Thème 4 : La Première Guerre mondiale : le "suicide de l'Europe" et la fin des empires européens
Un embrasement mondial et ses grandes étapes (1914-1918)
1ère étape : S'informer Votre première mission d'équipe consiste à prendre connaissance de votre corpus documentaire et de répondre aux questions qui l'accompagnent
2ème étape : Réaliser
Après avoir réalisé l'étape 1, il s'agit maintenant pour vous de prendre connaissances des images sur lesquelles vous devrez réaliser votre bande-son. Les vidéos sont toutes dans l'onglet (Vidéos de travail).
- Visionnez la vidéo de votre groupe une première fois sans l'arrêter
- Visionnez la vidéo une seconde fois pour procéder à son séquençage
- Rédigez le propos que vous allez associer à la vidéo
Questions :
1) Identifiez les causes profondes pouvant expliquer les tensions existantes entre les différents pays européens.
2) Quels indices permettent de voir que les Etats européens se préparent à l'éventualité d'un conflit avant 1914 ?
3) Identifiez les pays membres des 2 alliances en présence.
4) Comment chacune de ces 2 alliances est perçue par l'Allemagne? Pourquoi ?
5) Expliquez l'assassinat de Sarajevo (causes et conséquences). Expliquez comment cet événement a pu déboucher sur un conflit d'envergure européenne ?
6) Comment les différents Etats parviennent-ils à mobiliser rapidement des hommes ?

L'Europe en 1914
 
Les rivalités au Maroc entre la France et l'Allemagne
Au Maroc, seuls les Français seraient choisis par le Sultan pour construire les voies ferrées et pour exploiter les mines. Le Maroc est aujourd'hui un des rares pays où l'Allemagne bénéficie d'une libre concurrence pour son commerce et le dommage qu'elle subirait du fait de la position privilégiée de la France serait considérable Mais ce qui serait encore plus grave, c'est le préjudice que subirait le prestige de l'Allemagne si nous acceptions sans mot dire que la France y possède des droits supérieurs aux nôtres. L'Allemagne doit protester contre l'intention de la France de s'approprier le Maroc.
Friedrich Von Holstein (diplomate allemand), 3 juin 1904
La crise d'Agadir Une de l'Illustration, 16 septembre 1911. "Un petit bateau devant une vieille forteresse marocaine ; c'est le croiseur allemand Berlin qui menace la paix en Europe"
Le traité d'Algésiras en 1905 confie à la France le pouvoir de police dans 8 villes marocaines. Mais en 1911, la France déploie ses soldats dans d'autres villes. Les Allemands tentent de réagir mais, isolés, finissent par accepter le protectorat français sur le Maroc en échanges de compensations au Cameroun et de la préservation de ses intérêts économiques au Maroc

La course aux armements
 
Les exportations de l'Angleterre et de l'Allemagne
Source : René Girault, Histoire des relations internationales contemporaines, Tome 1 : Diplomatie européenne. Nations et impérialismes. 1871-1914, Masson/A. Colin, 1995

 
Le nationalisme de puissance à l'origine du conflit Si aujourd'hui on se demande à tête reposée pourquoi l'Europe est entrée en guerre en 1914, on ne trouve pas un seul motif raisonnable, pas même un prétexte. Il ne s'agissait aucunement d'idées, il s'agissait à peine de petits districts frontaliers ; je ne puis l'expliquer autrement que par cet excès de puissance, que comme une conséquence tragique de ce dynamisme interne qui s'est accumulé durant ces 40 dernières années de paix et voulait se décharger violemment. Chaque Etat avait soudain le sentiment d'être fort et oubliait qu'il en était exactement de même du voisin ; chacune voulait davantage et nous étions justement abusés par le sentiment que nous aimions le plus : notre commun optimisme. Car chacun se flattait qu'à la dernière minute, l'autre prendrait peur et reculerait ; ainsi, les diplomates commencèrent leur jeu de bluff réciproque. Quatre fois, cinq fois (…), on s'en tint au jeu ; mais les grandes coalitions resserraient sans cesse leurs liens, se militarisaient toujours plus. En Allemagne, on établit en pleine paix un impôt de guerre ; en France, on prolongea la durée du service [militaire] ; finalement, les forces en excès durent se décharger (…).
Stefan Zweig, Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen, 1941, trad. S. Niemetz

