Thème 4 : La Première Guerre mondiale : le "suicide de l'Europe" et la fin des empires européens
Un embrasement mondial et ses grandes étapes (1914-1918)
1ère étape : S'informer
Votre première mission d'équipe consiste à prendre connaissance de votre corpus documentaire et de répondre aux questions qui l'accompagnent
2ème étape : Réaliser
Après avoir réalisé l'étape 1, il s'agit maintenant pour vous de prendre connaissances des images sur lesquelles vous devrez réaliser votre bande-son. Les vidéos sont toutes dans l'onglet (Vidéos de travail).
- Visionnez la vidéo de votre groupe une première fois sans l'arrêter
- Visionnez la vidéo une seconde fois pour procéder à son séquençage
- Rédigez le propos que vous allez associer à la vidéo
Questions :
1) Quelles sont les causes de la révolution de février 1917 en Russie ? Quelle en est la conséquence politique ?
2) Analysez les reproches que Lénine fait au gouvernement provisoire.
3) Expliquez pourquoi la Russie se retire du conflit?
4) Quelles sont les causes et les objectifs de l'entrée en guerre des Etats-Unis ?
5) Dans quel contexte les mutineries de 1917 éclatent-elles ?
6) Quelles sont les principales revendications des mutins ? Sont-elles entendues ?
7) Quels sont les impacts des différents événements de 1917 sur le déroulement de la Première Guerre mondiale ?
Chronologie des événements de Russie (1917-1918) :
23 février 1917 : des ouvrières en grèvent défilent dans les rues de Petrograd, la capitale de l'Empire russe. Elles sont rejointes les jours suivants par des centaines de milliers d'ouvriers
26 février 1917 : Le tsar Nicolas II ordonne aux soldats de tirer sur les manifestants. Ils refusent et font cause commune avec eux
2 mars 1917 : Nicolas II abdique ; le gouvernement provisoire s'engage à poursuivre la guerre
3 avril 1917 : Lénine, exilé en Suisse, rentre en Russie et, dans ses "thèses d'avril", il dénonce la guerre et appelle à une deuxième révolution
25 octobre 1917 : révolution bolchevique
9 décembre 1917 : ouverture de pourparlers de paix entre l'Allemagne et la Russie à Brest-Litovsk
3 mars 1918 : signature du traité de Brest-Litovsk mettant fin au conflit entre l'Allemagne et la Russie (la Russie perd 800 000 km2 et 26% de sa population. Elle doit payer une lourde indemnité et démobiliser son armée)
Manifestation des ouvrières russes à Petrograd
Photographie de février 1917
Le mouvement social qui conduit à la révolution commence avec les grèves d'ouvrières et les manifestations de femmes de soldats à Petrograd le 23 février.
Sur les banderoles :
"Nourrissez les enfants des défenseurs de la patrie"
"Augmentez les rations des familles de soldats, des défenseurs de la liberté et de la paix des peuples"
La révolution russe
L'ancien régime a conduit la pays à la ruine et la population à la famine. Il était impossible de le supporter plus longtemps et les habitants de Petrograd sont sortis dans les rues pour dire leur mécontentement (….). Mais les soldats n'ont pas voulu agir contre le peuple et se sont tournés contre le gouvernement. Ensemble, ils ont saisi les arsenaux, les fusils et d'importants organes du pouvoir (…). Afin de gagner ce combat pour la démocratie, le peuple doit créer ses propres organes de gouvernement (…). Nous invitons la population toute entière à (…) organiser des comités locaux (…) Tous ensemble (…) nous vaincrons pour balayer complétement le vieux gouvernement et pour réunir une Assemblée constituante sur la base du suffrage universel, égal, secret, et direct.
Appel du soviet ouvrier de Petrograd à la population de Russie, 28 février - 13 mars 1917
Soviet : organisations de soldats, d'ouvriers et de paysans en Russie qui soutiennent les Bolcheviks
Bolcheviks : socialistes révolutionnaires russes désirant créer une société égalitaire de type communiste
"Sortir de cette guerre effroyable"
Camarades soldats,
Les ouvriers et les soldats révolutionnaires de Petrograd ont renversé le tsarisme et complétement nettoyé la capitale de toute police. Les ouvriers du monde entier considèrent avec admiration et espoir les ouvriers et les soldats révolutionnaires de Russie comme l'avant-garde de l'armée libératrice mondiale de la classe ouvrière (…).
Unissez-vous, serrez vos rangs, organisez-vous vous-mêmes, sans vous fier à personne, en ne comptant que sur votre intelligence et sur votre expérience, et alors la Russie pourra se mettre en marche d'un pas ferme, régulier et sûr pour libérer notre pays et toute l'humanité, aussi bien des horreurs de la guerre que de l'oppression du Capital. Notre gouvernement, qui est un gouvernement de capitalistes, poursuit la guerre dans l'intérêt des capitalistes (…).
Des centaines de millions d'hommes, presque tous les pays du globe, sont entrainés dans cette guerre criminelle ; des capitaux se chiffrant par centaines de milliards sont investis dans de "lucratives' entreprises qui apportent aux peuples la mort, la famine, la ruine, la barbarie, et aux capitalistes des bénéfices exorbitants, scandaleux. Il n'est qu'un moyen de sortir de cette guerre effroyable et de conclure une paix qui ne soit pas imposée par la violence : le passage de tout le pouvoir aux soviets [conseil] des dépités ouvriers et soldats. Les ouvriers et les paysans pauvres, qui n'ont aucun intérêt à sauvegarder les bénéfices du Capital et à piller les peuples faibles, pourront vraiment réaliser ce que les capitalistes ne font que promettre, à savoir : mettre fin à la guerre par une paix durable qui garantira la liberté à tous les peuples sans exception.
