Thème 4 : La Première Guerre mondiale : le "suicide de l'Europe" et la fin des empires européens
Les sociétés en guerre : des civils acteurs et victimes de la guerre
1ère étape : S'informer Votre première mission d'équipe consiste à prendre connaissance de votre corpus documentaire et de répondre aux questions qui l'accompagnent
2ème étape : Réaliser
Après avoir réalisé l'étape 1, il s'agit maintenant pour vous de prendre connaissances des images sur lesquelles vous devrez réaliser votre bande-son. Les vidéos sont toutes dans l'onglet (Vidéos de travail).
- Visionnez la vidéo de votre groupe une première fois sans l'arrêter
- Visionnez la vidéo une seconde fois pour procéder à son séquençage
- Rédigez le propos que vous allez associer à la vidéo


Questions :
1) Relevez ce que demande le président du Conseil René Viviani aux femmes au début de la guerre.
2) Indiquez quels rôles exercent les femmes à l'arrière durant la Grande Guerre.
3) Montrez que les femmes doivent s'adapter à leurs nouvelles activités.
4) Comment l'image de la femme est-elle utilisée dans la propagande de guerre ? Correspond-elle à la réalité?
5)Relevez la principale conséquence sociale et politique du travail des femmes pendant la guerre
6) Peut-on réellement dire que la Première Guerre mondiale a permis une émancipation des femmes ? Justifiez votre réponse.
L'appel de Viviani aux femmes française (août 1914) "Aux Femmes françaises !
[...] Le départ pour l'armée de tous ceux qui peuvent porter les armes laisse les travaux des champs interrompus: la moisson est inachevée, le temps des vendanges est proche.
Au nom du gouvernement de la République, au nom de la Nation tout entière groupée derrière lui, je fais appel à votre vaillance, à celle des enfants que leur âge seul et non leur courage dérobe au combat. Je vous demande de maintenir l'activité des campagnes, de terminer les récoltes de l'année, de préparer celle de l'année prochaine. Vous ne pouvez pas rendre à la patrie un plus grand service. [...]
Il faut sauvegarder votre subsistance, l'approvisionnement des populations urbaines et surtout l'approvisionnement de ceux qui défendent à la frontière, avec l'indépendance du pays, la civilisation et le droit. Debout, donc, femmes françaises, jeunes enfants, filles, fils de la patrie ! [...]
Debout à l'action, au labeur ! Il y aura demain, de la gloire pour tout le monde.
Vive la République ! Vive la France ! "
Discours de René Viviani, président du Conseil, placardé sur toutes les mairies de France, le 7 août 1914.
Les femmes allemandes sur tous les fronts
La femme allemande en temps de guerre, 1916, gravure allemande de Käte Wolff

En Allemagne, à partir de 1914, "les femmes de guerriers" (Kriegsfrauen) reçoivent des allocations, et les plus aisées d'entre elles ne travaillent pas. Les plus pauvres travaillent dans l'industrie de guerre peu rémunératrice. Mais avec le programme lancé en septembre 1916 par le général Hindenburg, le travail est rendu obligatoire pour l'ensemble de la population en bonne santé.

 
Les marraines de guerre
Carte postale
Les marraines de guerre, femmes de tout âge, jouent un rôle essentiel en apportant un réconfort moral aux combattants du front.
En leur envoyant lettres et colis pour améliorer leur quotidien, elles participent à une forme originale de mobilisation de l'arrière, certaines par engagement patriotique, d''autres pour trouver un mari.
 
Partir au front, rester à l'arrière
Les femmes et les vieillards travaillent dans les vignes en Champagne pendant que les soldats montent au front, octobre 1914
 
Le développement des associations caritatives
Dames de la Croix-Rouge équipées pour le front, photographie de presse, Agence Rol, Bnf, Paris

 
Ouvrières dans une usine de remplissage d'obus en Angleterre vers 1916 (Chilwell, près de Nottingham)
Ouvrières à l'usine de Chilwell, juin 1917, Imperial War Museum, Londres L'usine de Chilwell est une des plus grandes usines d'armement d'Angleterre. On voit ici des femmes préparant les munitions pour les obusiers BL-6.

 
Les infirmières
Les hommes jeunes et vieux partent enthousiastes, joyeux et confiants. Que font les femmes ? Elles ne pleurent pas (…) toutes, femmes jeunes ou âgées et jeunes filles, offrent avec un élan admirable leur service aux Sociétés de secours aux blessés (…). Nous faisons des piqures à la lueur d'une lampe, prêtée pour la nuit par un homme d'équipe ; nous aidons ces braves des premiers chocs à changer de position et eux-mêmes nous indiquaient ceux dont l'état réclamait les soins les plus urgents (…). Puis les jours se suivent et les trains continuent à amener toujours d'autres blessés ; notre sensibilité est mise à une dure épreuve.
Julie Crémieux, Souvenirs d'une infirmière, 1918
Une infirmière de la Croix-Rouge en 1914
En France, en 1914, 100 000 infirmières dont 70 000 bénévoles travaillent sous la tutelle de la Croix-Rouge. Elles sont mobilisées dans les diverses unités de soin et parfois comme ambulancières sur le front.
Les conditions de travail des femmes
Les hommes sont partis en masse et cependant les récoltes ont été ramassées, les terres labourées, les administrations fonctionnent, le métro n'est pas interrompu. Tout va. C'est un miracle. Vive les Françaises ! Leurs maris sont au front, elles veulent toutes travailler et elles sont tellement héroïques qu'elles donnent leur sang au plus vil prix.
Que de misère il couvre, ce beau mot d'héroïsme. Partout on a baissé les salaires. Regardez les ouvrières qui travaillent pour l'armée. Elles gagneront 0,15 franc - 0,20 franc de l'heure. Les chemises des soldats payées par l'Intendance 0,55 franc pièce sont payées à l'ouvrière 0,20 franc. Les intermédiaires amassent des fortunes. Demain ou après-demain, il faudra bien que la paix revienne. La nécessité sera encore plus implacable pour les femmes. Il leur faudra lutter pour conquérir leur pain [coupé par la censure].
Marcelle Capy (femme socialiste et féministe), Une voix de femme dans la mêlée, avril 1916, Entre-Temps Editions
Les femmes au coeur de la propagande de guerre Fred Spurgin, "Un des petits "canards" qui aide à couver les obus", carte postale britannique, 1914-1918 Carte postale anonyme de 1917, Hoover War Collection, Stanford University "La femme française dans la guerre", affiche de Georges Emile Campon annonçant la version anglaise d'un film documentaire de propagande d'Alexadre Desvarennes, 1918
L'inversion des rôles
Villemot, caricature parue dans La Baïonnette, 4 octobre 1917, Bnf, Paris
"- Et ton homme qu'est-ce qu'il fait pendant ce temps-là ? - Mon homme ? Il s'occupe à la maison. Il raccommode mes bas de soie…."

 
Des réclamations
Affiche en faveur du vote des femmes, Autriche, 1914
Sur cette affiche, les Autrichiennes demandent "le droit de vote pour toutes les femmes et les jeunes filles, pour toutes les mères et toutes les travailleuses. Donnez leur droit aux femmes."
 
"Les ouvrières de la cartoucherie Valence, au nombre de 950, ont pris prétexte hier soir d'une modification des salaires pour cesser le travail et rester les bras croisés dans les ateliers. En présence de cette attitude, le directeur les a autorisées à sortir à minuit 30. La sortie s'est effectuée tranquillement mais un groupement s'est formé plus loin et une manifestation comprenant environ 500 femmes s'est produite rue de Valence. Actuellement, la grève continue.
Le directeur aidé du syndicat s'efforce de faire reprendre le travail. La grève a pour prétexte des questions de salaires, mais a pour cause réelle la lassitude, l'énervement, les difficultés de vie, les privations, notamment celles de charbon. Le mauvais esprit continue à régner chez le personnel féminin."
Télégramme chiffré secret du Gouverneur militaire de Lyon au ministère de l'Intérieur à Paris, le 13 mai 1917
Les ouvrières en grève
Une du journal, Les Hommes du jour, 26 mai 1917

 
Vers une émancipation des femmes après la guerre ?
Les fonctions nouvelles qu'occupent les femmes pendant la guerre suscitent des critiques d'ordre moral et économique. Au lendemain de la guerre, les femmes obtiennent le droit de vote dans certains pays ex-belligérants (Russie, Allemagne, Etats-Unis) mais elles sont massivement licenciées car il faut laisser la place aux hommes de retour du front et repeupler la nation.
La population masculine va se trouver, par suite des répercussions (…) de la guerre, réduite en France d'environ 2 millions d'unité (…). Les conditions de la production de notre pays ne pourront plus être maintenues (…) que par un appel énergique à la main d'oeuvre féminine. Déjà, la mobilisation des femmes a été effectuée dans la plupart de nos usines de guerre (…). Qu'on le veuille ou non, la femme n'est pas faite pour certaines professions que la nature a plus spécialement destinées aux hommes (…). On ne saurait perdre de vue, en effet que, dans la vie sociale, la femme est inséparable de l'enfant (…). Nous devons constater ce fait évident qu'après la guerre, il faudra employer, dans des fonctions auxquelles elles ne sont pas faites, environ deux à trois millions de femmes (…). Plus tard, (…) il est déjà permis de croire que les femmes n'abandonneront pas facilement les positions qu'elles auront conquises. La plupart d'entre elles ont déjà conscience du rôle nouveau qui leur est ainsi dévolu et il convient de reconnaitre que ce qu'on a appelé le féminisme fait des progrès indéniables.
Il y a quelques années, je pensais que nous étions encore séparés par une longue durée du moment où l'on discuterait (…) le vote des femmes. Je suis obligé cependant de reconnaitre que la question va se poser avec une acuité telle que nos législateurs devront en délibérer sérieusement .
Maurice Ajam, député de la Sarthe, éditorial "La désaffection de la femme", La Dépêche de Toulouse, 26 juin 1917