Exposition 4 :
La gouvernance mondiale à l'épreuve des crises
THEME 3 :
LA GOUVERNANCE MONDIALE DANS UN MONDE MULTIPOLAIRE

Chapitre 7 :
Nouveaux rapports de puissance et enjeux mondiaux
Jean Jouzel - Le réchauffement climatique - Les Experts du Dessous des cartes | ARTE
Parviendrons-nous à limiter les effets du réchauffement ? Le réchauffement, c’est maintenant ?Jean Jouzel, le climatologue vice-président du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) nous explique pourquoi il nous reste dix ans pour agir et nous donne des raisons d’espérer (ou de désespérer ?).
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Une lycéenne suédoise dénonce l’inaction des dirigeants

Depuis 25 ans, d’innombrables personnes ont pris la parole devant les conférences des Nations unies sur le climat pour demander aux dirigeants de nos pays de mettre fin aux émissions. Mais, de toute évidence, cela n’a pas marché puisque les émissions continuent d’augmenter. [...] Je demande [...] aux gens du monde entier de se rendre compte que nos dirigeants politiques nous ont laissés tomber. [...] Personne n’évoque jamais la question de l’équité clairement énoncée dans l’ensemble de l’accord de Paris, ce qui est absolument nécessaire pour le faire fonctionner à l’échelle mondiale. Cela signifie que les pays riches comme le mien doivent réduire leurs émissions à zéro d’ici 6 à 12 ans, à la vitesse actuelle, afin que les habitants des pays pauvres puissent améliorer leur niveau de vie en construisant certaines des infrastructures que nous avons déjà construites, comme les hôpitaux, l’électricité et l’eau potable. [...] Lorsque l’école a commencé en août de cette année, je me suis donc assise par terre devant le Parlement suédois. J’ai fait la grève scolaire pour le climat. [...] On ne peut pas sauver le monde en respectant les règles du jeu. Parce qu’il faut changer les règles.

Greta Thunberg, discours à la COP 24, Katowice (Pologne), 3 décembre 2018.
Des conférences aux nombreux acteurs
Les Sommets de la Terre réunis à l’instigation de l’ONU selon un rythme décennal ont pour objectif de résoudre les tensions entre développement et environnement, de promouvoir le développement durable. Aux Sommets de laTerre s’ajoutent les différentes Conférences des parties (COP) liées aux conventions: Convention Climat et Convention sur la diversité biologique, ainsi que les conférences sur la population, l’eau… Cesren- contres, destinées d’abord aux dirigeants mondiaux, mobilisent de nombreux acteurs de la société civile à partir de 1992 à Rio : entreprises, jeunes, peuples autochtones, communauté scientifique, femmes, syndicats, ONG dont le nombre n’a cessé de grandir. Si les conférences permettent d’attirer l’attention sur les questions environnementales, ces grandes réunions offrent des bilans assez minces : les résolutions qui en émanent peuvent ne pas être appliquées ou sont remises en question. Le rôle de la société civile semble aussi assez limité. Néanmoins, elles ont permis de stimuler la réflexion (1) et l’action en faveur du développement durable.
Yvette Veyret et Paul Arnould, Atlas du développement durable : société, économie, environnement : un monde en transition, Autrement, 2019.
1. Depuis 1990, le GIEC établit des rapports réguliers sur le climat. En 2001, son 3ème rapport énonce les preuves scientifiques du réchauffement climatique et, en 2013, le 5ème rapport établit le lien avec les activités humaines.
Les grands accords internationaux sur le climat

