Le projet de Communauté européenne du charbon et de l'acier
La CECA est créée le 18 avril 1951 autour de 6 pays. En souvenir de cette déclaration, le 9 mai est depuis 1985 la journée de l'Europe.
L'Europe n'a pas été faite, nous avons eu la guerre. L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l'opposition séculaire de la France et de l'Allemagne soit éliminée. L'action entreprise doit toucher au premier chef la France et l'Allemagne.
Dans ce but, le gouvernement français propose immédiatement l'action sur un point limité mais décisif. Le gouvernement français propose de placer l'ensemble de la production franco-allemande de charbon et d'acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d'Europe. La mise en commun des productions de charbon et d'acier assurera immédiatement l'établissement de bases communes de développement économique, première étape de la fédération européenne, et changera le destin de ces régions longtemps vouées à la fabrication des armes de guerre dont elles ont été les plus constantes victimes (…). La Haute Autorité commune chargée du fonctionnement de tout le régime sera composée de personnalités indépendantes désignées sur une base paritaire par les gouvernements ; un président sera choisi d'un commun accord par les gouvernements ; ses décisions seront exécutoires en France, en Allemagne et dans les autres pays adhérents.
Déclaration de Robert Schuman (ministre des Affaires étrangères française), le 9 mai 1950
Le projet de Communauté européenne de défense (CED)
Tout système qui aboutirait, dans l'immédiat ou à terme, directement ou non, avec ou sans condition, à la création d'une armée allemande, ferait renaître la méfiance et la suspicion. La formation de divisions allemandes, celle d'un ministère de défense allemand, conduirait fatalement tôt ou tard à la reconstitution d'une armée nationale, et, par là même, à la résurrection du militarisme allemand (…).
Le gouvernement français demande que soit donné au problème de la contribution allemande à la constitution d'une force européenne une solution qui tienne compte des cruelles leçons du passé et de l'évolution que tant d'Européens de tous pays souhaitent voir imprimée à l'Europe. Il propose la création, pour la défense commune, d'une armée européenne rattachée à des institutions politiques de l'Europe unie (…). Le gouvernement ne se dissimule pas les difficultés techniques et psychologiques qu'il faudra vaincre pour atteindre l'objectif qu'il propose aux nations européennes (…). Le gouvernement reste convaincu que la guerre n'est pas inévitable.
Déclaration à l'Assemblée nationale de René Pleven (président du Conseil), 24 octobre 1950