D’après WWF, Hydropower in the Alps, 2017.
Tout a commencé en 2010, aux États-Unis. À l’époque déjà, des passionnés de montagne s’inquiétaient de l’impact des activités humaines sur le plus haut sommet nord-américain, le Denali, en Alaska. Huit ans plus tard, après une rencontre dans le Colorado en 2014 et en Nouvelle-Zélande en 2016, la 4e conférence sur l’avenir des hautes montagnes s’ouvre aujourd’hui à Chamonix, au pied du mont Blanc. Durant trois jours, scientifiques, alpinistes, associations, gestionnaires de site et entreprises vont s’y retrouver pour célébrer ces espaces fascinants, mais surtout chercher des solutions aux défis qui les unissent.
Le mont Blanc, toit de l’Europe occidentale (à plus de 4 800 m), en est le symbole. « Il concentre à lui seul la plupart des enjeux qui touchent aujourd’hui les points culminants du monde », souligne Olivier Moret, le secrétaire général de la Fondation Petzl, qui organise la conférence. Et pourtant, déplore le WWF, « c’est le seul point culminant d’un continent sans préservation écologique fiable et coordonnée », alors même que les pressions sont multiples. D’abord, la fréquentation. Selon l’ONG, le massif, qui s’étale sur trois pays – la France, la Suisse et l’Italie – est le troisième site naturel le plus visité au monde. Six millions de personnes s’y rendent chaque année (jusqu’à 100 000 par jour !). En outre, avec la démocratisation de l’alpinisme, le sommet lui-même est pris d’assaut par 25 000 à 30 000 personnes par an, selon l’office du tourisme de Chamonix (même si le décompte reste approximatif compte tenu des nombreuses voies d’accès).
« Cette pression touristique concerne un nombre croissant de hauts sommets, à commencer par l’Everest, dont le camp de base accueille plusieurs milliers de personnes chaque année », fait observer Olivier Moret. Avec tout ce que cela implique en termes d’équipements, de dégradation des milieux, de pollution, etc. Autre défi majeur, le réchauffement climatique. Les glaciers alpins ont perdu entre 20 et 30 % de leur volume depuis 1980, rappelle le WWF, qui prend l’exemple de la mer de Glace, dans le massif du Mont-Blanc, qui « perd en moyenne chaque année 4 à 6 mètres d’épaisseur et une trentaine de mètres de longueur ».
« On ne cesse d’ajouter des échelles pour accéder au glacier qui recule ; le risque serait de vouloir construire un téléphérique de plus », remarque Jean-Christophe Poupet, responsable du programme Alpes de l’ONG. D’une manière générale, ce dernier estime qu’il y aura à réinventer le tourisme dans le massif, notamment dans les stations de moyenne altitude, « car l’enneigement artificiel doit rester très raisonné », poursuit ce dernier.
Ces réflexions, qui là encore concernent un grand nombre de massifs, seront au cœur de la conférence. Mais aussi de la candidature du massif du Mont-Blanc au patrimoine mondial de l’Unesco – qui n’en est qu’à ses balbutiements. Le 24 octobre 2017, les collectivités locales et les trois pays concernés ont signé une « déclaration d’intention » lançant la démarche, qui prendra plusieurs années. « L’intérêt, c’est qu’une telle candidature implique un plan de gestion ambitieux, avec des mesures de protection des milieux, de régulation de la fréquentation, etc. », note encore Jean-Christophe Poupet, au WWF, qui précise : « Il ne s’agit pas seulement d’être dans la contrainte, mais de repenser la montagne. Tout le monde a compris que c’était indispensable. »
Ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales