La présence de la Chine en Afrique
« Si, à la différence de la Russie, la Chine n’envoie pas de mercenaires en Afrique et si elle évite de se trouver militairement impliquée dans des conflits locaux, elle a de nombreux accords de coopération avec la plupart des pays africains à qui elle vend du matériel militaire et technologique. Principaux axes d’intervention : le maintien de la paix, l’antiterrorisme, la lutte contre la piraterie, l’aide humanitaire et la formation militaire. Autant de domaines désormais intégrés aux “nouvelles routes de la soie”, le grand programme d’investissements internationaux lancé en 2013 par Xi Jinping. Que l’Afrique soit l’une des priorités de la diplomatie chinoise ne fait aucun doute. Depuis 1991, c’est systématiquement en Afrique que les ministres des Affaires étrangères chinois effectuent, chaque mois de janvier, leur premier voyage de l’année. “La nouvelle hégémonie de la Chine en Afrique ne repose pas tant sur sa puissance militaire que sur le développement de relations économiques asymétriques, en particulier sur des projets d’infrastructures fondés sur des prêts, ainsi que sur un activisme diplomatique, idéologique et culturel incomparable”, juge Jean-Pierre Cabestan, chercheur à l’Asia Centre. Présente au Niger, où elle exploite une mini raffinerie et où elle est en train de construire un oléoduc de 2 000 kilomètres, dont le coût se chiffrerait à 4 milliards d’euros environ, et qui doit permettre d’exporter le pétrole en passant par le Bénin, la Chine ne voit pas forcément d’un bon œil le coup d’État opéré par les militaires fin juillet. En avril 2023, elle avait annoncé sa volonté de construire un “parc industriel” au Niger, notamment pour y développer la transformation de produits agricoles.»
Frédéric Lemaître, « La Chine reste très prudente face aux coups d’État en Afrique », Le Monde, 1er septembre 2023