La France en guerre

THEME 1: TOTALITARISMES ET SECONDE GUERRE MONDIALE

Question obligatoire : L’affirmation des totalitarismes et la guerre

Sujet d’étude : La guerre d’anéantissement à l’Est et le génocide des Juifs

Pétain entre dans la collaboration

Français,

J’ai rencontré, jeudi dernier, le chancelier du Reich. Cette rencontre a suscité des espérances et provoqué des inquiétudes (…). C’est librement que je me suis rendu à l’invitation du Führer (…). C’est dans l’honneur et pour maintenir l’unité française – une unité de dix siècles – dans le cadre d’une activité constructive du nouvel ordre européen que j’entre aujourd’hui dans la voie de la collaboration.

Ainsi, dans un avenir prochain pourrait être allégé le poids des souffrances de notre pays, amélioré le sort de nos prisonniers, atténuée la charge des frais d’occupation. Ainsi, pourrait être assouplie la ligne de démarcation et facilités l’administration et le ravitaillement du territoire. Cette collaboration doit être sincère (…). L’armistice au demeurant n’est pas la paix. La France est tenue par des obligations nombreuses vis-à-vis du vainqueur. Du moins reste-t-elle souveraine. Cette souveraineté lui impose de défendre son sol, d’éteindre les divergences de l’opinion, de réduire les dissidences de ses colonies.

Cette politique est la mienne. Les ministres ne sont responsables que devant moi. C’est moi seul que l’Histoire jugera.

Je vous ai tenu jusqu’ici le langage d’un père. Je vous tiens aujourd’hui le langage du chef.

Suivez-moi. Gardez confiance en la France éternelle.

Message radiodiffusé du maréchal Pétain, 30 octobre 1940

Une nouvelle vision de la France en Europe

Ma présence au gouvernement a une signification qui n’échappe à personne, ni en France, ni à l’étranger. J’ai la volonté de rétablir avec l’Allemagne et avec l’Italie des relations normales et confiantes (…). De cette guerre surgira inévitablement une nouvelle Europe (…). Pour moi, Français, je voudrais que demain nous puissions aimer une Europe dans laquelle la France aura une place qui sera digne d’elle. Pour construire cette Europe, l’Allemagne est en train de livrer des combats gigantesques. Elle doit, avec d’autres, consentir d’immenses sacrifices. Elle ne ménage pas le sang de sa jeunesse. Pour la jeter dans la bataille, elle va la chercher dans les usines et aux champs. Je souhaite la victoire de l’Allemagne, parce que, sans elle, le bolchevisme, demain, s’installerait partout (…). Ainsi donc, comme je vous le disais le 20 avril dernier, nous voilà placés devant cette alternative : ou bien nous intégrer, notre honneur et nos intérêts vitaux étant respectés, dans une Europe nouvelle et pacifiée, ou bien nous résigner à voir disparaitre notre civilisation (…). Je ne peux rien faire sans vous. Nul ne saurait sauver une nation inerte ou rétive. Seule l’adhésion du pays peut faire d’une politique sensée une politique féconde.

Pierre Laval, chef du Gouvernement de 1942 à 1944, discours du 22 juin 1942

Une collaboration d'Etat
Source : D’après M.O. Baruch, Le Régime de Vichy, 2017 et J.P. Azéma, Nouvelle histoire de la France contemporaine, tome 14, 1975
 

La collaboration à la « solution finale »

A l’Office Central de Sécurité du Reich (1) à Berlin

Objet : Evacuation des Juifs de France

Les négociations avec le gouvernement français ont donné entre-temps les résultats suivants :

L’ensemble des Juifs de France apatrides (2) de zone occupée et de la zone non occupée seront tenus prêts à notre disposition en vue de leur déportation.

Le président Laval (3) a proposé que, lors de la déportation des familles juives de la zone non occupée, les enfants de moins de 16 ans soient emmenés aussi. Quant aux enfants juifs qui resteraient en zone occupée, la question ne l’intéresse pas. Je demande donc une décision urgente par télégramme pour savoir si, par exemple, à partir du quinzième convoi de Juifs partant de la France, nous pouvons inclure également des enfants de moins de 16 ans.

Pour finir, je fais remarquer qu’à ce jour, nous n’avons pu aborder que la question des Juifs apatrides ou étrangers pour faire du moins démarrer l’action. Dans la seconde phase, nous passerons aux Juifs naturalisés après 1919 ou 1927 en France

Signé : Dannecker (4), SS

Théodor Dannecker, extrait d’un télégramme daté du 6juillet 1942

1. Organisme nazi en charge de la planification de la déportation et de l’extermination des Juifs d’Europe dans les centres de mise à mort

2. Se rapporte ici aux étrangers

3. Chef du gouvernement nommé par Pétain en avril 1942 sous la pression des Allemands

4. Chef du Service des Affaires juives de la Gestapo à Paris

Le document iconographique sur lequel il faut zoomer
Affiche de propagande de l’Office de repartition de l’affichage (ORAFF) en faveur du travail en Allemagne, 1943