Discours de Lénine aux soldats du régiment Izmaïlovski, 10 avril 1917
L'appel de Wilson (président des Etats-Unis) à voter la guerre
La guerre actuelle de l'Allemagne contre le commerce est une guerre contre l'humanité : c'est une guerre contre toutes les nations. Des navires américains ont été coulés et des vies américaines ont été perdues [allusion, entre autres, au naufrage du paquebot Lusitania en mai 1915 dans lequel périssent des citoyens américains] dans des circonstances qui nous ont profondément remués. Notre mobile ne sera pas la vengeance ni l'affirmation de la force physique de notre pays, mais seulement la revendication du droit (…). Je recommande au Congrès de déclarer que la conduite récente du gouvernement impérial allemand n'est, en fait, rien moins que la guerre contre le gouvernement et le peuple des Etats-Unis; d'accepter officiellement la position de belligérants qui lui est ainsi imposée, et de prendre des mesures immédiates, non seulement pour mettre le pays dans un état plus complet de défense, mais aussi d'amener à composition [trouver un compromis] le gouvernement allemand et, par là terminer la guerre. La neutralité n'est plus ni possible, ni désirable quand il y va de la paix du monde et de la liberté des peuples (…). La démocratie doit être en sureté dans le monde
Discours de Wilson devant le Congrès, 2 avril 1917
L'entrée des Etats-Unis dans la Première Guerre mondiale
Edouard Saunier, Voilà les Américains !, 1918, lithographie, Museum of Fine Arts, Boston
Les soldats américains débarquent à Saint-Nazaire
Les premiers soldats américains débarquent en juin 1917 à Saint-Nazaire près de Nantes. Mais c'est de mars à novembre 1918 que les débarquements sont massifs. En 1918, 4,8 millions de soldats américains se trouvent en Europe
Tract anonyme de mutins de 1917
"Camarades
Savez-vous ce qui se passe eh bien voici : le 3è corps a refusé de montrer. C'est à dire qu'il a manifesté en silence sans aucun homme sou [saoul]. Faites-en tous autant au moment de monter et nous aurons vivement la paix.
3e corps"
Ce billet est écrit sur une carte de correspondance militaire qui porte au recto la mention ; "Camarades, souvenez-vous de Craonne"
Source : Archives de l'armée de terre
Les mutineries de 1917 en France
Louis Barthas, militant socialiste et pacifiste, est mobilisé dès 1914. En 1917, il raconte les mutineries des soldats au sein de son régiment d'infanterie.
En ce moment éclata la révolution russe (…). Ces événements eurent leur répercussion sur le front français et un vent de révolte souffla sur presque tous les régiments. Il y avait d'ailleurs des raisons de mécontentement ; l'échec douloureux de l'offensive du Chemin des Dames qui n'avait eu pour résultat qu'une effroyable hécatombe, la perspective de longs mois encore de guerre dont la décision était très douteuse, enfin, c'était le très long retard des permissions, c'était cela je crois qui irritait le plus le soldat (…). Un soir, un caporal [grade le moins élevé dans l'armée] chanta des paroles de révolte contre la triste vie de la tranchée, de plainte, d'adieu pour les êtres chers qu'on ne reverrait peut-être plus (…). Au refrain, des centaines de bouches reprenaient en chœur et, à la fin, des applaudissements frénétiques éclataient auxquels se mêlaient les cris de "Paix ou Révolution ! A bas la guerre ! (…)
Le 30 mai à midi, il y eut même une réunion en dehors du village pour constituer à l'exemple des Russes un "soviet", composé de 3 hommes par compagnie qui aurait pris la direction du régiment. A ma grande stupéfaction, on vint m'offrir la présidence de ce soviet (…). Bien entendu, je refusai, je n'avais pas envie de faire connaissance avec le poteau d'exécution pour l'enfantillage de singer les Russes. Cependant, je résolus de donner une apparence de légalité à ces manifestations révolutionnaires; je rédigeai un manifeste (…). Il débutait ainsi : "La veille de l'offensive, le général Nivelle a fait lire aux troupes un ordre du jour disant que l'heure du sacrifice avait sonné… Nous avons offert notre vie en vue de ce sacrifice pour la Patrie mais qu'à notre tour nous disions que l'heure des permissions avait sonné depuis longtemps. La révolte était placée sur le terrain du droit et de la justice.
Caporal Louis Barthas, Carnets de guerre, 1914-1918
La chanson de Craonne (1917)
Populaire chez les combattants français après l'échec de l'offensive du Chemin des Dames en avril 1917, cette chanson est censurée par le commandement militaire/
Le village de Craonne fut le théâtre des combats parmi les premiers jours de l'offensive du Chemin des Dales
Le général Pétain face aux mutineries
En mai 1917, dans la Somme, Pétain remet des décorations à des soldats du 23è régiment d'infanterie.
C'est un chef prestigieux qui a eu un rôle décisif dans la bataille de Verdun. Pour mettre fin aux mutineries, il accorde des permissions aux soldats et veille à l'amélioration de leurs conditions de vie. Mais il ordonne aussi une répression "pour l'exemple" contre les "meneurs" des mutineries. 3 500 soldats français sont condamnés en conseils de guerre et une trentaine est fusillée