérance et respect et reconnaissance de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de chaque Etat de la région et leur droit de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues à l'abri de menaces ou d'actes de force.
2. Affirme en outre la nécessité :
- De garantir la liberté de navigation sur les voies d'eau internationales de la région ;
- De réaliser un juste règlement du problème des réfugiés ;
- De garantir l'inviolabilité territoriale et l'indépendance politique de chaque Etat de la région par des mesures comprenant la création de zones démilitarisées.
Résolution 242 du Conseil de sécurité de l'ONU, 22 novembre 1967
Anouar el-Sadate, extrait du discours prononcé devant la Knesset (Parlement israélien), à Jérusalem, le 20 novembre 1977.
« La lutte armée est la seule voie menant à la libération de la Palestine. […] Le partage de la Palestine de 1947 et l'établissement d'Israël sont entièrement illégaux. »Charte de l'OLP, 1968, déclarée caduque par Yasser Arafat en 1989.