Imposer une paix durable en Irak
Faire des pronostics sur ce qui attend l'Irak [dans les mois qui viennent] revient à s'aventurer dans un palais des glaces. La réalité est déformée, la vision troublée et si l'on prend le mauvais couloir on risque de s'écraser contre une paroi de verre. Depuis 2003 [et l'invasion américaine du pays], rares sont les prévisions faites en début d'année qui se sont révélées exactes. Il en sera probablement de même pour 2019. Trop de variables, d'acteurs extérieurs et de facteurs échappent à tout contrôle pour que l'on se risque à jouer au devin (...). Un an après que le groupe de Daech a été pratiquement vaincu en Irak, le pays continue de souffrir de violences ponctuelles perpétrées par les derniers combattants de l'organisation et de ses sympathisants. L'exaspération de la population, en proie à des difficultés quotidiennes persistantes, a également provoqué de violentes émeutes dans le Sud {et notamment dans la ville de Bassora, à l'été 2018]. Car 16 ans après la guerre de "libération", les Irakiens ont certes gagné une certaine démocratie, mais ils continuent de manquer de services de base tels que l'eau potable, l'électricité et des soins de santé corrects, ainsi que des perspectives d'emplois. Daech a peut-être été vaincu, mais cela ne met pas de la nourriture dans les assiettes, ni de l'eau propre dans les puits, ni un toit sur sur la tête des gens.
Tonya Goudsouzian, "Après Daech, qu'est-ce qui attend l'Irak", Courrier International, 8 mars 2019