La République face aux crises
HISTOIRE - THEME 3
La Troisième République : un régime, un empire colonial
Mise en activité : Travail de groupe
Objectif : Comprendre comment les Républicains parviennent à enraciner le sentiment républicain auprès des Français
Méthodes et capacités : Savoir lire, comprendre et analyser un document iconographique / S’approprier un questionnement historique / Justifier des choix et une interprétation
Déroulement :
  • En amont de la séance, prise de connaissances des documents qui composent votre corpus (prise de notes)
  • En classe : Analyse du document iconographique selon la méthode suivante : Présentation - Description - Interprétation
Tache finale :
Réalisation d'une affiche composée de 2 parties :
  • 1ère partie : le document iconographique analysé (par un système de fléchage)
  • 2ème partie : une petite note de synthèse permettant de mettre en perspective le document travaillé

Le départ du général Boulanger

Eliminé du gouvernement mai 1887, le général Boulanger est muté à Clermont-Ferrand. Le jour de son départ, la foule tente de retenir le général « revanche » et crie à la conspiration.

Aux abords de la gare de Lyon, des camelots vendent pour deux sous des pièces de 5 francs à l'effigie du général, des décorations à son image (…). Il est 8 h quand l'ancien ministre, en civil avec chapeau noir, arrive à la gare (…). Non contente de répéter incessamment « Vive Boulanger ! », la foule entoure la voiture de l'ancien ministre et veut dételer les chevaux (…). Sur le quai (…) se précipite, se bouscule une cohue inouïe, une gigantesque trombe humaine, qui suit son héros, le pousse, l'empêche de monter dans le train en partance (…). Il y a là un monde très mêlé, un tiers de bourgeois, un tiers d'ouvriers, un tiers de gamins (…). Tout cela crie la plupart du temps : « Vive Boulanger ! Il reviendra ! Partira pas ! » (…). Il y a peut-être 3 000 personnes devant la locomotive (…). On escalade la locomotive sur laquelle on colle tous les portraits, toutes les chansons qu'on vend dans la rue dans les espaces libres, on écrit à la craie : « A bas Grévy ! Mort au ministère ! Démission ! Vive Boulanger ! Il reviendra ! » (…). Le général est bousculé, secoué (…). Il monte, (…) le sifflet retentit.

« Arrêtons le train ! À Paris ! Il ne partira pas ! »

Et cent personnes, on ne sait comment, grimpent sur la locomotive (…). La locomotive tout doucement est déjà en marche (…). La locomotive est partie (…). Il est 09h40.

Charles Chincholle, Le général Boulanger, 1889

Le programme boulangiste

Triomphalement élu député de plusieurs circonscriptions lors d'élections législatives partielles en avril 1888, Boulanger expose son programme politique à la Chambre des députés.

J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de la Chambre des députés une proposition de résolution tendant à la révision des lois constitutionnelles (…). Tiraillée par les partis, compromise par des querelles misérables, elle [la République] appelle un régime nouveau (…). L'Eglise opportuniste (1) (…) a à peu près détenu le pouvoir pendant 12 ans. Ce parti a toujours considéré la République comme son bien [et] a réduit la République à n'être que le gouvernement d'un groupe (…). Les élections de l’Aisne, de la Dordogne et du Nord n'ont point d'autre cause, bien qu'il s'y mêle un sentiment patriotique que je suis fier d'avoir provoqué (…). La responsabilité des ministres devant la chambre équivaut à l'absorption du pouvoir exécutif par le pouvoir législatif et l'avilissement du premier. Afin de soustraire le pays à cette fatalité des crises ministérielles (…), les fonctions ministérielles seront incompatibles avec les mandats électifs, et les ministres, tenus hors du Parlement seront individuellement responsables devant le chef de l'État [qui] doit avoir le droit de s'opposer à la promulgation des lois dues à l'initiative parlementaire (…). Je verrai sans inconvénient disparaître le Sénat, qui ne représente rien et ne sert à rien.

Extraits du débat à la Chambre des députés, 4 juin 1888

(1) Fait référence aux républicains partisan des réformes progressives au pouvoir en France depuis 1879 et dirigés par Léon Gambetta puis Jules Ferry

Chronologie de la crise boulangiste

  • 1885: suite au contexte économique dégradé et au krach boursier de 1882, poussée monarchiste à la chambre dont la majorité reste républicaine. Instabilité ministérielle.
  • 1886: nommé ministre de la Guerre. Réformateur populaire, il réduit le service militaire de 5 ans à 2 ans et annule les exemptions à la conscription.
  • 1887 : lescandale des décorations éclabousse les républicains. Boulanger accroit sa popularité par sa détermination à prendre une revanche vis-à-vis de l'Allemagne.
  • Avr. Enlèvement à la frontière du commissaire Schnaebelé chargé d’espionner l’Allemagne. Méfiants vis-à-vis de l’attitude de Boulanger, les députés républicains fonttomber le gouvernement auquel il appartient.
  • 1888: mars. Mis à la retraite, Boulanger se lance en politique, rassemble les antiparlementaires de tous bords (monarchistes, bonapartistes nationalistes.) contre la République considérée comme un régime d'incapacité et de corruption. Il réclame une révision de la Constitution
  • 1889: janv. Elu député de Paris. Il refuse l'appel de ses partisans pour tenter un coup d'Etat.
  • Avr. Accusé de complot contre la sûreté de l’Etat, sous le coup d’un mandat d’arrêt du ministre d l’Intérieur et ayant perdu son immunité parlementaire par décision de la chambre, Boulanger doit s’enfuir en Belgique.
  • 1891 : Sept. Discrédité, il se suicide à Bruxelles sur la tombe de sa maîtresse. Le mouvement boulangiste retombe.

La défense de la République face aux boulangistes

Vous avez raillé le Parlement ! Il est étrange, pour vous, que 580 hommes se permettent de discuter des plus hautes idées qui ont cours dans l'humanité et ne résolvent pas d'un seul coup tous les problèmes économiques et sociaux qui se sont posés devant les hommes. Comment ? Les plus grands esprits, tous ceux qui chez tous les peuples honorent l'humanité ont médité sur ces choses : ils sont divisés parce que la recherche est longue, parce que la vérité se dérobe et voici que, par un phénomène qui vous surprend, ces 500 hommes qui sont ici ne s'accordent sont pas sans discussion. Eh bien, puisqu'il faut le dire, ces discussions sur notre honneur à tous. Elles prouvent surtout notre ardeur à défendre les idées que nous croyons juste et fécondes. Ces discussions ont leurs inconvénients, le silence en a davantage encore.

Oui ! Gloire aux pays où l'on parle, honte aux pays où l'on se tait. Si c'est le régime de discussion que vous croyez flétrir sous le nom de parlementarisme, sachez-le, c'est le régime représentatif lui-même, c'est la République sur qui vous osez porter la main.

Georges Clemenceau, Intervention à la Chambre des députés, le 4 juin 1885
Le document iconographique à analyser
 
La note de synthèse à écrire :
En vous appuyant sur le document iconographique, vous expliquez dans votre note de synthèse les causes, les formes et les conséquences de la crise Boulanger