"La Bolivie tarde à exploiter ses importantes ressources en lithium", Radio Télévision Suisse, juillet 2016.
La Bolivie possède les premières réserves mondiales de lithium. Or, son exploitation industrielle tarde malgré l'augmentation des besoins mondiaux, notamment avec l'essor des voitures électriques. Un destin de "roi du lithium" a été prédit à la Bolivie il y a quelques années. Le pays entend en effet exporter lui-même ce métal mou, notamment utilisé dans les batteries, sans l'aide des grandes compagnies. Un projet a été lancé par le gouvernement il y a huit ans, mais ne s'est pas encore concrétisé. Pourtant, le marché mondial est porteur: le fabricant de voitures électriques Tesla prévoit par exemple de fabriquer 500'000 véhicules par an à l'horizon 2020, et devra pour cela absorber la totalité de la production mondiale de lithium. Et si actuellement une tonne de carbonate se négocie à 12'000 francs, le marché pourrait valoir environ 45 milliards de francs d'ici à 2022: de quoi changer le destin du pays le plus pauvre d'Amérique du Sud. La Comibol, l'entreprise minière publique bolivienne, exploite un site pilote d'extraction du lithium dans le Salar d'Uyuni, le désert de sable où se rendent quelque 10'000 visiteurs par an. La technologie y est bolivienne de la recherche jusqu'au produit final. "D'ici deux ans, nous pourrons concurrencer les principales entreprises. Le lithium va devenir le pétrole du XXIe siècle", a assuré Waldo Encina, l'un des ingénieurs en chef du projet, dans l'émission Tout un monde de la RTS. Les autorités boliviennes ne souhaitent pas exporter le lithium sans valeur ajoutée comme c'est le cas avec d'autres matières premières telles que le gaz naturel, le bois ou les minerais précieux. La Paz a même repoussé des offres de multinationales comme le japonais Mitsubishi ou le français Bolloré. "La Bolivie décidera du prix du lithium et des batteries pour le monde entier", a même promis le président bolivien Evo Morales. Actuellement, la Bolivie vit principalement de l'agriculture, de l'élevage et du tourisme. Mais l'objectif affiché est de produire l'équivalent de la production mondiale actuelle de lithium d'ici 2019. A terme, le pays compte aussi être capable de fabriquer ses propres batteries. Ressources humaines insuffisantes Or, les ressources humaines mobilisées sont insuffisantes et peu formées. Cette politique est très critiquée par certains experts locaux, qui accusent la Bolivie de passer à côté du "marché du siècle", alors que leurs voisins argentins et surtout chiliens s'y sont déjà lancés. "Non seulement cela signifie un retard dans la rentrée de revenus pour la Bolivie, mais cela influe de manière négative sur le marché mondial du lithium. Il y a une grande insuffisance. On doit résoudre cette pénurie, sinon il faudra trouver des substituts au lithium", a expliqué à Tout un monde l'expert Juan Carlos Zuleta.
« Le Chili n'est pas tenu de négocier avec la Bolivie un accès à la mer, selon la Cour internationale de justice », France 24, 1er octobre 2018.