Le départ du général Boulanger
Eliminé du gouvernement mai 1887, le général Boulanger est muté à Clermont-Ferrand. Le jour de son départ, la foule tente de retenir le général « revanche » et crie à la conspiration.
Aux abords de la gare de Lyon, des camelots vendent pour deux sous des pièces de 5 francs à l'effigie du général, des décorations à son image (…). Il est 8 h quand l'ancien ministre, en civil avec chapeau noir, arrive à la gare (…). Non contente de répéter incessamment « Vive Boulanger ! », la foule entoure la voiture de l'ancien ministre et veut dételer les chevaux (…). Sur le quai (…) se précipite, se bouscule une cohue inouïe, une gigantesque trombe humaine, qui suit son héros, le pousse, l'empêche de monter dans le train en partance (…). Il y a là un monde très mêlé, un tiers de bourgeois, un tiers d'ouvriers, un tiers de gamins (…). Tout cela crie la plupart du temps : « Vive Boulanger ! Il reviendra ! Partira pas ! » (…). Il y a peut-être 3 000 personnes devant la locomotive (…). On escalade la locomotive sur laquelle on colle tous les portraits, toutes les chansons qu'on vend dans la rue dans les espaces libres, on écrit à la craie : « A bas Grévy ! Mort au ministère ! Démission ! Vive Boulanger ! Il reviendra ! » (…). Le général est bousculé, secoué (…). Il monte, (…) le sifflet retentit.
« Arrêtons le train ! À Paris ! Il ne partira pas ! »
Et cent personnes, on ne sait comment, grimpent sur la locomotive (…). La locomotive tout doucement est déjà en marche (…). La locomotive est partie (…). Il est 09h40.
Charles Chincholle, Le général Boulanger, 1889
Le programme boulangiste
Triomphalement élu député de plusieurs circonscriptions lors d'élections législatives partielles en avril 1888, Boulanger expose son programme politique à la Chambre des députés.
Extraits du débat à la Chambre des députés, 4 juin 1888
(1) Fait référence aux républicains partisan des réformes progressives au pouvoir en France depuis 1879 et dirigés par Léon Gambetta puis Jules Ferry
Chronologie de la crise boulangiste
La défense de la République face aux boulangistes
Oui ! Gloire aux pays où l'on parle, honte aux pays où l'on se tait. Si c'est le régime de discussion que vous croyez flétrir sous le nom de parlementarisme, sachez-le, c'est le régime représentatif lui-même, c'est la République sur qui vous osez porter la main.