La République face aux crises
HISTOIRE - THEME 3
La Troisième République : un régime, un empire colonial
Le document iconographique à analyser
 

Hostilité d'un député catholique envers la séparation

Albert de Mun est l'un des principaux opposants à la loi de séparation lors des débats à la Chambre des députés.

La loi de séparation en rompant violemment les liens [entre] la France et l'Eglise catholique a bouleversé toutes les conditions de notre vie religieuse ; sous l'inspiration d'hommes qui, à l'exemple de Bismarck (1), haïssent l'Eglise, elle a prétendu l'enfermer dans un régime nouveau, fondé sur la spoliation, où la liberté du culte, la propriété des biens paroissiaux sont soumises à la surveillance administrative la plus étroite et la plus jalouse : ce régime (…) contraire à toutes les traditions, elle l'a décrété sans prendre l'avis du pape, sans consulter les évêques (…). Eh bien ! Nous voulons qu'ils le comprennent : nous voulons que, renouant les relations de la nation avec le Saint-Siège, ils se mettent d'accord avec lui sur l'organisation de l'Eglise de France (…). D'autres lois humaines forgées par de plus redoutables mains que celles même de M Clemenceau (2) et de M Briand, sont tombées en morceaux devant le refus des consciences.

Albert de Mun, Combats d'hier et d'aujourd'hui. Contre la séparation. De la rupture à la condamnation, 1906

(1) Le chancelier allemand Otto von Bismarck avait mené un Kulturkampf pour ôter à l'Eglise l'état civil et l'enseignement dans les États catholiques du Sud du Reich

(2) Le radical et très anticlérical Georges Clemenceau est alors président du Conseil
4ème La séparation de l'Eglise et de l'Etat
Original link

La mission de l'école laïque selon un instituteur

Nous allons faire apprendre à nos enfants la proclamation qui ouvrit en France le règne de la Liberté et de l'Egalité (…). Ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire, nous autre, à l'école laïque nous n'imposons pas notre manière de voir ; nous ne disons pas « Croyez-nous sur parole », sans fournir de preuve ; non, nous disons : « Recherchons ensemble la vérité et (…) n'accordons notre confiance qu'à ce que nous comprenons parfaitement (…) ». En même temps que nous leur indiquerons leurs devoirs, nous leur ferons également connaitre leurs droits et nous leur apprendrons de qui ils les tiennent. Ce qui nous importe surtout, c'est de faire une génération (…), qui comprenne son devoir et qui l'accomplisse parce que c'est le devoir et non par crainte d'un châtiment ou par l'appât d'une récompense. Pour cela nous avons à notre service l'histoire et la morale. La tâche est dure et ingrate car nous avons à côté de nous des adversaires qui ne désarment pas, qui nous harcèlent par tous les moyens possibles.

Conférence d'un instituteur du Loir-et-Cher entre 1899 et 1910