La situation internationale vue d'Allemagne
La Triplice [ou Triple-Alliance] a été conclue en tant qu'alliance défensive. Si l'un des trois contractants est attaqué, les deux autres doivent intervenir à ses côtés. De la sorte, sans être soi-même attaqué, on sera entrainé dans une guerre dont peut-être le pays n'aura pas envie et qu'il ne comprendra pas.
Comme la Triplice, la Triple-Entente se présente sous la forme d'un accord défensif. Mais tandis que l'idée défensive domine expressément le traité de la Triplice, celui de la Triple-Entente présente de fortes tendances offensives (…).
La Russie a le désir compréhensible d'écraser l'Autriche pour imposer l'hégémonie slave en Europe et, par le moyen de la Serbie, d'ouvrir la route vers la mer Adriatique. L'Autriche n'a qu'un intérêt défensif à s'y opposer.
La France souhaite recouvrer les provinces perdues et prendre sa revanche des défaites de 1870. L'Allemagne ne veut que défendre sa propriété.
L'Angleterre cherche à se débarrasser, avec l'aide de ses alliés, du cauchemar de la puissance maritime allemande. L'Allemagne ne pense pas à la destruction de la flotte anglaise : là encore elle ne veut que se défendre (…).
Si la guerre éclate, il n'est pas douteux que tout son poids retombera sur les épaules de l'Allemagne, entourée de trois côtés par ses adversaires.
Extrait d'un rapport officiel du général von Moltke, chef de l'Etat-major allemand, décembre 1912


L'Europe au bord de la guerre
Walter Emmanuel, "Hark ! Hark ! The Dogs Do Bark" , "Oyez ! Oyez ! Les chiens aboient ! , 1914

Texte explicatif de Walter Emmanuel accompagnant le document :

« Les chiens de guerre se sont échappés en Europe, et ils font un tintamarre infernal. Tout a été commencé par un teckel [Dashund] devenu enragé, bien que sa rage soit si méthodique qu’on puisse nourrir quelques doutes. (Note pour les ignorants : en allemand, chien se dit hund, en anglais, Allemand se dit Hun.) …Le teckel a commencé par attaquer le griffon belge, le plus vulnérable ; il l’a cruellement brutalisé mais a été incapable de le tuer… Regardez et vous trouverez beaucoup de choses. Mais pas la paix. Elle est gâchée maintenant jusqu’à ce qu’on trouve une bonne muselière pour ce teckel."

 
L'attentat de Sarajevo
Supplément illustré du Petit Journal, n°1234, dimanche 12 juillet 1914

Le 28 juin 1914, l'archiduc François-Ferdinand de Habsbourg, héritier du trône d'Autriche-Hongrie, ainsi que sa femme sont assassinés à Sarajevo par un étudiant nationaliste serbe. L'Autriche-Hongrie entre en conflit avec la Serbie, alliée de la Russie

 
Mobilisation et déclarations de guerre 28 juillet 1914 : L'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie. 30 juillet : Mobilisation en Russie, alliée de la Serbie. 1er août : L'Allemagne déclare la guerre à la Russie. Mobilisation en France, alliée de la Russie. Mobilisation en Allemagne. 3 août : L'Allemagne déclare la guerre à la France 4 août : Le Royaume-Uni déclare la guerre à l'Allemagne. 5 août : L'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Russie

Le recrutement britannique
"Ton pays a besoin de toi", affiche de recrutement britannique, 1914

En 1914, le dessin d'Alfred Leete représentant Lord Kitchener, le secrétaire d'Etat britannique à la guerre, est reproduit à de très nombreux exemplaires sur des affiches et des cartes postales

 
La mobilisation dans un village beauceron
Né en 1897 dans le village de Saint-Loup (Eure-et-Loire), Ephraïm Grenadou témoigne des débuts de la guerre.
C'était un vendredi. La moisson avait du retard et presque tout le monde était aux champs (…) voilà les gendarmes qui arrivent au grand trot sur leurs chevaux. Ils vont droit à la mairie. Là, ils trouvent le maître d'école, et le maître ressort avec l'affiche dans les mains, l'affiche blanche avec les deux drapeaux : MOBILISATION GENERALE. Le maître nous crie : "Allez dire à Achille qu'il sonne la trompette, à Cagé de prendre le tambour. Vous les gars, sonnez le tocsin (…)". Tout le monde arrivait devant la mairie. Un attroupement (…). On voyait que les hommes étaient prêts.
- Et toi, quand donc tu pars?
- Je pars le deuxième jour.
- Moi, le troisième.
- Moi, le vingt-cinquième
- Oh, t'iras jamais, on sera revenu.
Tu aurais vu les gars. C'était quasiment une fête, cette musique-là. C'était la Revanche. On avait la haine des Allemands (…). Dans l'ensemble, le monde a pris la guerre comme un plaisir (…). Ils sont partis le lundi. Ils ont laissé leur travail et leur bonne femme comme rien du tout. Le monde était patriote comme un seul homme.
Ephraïm Grenadou et Alain Prévost, Grenadou, paysan français, Seuil, 1966
Ordre de mobilisation générale en France, 1er aout 1914