L'inégale intégration des territoires dans la mondialisation
Objectif : Réaliser une carte de synthèse sur le thème qui vous a été confié
Déroulement :
- Prenez connaissance du corpus documentaire qui vous est proposé
- Identifiez au sein de ce corpus les informations pertinentes susceptibles d'apparaître dans votre carte
- Construisez de façon pertinente votre légende et répartissez à l'intérieur les informations sélectionnées
- Pour chaque information, choisissez le figuré le plus approprié
- Chaque membre du groupe réalise sa carte *
- Un membre du groupe vient présenter son travail cartographique à l'oral

Une intégration sélective des territoires dans la mondialisation
 

La Sibérie, une marge ou périphérie intégrée ?

Une si grande ville [Iakoutsk] en des parages aussi hostiles, à quelques centaines de kilomètres au sud du cercle polaire, ressemble à une anomalie. La Iakoutie regorge de mines d'or, de diamant, de gaz et de pétrole. La prospérité de la Fédération vaut bien que 300 000 personnes grelottent un peu (…). La rusticité constitue une part de l'identité slave. Les Russes éprouvent une fierté à peupler les endroits les plus hostiles de la planète et la Iakoutie, justement, cumule les records. Celui de l'espérance de vie, d'abord : elle est de moins de 50 ans pour les hommes.

Sylvain Tesson, « Iakoutsk, bienvenue dans la ville la plus froide du monde », Le Figaro, 26 février 2011

Moskva-City, quartier d'affaires de Moscou
Moskva-City est le centre d'affaires international de Moscou. Le projet a débuté en 1992 et les travaux sont encore en cours. Le complexe de la Fédération est le plus haut gratte-ciel d'Europe (373 mètres). Il s'agit d'un des plus grands quartiers d'affaires d'Europe.
 

Vladivostok, ville transfrontalière dynamique

Dans les années 1990, Vladivostok sombre alors dans une crise profonde et devient une des capitales du crime organisé. Dans les années 2000, sous l'impulsion de Vladimir Poutine, une reconstruction d'ampleur est entamée : la flotte du Pacifique est reconstituée, de nouvelles activités économiques se tournent vers l'Asie (…). En octobre 2015, Vladivostok devient un port franc, c'est à dire une zone portuaire bénéficiant d'un régime particulier de douane et d'impôts, censée favoriser les activités commerciales et les investissements. Ce statut cherche à améliorer le commerce transfrontalier, développer les infrastructures de transport, s'intégrer dans les routes de transport mondial tels que les routes de la soie chinoise ou la route maritime du Nord.

Camille Escudé, « Vladivostok, une des plus grandes bases militaires sur l'océan Pacifique », Géoimage, 2019

