Dubaï est communément connue pour ses projets architecturaux qui semblent d’un point de vue extérieur relever du délire : des archipels artificiels à l’effigie du planisphère, des tours s'élevant dans le ciel à une hauteur d’un kilomètre (…). Par ces structures hors du commun, les Émirats arabes unis expriment leur désir d'importer le monde au sein de la ville
Les activités se retrouvent alors tournées vers l'extérieur, vers l'accueil de touristes et de capitaux étrangers pour assurer l'attractivité de la ville, au point que 50% du PIB de Dubaï se retrouve aujourd'hui être le fruit des activités touristiques additionnées aux services financiers et au commerce international, contre seulement 30% pour le pétrole. Cette ouverture apporte à la ville la reconnaissance mondiale qu'elle recherchait. Pour autant (…), la situation économique de la ville se retrouve pieds et poings liés à la situation mondiale (…). Par ses complexes portuaires et aéroportuaires parmi les plus importants au monde, elle se suspend de manière délibérée au sort des cours mondiaux (…). La dernière crise économique qui secoua le monde financier fit basculer le prix de l'immobilier de la ville qui perd 40% entre août 2008 et août 2009. Le danger apparaît alors pour Denis Retaillé dans le fait que « comme ses îles, Dubaï est artificiel alors que le monde, lui, ne l'est pas ».
Dubaï cache en effet derrière cette image d'une ville mondialisée et mondialisante une face cachée moins reluisante : la population, qui se retrouve parfois dans des cas d’illégalité, doit se cantonner à des quartiers, victime de ségrégation et s'occupant très souvent des petits travaux de construction. A force de tourner ses attentions vers l'extérieur, Dubaï en aurait-t-elle négligé sa population ? (…). Le développement de la ville se réalise de manière séparée : aucune passerelle sociale n'est pensée. Les mondes sociaux semblent voués à vivre séparément (…). La mondialisation à marche forcée de Dubaï, avec la création de ses structures atypiques, tend à créer des non-lieux de la mondialisation : dans ses délires architecturaux, tout est réalisable, tout sauf le fait d'y vivre.
Compte rendu de l'ouvrage de Denis Retaillé (Les lieux de la mondialisation, Le Cavalier bleu, 2 012) par Marie Roussie, Les Clionautes, 2 013
Dubaï : les stratégies d'une métropole
En à peine 3 décennies, Dubaï s'est (…) transformée en une ville opulente, mondialisée, au cœur du commerce régional, [d'abord grâce au développement de hub portuaire et/ou aéroportuaire (…)].
Ensuite, elle se réalise par la fabrication d'une image qui a fait de la cité-Émirats une destination touristique majeure (…).
En faisant le choix de secteurs stratégiques, tels le commerce et le tourisme, Dubaï est parvenue à s'inscrire durablement dans la mondialisation.t en l'espace d'une quinzaine d'années, la ville-Emirat est ainsi devenue une plaque tournante du commerce mondial et régional grâce à son gigantesque port de Djebel Ali (…).
Près de 16 millions de touristes ont visité Dubaï en 2017, les autorités locales espèrent atteindre 20 millions à l'horizon 2020.
Frank Tétart, « Émirats arabes unis. Dubaï, l'espace mondialisé par excellence ? », diploweb.com, 27 mai 2018
Dubaï, 1er hub portuaire et aéroportuaire
Ce port fait partie depuis 2010 des 10 premiers ports à conteneurs du monde, se hissant au 9ème rang mondial en 2015 (…) devant Rotterdam, premier port européen (…). Le port de Dubaï a su tirer parti du basculement asiatique du commerce maritime mondial qui s'opère depuis la fin des années 90, en jouant de sa position stratégique entre l'Europe et l'Asie, au cœur de la péninsule arabique (…). C'est d'ailleurs le seul port non situé en Asie orientale parmi les 10 premiers mondiaux. Le port de Djebel Ali [nom du port de Dubaï] est une plateforme logistique multimodale, un hub de commerce, qui tire sa richesse de la réexportation de produits importés d'Europe et d'Asie vers ses partenaires traditionnels du Golfe, l'Iran et la corne de l'Afrique, ainsi que l'Asie centrale enclavée (…).
L'émergence d’espaces mondialisés passe aussi par leur intégration dans des réseaux mondiaux : (…) celui des lignes aériennes qui tissent une toile mondiale mettant en relation les territoires les plus mondialisés (…). Grâce à sa compagnie nationale Emirates (…), Dubaï a bâti au cours des 30 dernières années un réseau mondial, qui dessert en 2017 quelque 150 destinations sur les 5 continents. La dynamique de ce réseau en constante expansion a permis à la cité-Emirat de devenir une plateforme aérienne, un hub entre l'Europe, l'Afrique, l'Asie et l'Océanie. Elle s'appuie sur l'aéroport international de Dubaï qui accueille plus de 145 compagnies aériennes et dessert plus de 260 destinations (…). Il ambitionne d'accueillir 90 millions de passagers en 2020.
Frank Tétart, « Émirats arabes unis. Dubaï, l'espace mondialisé par excellence ? », diploweb.com, 27 mai 2018