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Venir en aide aux civils durant la guerre Romain Rolland, écrivain français, et Stefan Zweig, auteur autrichien, ont marqué la littérature européenne de leur époque. Leur correspondance témoigne de leur amitié et de leur engagement : Romain Rolland est bénévole à la Croix-Rouge suisse. Genève, le 13 octobre 1914 Cher Stefan Zweig,
Je vous réécris de l'Agence où je travaille. Il faut absolument que vous nous aidiez dans notre oeuvre d'humanité. Vous savez que, d'une part comme de l'autre, en Allemagne comme en France, on a fait un nombre considérable de prisonniers civils, - de tout âge, - enfants, femmes, vieillards. Ces milliers de pauvres gens ont été internés, on ne sait où, dans des camps de concentration, à l'intérieur de l'Allemagne et de la France. L'intérêt de tous les pays est, en attendant qu'on arrive à obtenir l'échange et le rapatriement de ces malheureux, de savoir envoyer du secours. Pour suppléer à l'action officielle, (qui est en ce moment débordée, et se limite presque exclusivement aux prisonniers militaires), il et nécessaire de recourir à l'initiative individuelle. Pourriez-vous, par vos connaissances en Autriche et en Allemagne, chercher à établir la liste des prisonniers civils internés dans ces deux pays ? Je fais faire les mêmes recherches en France, pour les prisonniers civils allemands.
Croyez, cher Stefan Zweig, à mon cordialement dévouement.
Romain Rolland
Lettre de Romain Rolland à Stefan Zweig, Correspondance 1910-1919, Albin Michel, Paris, 2014
Les populations civiles européennes victimes de la guerre
 
Posted by yannmorel
Les émeutes de la faim en Allemagne L'Allemagne connaît une crise alimentaire à partir de 1915. Pendant l'hiver 1916-1917, les Allemands souffrent de la pénurie et du marché noir : c'est "l'hiver des navets". " Aujourd'hui à 10 heures du matin, des scènes houleuses se sont produites au marché hebdomadaire de Lichtenberg [banlieue est de Berlin]. Environ 300 femmes étaient rassemblées devant l'étalage de Haase, venu de Marzhan [banlieue agricole proche]. Révoltées par le prix élevé que Haase demandait pour les salades, (…) les femmes se sont soudain jetées sur l'étalage, empoignant les salades pour les piétiner ou les garder pour elles. De nombreuses femmes sont montées sur le chariot de Haase, vidant le coffre rempli de salades et les jetant par terre, au point que la rue en était couverte. Haase n'a dû son salut qu'à une fuite rapide. Les femmes, hurlant et criant, l'ont cependant poursuive jusqu'à ce qu'il se mette à courir à toute vitesse et qu'elles abandonnent la chasse. Les femmes se sont dispersées lentement, après avoir vivement critiqué les autorités qui laissaient une telle spéculation se faire sur le dos des gens (…)."
Préfecture de police de Berlin, Rapport sur l'état d'esprit de la population, 28 juin 1917, trad. E. Cronier
Les difficultés des civils allemands à la fin de la guerre " Ma mère parlait du "blocus sauvage". Les rations ont diminué rapidement. Je sais que des permissionnaires, rentrant chez eux, étaient épouvantés par l'aspect physique de leur famille. La faim faisait maudire l'Angleterre ; la mortalité infantile s'accrut, ma mère et moi-même avons enterrés plusieurs de mes camarades d'école (…). Et ceci explique en grande partie la violence des grèves de 1917 ; l'ouvrier allemand avait faim et il se désespérait de ne pouvoir nourrir sa famille. Lorsque la guerre se termina, nous étions le champ d'action idéal pour la grippe espagnole qui fit des ravages terribles en Allemagne.
Témoignage d'un Berlinois, cité dans Fernand Gambiez et Maurice Suire, Histoire de la Première Guerre mondiale, tome 2, Fayard, 1968