L'inégale intégration des territoires dans la mondialisation
THEME 2 :
L'INEGALE INTEGRATION DES TERRITOIRES DANS LA MONDIALISATION

Question obligatoire ;
Des dynamiques territoriales contrastées au sein de la mondialisation
La frontière comme interface
Interface : zone de contact entre deux espaces différenciés engendrant des dynamiques d'échange entre ces deux espaces. L'interface est une bande plus ou moins large (de quelques dizaines à quelques centaines de kilomètres), de discontinuité mais aussi de contact et/ou de confrontation entre deux espaces, deux systèmes territoriaux distincts. L'interface suppose le passage : une frontière totalement fermée n'est pas une interface. L'interface est irriguée, à des degrés variables, par des flux, plus ou moins intenses. Activités, infrastructures et équipements correspondants y sont souvent localisés.
Géoconfluences, ENS Lyon.
Une inégale intégration dans la mondialisation
 
Les principales façades maritimes mondiales

 
L'intégration régionale s'entend comme la réalisation d'accords de coopération volontaire, entre pays proches géographiquement, pour constituer des ensembles régionaux plus ou moins unifiés, comme l'Union européenne, l'Aléna (1), le Marcosur (2) ou l'Asean (3). Le contexte de la mondialisation renforce cette tendance puisqu'elle favorise l'accroissement des échanges. Cela suppose une modification de la perception des Etats voisins, en passant de la méfiance voire l'affrontement, à la coopération (...).
Les frontières nationales, par l'ouverture, changent de fonction, au moin en des lieux d'échanges frontaliers spécifiques. Elles n'ont plus l'unique fonction de limites de l'intégrité territoriale nationale, de limites fermées, de barrières (...). Permettre la fluidité des circulations de marchandises, c'est assurer la continuité territoriale des échanges, effacer les frontières (...). Les aménagements [de transports] sont désormais envisagés dans le cadre d'entités supranationales qui se sont constituées partout dans le monde.
N. Barlesque (dir.), La Mondialisation contemporaine - Rapports de forces et enjeux, Nathan, 2017
(1) Accord de libre-échange nord-américain : zone de libre-échange entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique
(2) Marché commun du Sud : communauté économique regroupant plusieurs Etats d'Amérique du Sud : Argentine, Brésiln Paraguay, Uruguay, Venezuela (suspendu) et associant d'autres Etats du continent sud-américain (Bolivie, Chili entre autres)
(3) Association des nations de l'Asie du Sud-Est : organisation politique, économique et culturelle regroupant 10 pays d'Asie du Sud-est
Le port d’Incheon et sa zone industrielle et portuaire, dans l’agglomération de Séoul en Corée du Sud
 
Rotterdam, le port de l'Union européenne ?
 
Le triangle de SiJoRi (Singapour, Johor, Riau), un espace transfrontalier en croissance
 
Le port de Singapour, interface avec le monde
Le port de Singapour est le deuxième port de conteneurs mondial. Ses infrastructures et ses services logistiques en font une escale majeure sur la principale route maritime mondiale. C'est aussi l'interface majeure de la région et plus particulièrement du triangle de SiJoRi.
 
La frontière Etats-Unis/Mexique à Mexicali/Calexico
Dans le cadre de l'ALENA, le Mexique est devenu avec la Chine puis le Canada un des principaux fournisseurs des Etats-Unis. Le terme même de Mexicali juxtapose les termes Mexique/Californie alors que celui de Calexico juxtapose les termes Californie/Mexico. Ce système de "villes-jumelles" (twin-cities) se développant de chaque côté de la frontière n'est pas propre à l'Amérique du Nord ; il est même assez général dans le monde (cf. Strasbourg/Kehl en Alsace sur le Rhin) du fait à la fois de la rupture introduite (arrêt aux postes frontaliers...) et des liens d'interaction existants entre les deux espaces.
Du côté des Etats-Unis, Calexico est une ville pionnière des marges frontalières portée par le développement agricole et les échanges frontaliers. Une très large partie de la population [40 000 habitants] est d'origine latino-américaine (97%). C'est un des taux les plus élevés aux Etats-Unis.
Du côté mexicain, Mexicali est peuplée d'1,1 million d'habitants. Le boom du coton des années 1950-1960 a fait place à une large réorientation des productions agricoles vers les légumes (asperges, brocolis, carottes...). Une très large partie est exportée vers le marché étatsunien voisin.
Le long de l'axe qui coupe l'agglomération de Mexicali en 2 jusqu'au poste frontière et vers le sud-est se trouvent les industries maquiladoras dont la présence est directement liée aux accords passés entre les Etats-Unis et le Mexique dans le cadre d'une division intra-continentale du travail. Ces activités importent sans douane, des Etats-Unis et du monde entier, et sans droit des composants et des pièces détachées. Ceux-ci sont ensuite montés dans ces usines qui produisent donc des sous-ensembles ou des produits finis qui sont ensuite réimportés aux Etats-Unis. Au total, le rôle économique et social des industries maquiladoras est très important avec 66 500 salariés à Mexicali. La répartition des tâches entre deux pays se concrétise par la construction d'usines-jumelles (twin-plants) à cheval sur la frontière, la partie étatsunienne assurant la fonction de gestion, de recherche-innovation et d'encadrement ; la partie mexicaine les fonctions de productions banales.
D'après L. Carroué, "La frontière Etats-Unis-Mexique à Mexicali/Calixico : mur, villes-jumelles, maquiladoras, cartels et drogue", CNRS, 2019
Un espace frontalier paradoxal : la frontière Etats-Unis/Mexique
Fermée et très traversée, la frontière américano-mexicaine est un territoire d'hyper activité humaine, où chaque année au moins 500 personnes perdent la vie en tentant clandestinement le passage (donnée ONU).