Les inégalités du territoire russe
La Russie fait partie des pays au sein desquels les disparités entre les régions sont les plus importantes. L'économiste Natalia Zoubarevitch classe les régions en 4 catégories :
1. La nouvelle et l'ancienne capitale, Moscou et Saint-Pétersbourg
2. Les villes d'extraction de matières premières, les 13 autres villes millionnaires en habitants et quelques capitales provinciales attractives
3. Les régions intermédiaires qui peuvent posséder aujourd'hui encore une industrie locale
4. Le reste du territoire, pour l'essentiel le nord du pays et la Sibérie, peuplés de villages qui cumulent une faiblesse de réseaux de transport, une population vieillissante et, faute notamment de main d'oeuvre et d'investisseurs, ne possèdent quasiment aucune activité productive.
L'immensité du territoire ainsi que les conditions climatiques et la localisation des ressources en matières premières sont des éléments déterminants pour expliquer les contrastes interrégionaux de développement (...). Les politiques de développement actuellement menées renforcent le morcellement du territoire et polarisent l'activité économique dans un nombre réduit de régions érigées en vitrines russes de la modernité.
Kévin Limonier, maître de conférence à l'Institut français de géopolitique et Vladimir Pawlotsky, doctorant à l'Institut français de géopolitique, "La Russie, une puissance en renouveau", Documentation photographique, La Documentation française, novembre-décembre 2018
La Russie dans la mondialisation
Les territoires russes sont inégalement intégrés à la mondialisation. Largement polarisé par Moscou, le triangle Saint-Pétersbourg-Rostov-Ekaterinbourg, concentre les pôles les mieux insérés dans la mondialisation : c'est le coeur de la puissance russe. Certaines régions périphériques sont aussi intégrées à l'espace mondial grâce à leurs interfaces terrestres (avec l'Europe), maritimes (mer de Barents, mer Caspienne, mer Noire) ou à une bonne connexion avec le coeur de la puissance russe (axe Ekaterinbourg-Krasnoïarsk) . Une grande partie du territoire du Caucase et de la Sibérie reste en marge de la mondialisation mais certains de ces espaces à fortes contraintes sont en voie d'intégration (Extrême-Orient russe, axe transsibérien entre Krasnoïarsk et Vladivostok, partie occidentale de l'Arctique russe).
Les dynamiques d'intégration de la Russie s'explique par différents facteurs. L'exploitation des gisements d'hydrocarbures contribue à l'insertion des territoires dans la mondialisation. Le développement des ports vient renforcer l'ouverture des territoires sur le monde, notamment de la façade arctique à l'Extrême-Orient russe suite à l'ouverture de la "Route maritime du Nord". Les hydrocarbures (mais aussi les produits agricoles, le bois et les minerais) alimentent les exportations de la Russie, notamment vers l'Europe, le Moyen-Orient et la Chine.
L'insertion de la Russie dans la mondialisation reste néanmoins marquée par des relations internationales qui oscillent entre coopérations et tensions. La puissance militaire du pays repose notamment sur des bases militaires situées au sein des territoires russes les plus stratégiques (ports), mais aussi dans des pays alliés issus du démantèlement de l'URSS (Belarus, Moldavie, Arménie, Asie centrale), ainsi qu'en Syrie. Parallèlement, le pays fait face à des conflits territoriaux sur son propre sol (Caucase) tout en étant impliqué dans différents conflits internationaux (Crimée, Donbass, Transnistrie, Géorgie...). Outre ces conflits ouverts, les tensions diplomatiques sont récurrentes avec l'Union européenne, les Etats-Unis et le Japon.
Le commerce extérieur de la Russie
 
Un environnement géopolitique complexe
 

Les relations compliquées avec l'Union européenne

Russie et Europe continuent d'entretenir des relations poussées : les jeunes Russes font des études en Europe, les échanges commerciaux restent importants (…). La Russie pratique également une politique de soft Power pour influencer les gouvernements et les populations européennes. La promotion de la langue et de la culture russe et les grands événements sportifs (Jeux olympiques d'hiver de Sotchi en 2014, Coupe du monde de football en 2018) ont pour objectif de donner une envergure internationale à la Russie. L'Ukraine reste un pivot des tensions. Le pays est donc coupé en 2 depuis 2014 : La Russie exerce son autorité sur les régions du Donbass et de la Crimée, qu'elle a annexées (…). L'investissement dans l'armée est une priorité pour le gouvernement, qui a investi 69 milliards de dollars en 2016, soit 5,3% de son PIB (contre 3,3% pour les États-Unis et 1,9% pour la Chine). La Russie pourrait cependant essayer de jouer sur d'autres plans pour déstabiliser ses voisins, comme la dépendance au gaz. 30% de la consommation de gaz de l'Union européenne vient en effet de la Russie.

Sophie Brocard, « Russie - Union européenne : un état des lieux », Toutel'Europe.eu, 2018

La réémergence de la Russie en tant que puissance ?

Jean de Gliniasty, chercheur à l'IRIS et ancien ambassadeur de France à Moscou, nie l'idée que la Russie soit isolée diplomatiquement.

Depuis le début des années 2010, la Russie a développé une véritable politique asiatique, qui ne se réduit pas à sa relation privilégiée avec la Chine. Elle dispose depuis toujours d'une politique latino-américaine. Au Moyen-Orient, (…) elle est incontournable. Il lui manquait l'Afrique, mais elle s'emploie à y remédier. On assiste en réalité à un véritable pèlerinage diplomatique à Moscou et à Sotchi [résidence de vacances de Vladimir Poutine, ndlr]. Asiatiques, Arabes, Africains, le monde entier s'y presse. La particularité, c’est que la Russie est une puissance mondiale, mais avec peu de moyens. Elle a un PIB inférieur à celui de l'Italie et un budget militaire inférieur à celui de la France. Elle est influente, mais ne dispose ni d'un tissu dense de PME à déployer à l'étranger, ni d'une vaste communauté d'expatriés, ni d'une forte capacité financière. Mais elle compense ses manques par beaucoup d'intelligence diplomatique.

« Comment la Russie est redevenue une puissance mondiale », Le Figaro, 23 octobre 2019