 
Les limites de la gouvernance onusienne

4Les limites de la gouvernance onusienne «La gouvernance onusienne du problème climatique est aujourd’hui caractérisée par une triple illusion : […]La première de ces illusions est étroitement liée à la façon dont le changement climatique a été construit comme problème public au niveau mondial. Le tournant des années 1990, période déterminante qui a vu la création de l’arène onusienne sur le climat, est dominé parla métaphore du “vaisseau spatial Terre” (Spaceship Earth) […]. Le rôle de la science est alors central puisqu’elle est appelée non seulement à porter le problème climatique à l’attention des gouvernements du monde, mais aussi à transcender les intérêts nationaux et à ouvrir ainsi la voie d’une coopération multilatérale. N’est-il pas naïf de supposer que “la communauté internationale” aurait un intérêt commun à combattre le changement climatique? […]La deuxième illusion provient du fait que l’enjeu climatique a principalement été pensé et institutionnalisé comme problème environnemental. La gouvernance climatique a été façonnée à l’image de la gouvernance de l’ozone, avec des objectifs chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et un calendrier échelonné pour les atteindre. Ce cadrage environnemental a été promu par une alliance de scientifiques, dONG et de groupes de pays comme l’Union euroenne et les pays en développement les plus vulnérables, mais il s’est toujours heurté aux blocages géopolitiques des grandes puissances (États-Unis, grands émergents). […]La troisième illusion est de penser pouvoir mener l’iné-vitabletransformationindustrielleetsocialedemanièreindirecte, sans repenser en profondeur nos stratégies industrielles et le contrat social de nos démocraties, et sans ancrer cette transformation au niveau local, dans les territoires.»
Stefan C. Aykut et Amy Dahan, « Les négociations climatiques : vingt ans d’aveuglement ? », © Ceriscope Environnement, ceriscope.sciences-po.fr, 2014.
Le protocole de Kyoto, premier accord sur la réduction des GES (1997)
Signé lors de la COP 3, il visait à réduire les GES d'au moins 5 % par rapport à 1990 à l'horizon 2012, puis 2020. Le protocole ne rendait cet objectif contraignant qu'aux pays développés, considérés comme les plus anciens pollueurs (Annexe B). Il est entré en vigueur en 2005.
 

Qu’est-ce qu’une COP ?

La Convention de l’ONU sur le climat
Les États négocient et prennent des décisions sur les réponses à apporter au problème des changements climatiques dans le cadre de la Convention‑cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) [...] adoptée en 1992 au premier sommet de Rio [...].
La COP
La COP signifie en anglais la Conference of the Parties (Conférence des parties). Pendant deux semaines, elle rassemble les 195 États ayant ratifié la Convention Climat. [...] Les COP ont lieu quasiment chaque année [...]. Lors d’une COP, les décisions sont prises par consensus [...], les représentants des pays [...] doivent négocier jusqu’à ce qu’ils tombent d’accord à 195 pays.
Les acteurs de la COP
Les COP rassemblent de nombreux groupes d’acteurs [...]. Tous ces acteurs n’ont pas les mêmes pouvoirs de décision. Seuls les représentants des pays négocient. En marge des négociations de la COP, de nombreuses manifestations s’organisent pour rappeler aux décideurs l’importance des décisions qu’ils doivent prendre [...]. Ces manifestations créent une pression citoyenne sur les gouvernements représentés.

Réseau Action Climat France, « Comprendre la Conférence de Paris sur le climat », 2015.
Les COP depuis 2015 : une synergie d'acteurs multiples
Instance annuelle de négociation interétatique, la COP s'est ouverte depuis 2015 (COP21-Paris) à différents acteurs, dont certains jouent aussi un rôle de lanceur d'alertes auprès de nombreux médias. Contrairement au protocole de Kyoto, l'accord de Paris repose sur une approche ascendante fondée sur l'incitation des acteurs multiples, publics et privés, à s'engager et à coopérer. L'accord de Paris fixe un objectif global : une limitation du réchauffement mondial entre 1,5 °C et 2 °C d'ici 2100, mais accorde la flexibilité aux parties pour déterminer elles-mêmes leurs engagements au niveau national.
 
Les objectifs de la CCNUCC (Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques) (1992)
L'objectif ultime de la présence Convention , et de tous les instruments juridiques que la Conférence des Parties pourrait adopter, est de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique. Il conviendra d'atteindre ce niveau dans un délai suffisant pour que les écosystèmes puissent s'adapter naturellement aux changements climatiques, que la production alimentaire ne soit pas menacée et que le développement économique puisse se poursuivre de façon durable.
Art. 2 de la CCNUCC, 1992
La difficile réduction des émissions de gaz à effet de serre
Émissions de C02 par pays. Source : Global Carbon Atlas.