THEME 1: TOTALITARISMES ET SECONDE GUERRE MONDIALE
Question obligatoire : L’affirmation des totalitarismes et la guerre
Sujet d’étude : La guerre d’anéantissement à l’Est et le génocide des Juifs
Les difficultés du ravitaillement
Lucie Aubrac, grande figure de la Résistance française.
Il fallait aller travailler pour gagner sa vie, faire d’interminables queues pour avoir à manger avec les tickets de la carte d’alimentation : 200 grammes de pain par jour, pour les enfants un quart de lait écrémé ; les bonnes semaines, un kilo de pommes de terre, 100 grammes de margarine ou du saucisson, un peu de viande ou de poisson, un œuf ! Une fois, j’ai acheté un corbeau en vente libre : immangeable ! On avait toujours faim. Avec de l’argent, il était possible d’acheter au marché noir, mais seuls les riches le pouvaient. Si on connaissait des fermiers, si on avait des parents à la campagne, on allait chercher quelques œufs, un peu de beurre et du lard, mais sur les routes et dans les gares, les contrôleurs des services économiques faisaient ouvrir les valises et confisquaient tout.
Lucie Aubrac, La Résistance expliquée à mes petits-enfants, le Seuil, 2000
Les réactions de l’opinion publique face aux difficultés du quotidien
Pendant le mois de janvier 1942, (…) le problème du ravitaillement (…) a pris (…) une grande importance, même dans les départements qui, jusqu’ici, avaient été relativement favorisés. Arrachages impossibles dans un sol gelé, chemins et routes impraticables par suite des neiges (…) ont aggravé le problème du ravitaillement (…). Les aliments de remplacement – pâtes, légumes secs, conserves – qui permettaient autrefois de faire la soudure, n‘existent plus en quantités suffisantes ; aussi, dans les départements particulièrement défavorisés au point de vue de la production locale, le brusque arrêt des arrivages a eu des conséquences vraiment graves.
Un mécontentement certain commence à percer. Il se traduit de deux façons : soit par des manifestations qui se sont produites dans un certain nombre de départements, mais qui revêtent encore dans l’ensemble peu d’ampleur ; soit par un état d’esprit qui se manifeste par une certaine surexcitation qui, pour l’instant, ne déborde pas du cadre des critiques, mais qui pourrait évidemment se traduire en manifestations plus importantes si la situation ne s’améliorait pas.
Il existe incontestablement, à l’heure actuelle, un mécontentement général et profond qu’il serait vain de méconnaitre, qui se traduit par des propos violents à l’égard des services du ravitaillement et de certains membres du gouvernement. Par contre, la personne du Maréchal toujours respectée et vénérée reste en dehors des critiques, mais on a tendance de plus en plus à déclarer que ses ordres sont mal exécutés s’ils ne sont pas volontairement déformés.
Archives départementales de l’Allier, synthèse des rapports des préfets de la zone libre pour le mois de janvier 1942
Une population sous la menace
Cet avis est publié et diffusé par la préfecture de la Haute-Vienne le 19 avril 1944
Le commandant des troupes allemandes a notifié pour être porté à la connaissance de la population l’avis suivant :
Dans ces derniers jours, les attaques des terroristes contre la population paisible, les embuscades contre les troupes allemandes se sont renouvelées. Chaque citoyen français doit savoir qu’il risque sa vie, sa demeure, ses biens s’il participe à ces attaques ou s’il aide les terroristes de manière quelconque.
Si, en n’importe quel point, des terroristes ou d’autres individus sont vus et si, dans ce cas, avis n’est pas donné aussitôt aux autorités françaises ou aux troupes allemandes les plus voisines, la population doit s’attendre à des mesures de répression.
Les maisons d’où auront été tirés les coups de feu seront incendiées.
Les appels, les proclamations, les tracts des terroristes, de FTP (1), doivent être livrés aussitôt aux autorités françaises ou allemandes les plus proches.
Toutes indications susceptibles de contribuer à l’arrestation de terroristes donneront lieu à des récompenses.
1. Francs-Tireurs et Partisans français (FTP) : organisation militaire de résistance, proche du PCF, créée en 1942