Exposition 5 :
La multiplication des foyers et des formes de tensions au XXIème siècle
THEME 3 :
LA GOUVERNANCE MONDIALE DANS UN MONDE MULTIPOLAIRE

Chapitre 7 :
Nouveaux rapports de puissance et enjeux mondiaux
 
L'Accord de Vienne
Une du quotidien français Le Monde, 15 juillet 2015, avec les ministres des Affaires étrangères de l'Iran (Mohammad Jawad Zarif) et des Etats-Unis (John Kerry)

Le 14 juillet 2015 à Vienne (siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique), les 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu, l'Allemagne et l'UE signent un accord avec l'Iran. En échange d'un encadrement du programme nucléaire iranien, ils s'engagent à lever progressivement les sanctions économiques frappant l'Iran
 

Les mécanismes de la prolifération nucléaire

La situation n'incite pas à l'optimisme. Tous les éléments sont en effet réunis pour qu’émerge ces prochaines années une nouvelle génération de puissances nucléaires. Le premier est l'accroissement de « l'offre », notamment depuis la chute de l'Union soviétique. Le gigantesque réservoir nucléaire russe, mal contrôlé, est à la disposition des apprentis atomistes, non pas tant pour les armes proprement dites que pour le savoir-faire (nombreux sont les savants russes à s'être expatriés au cours de la dernière décennie) et la matière fissile de qualité militaire (la seule Russie disposerait d'un stock d'environ 1000 tonnes), véritable clé de la prolifération (…).

L'augmentation de la « demande » depuis le début des années 90 - et c'est le deuxième élément - promet en tout cas un marché très lucratif. Depuis la fin de la Guerre froide, les anciens protégés des 2 grands sont en quête de nouvelles garanties de sécurité. D'autant que la Première Guerre du Golfe avait déclenché un véritable signal d'alarme. En révélant l'ampleur du fossé entre la puissance militaire occidentale, notamment américaine, et celle des pays en voie de développement, elle avait conduit nombre d'entre eux à cette conclusion, résumait à l'époque par le chef d'état-major indien : « On ne se bat pas contre les États-Unis sans armes nucléaires ». (…). Dans ces conditions, les armes de destruction massive sont, de plus en plus, considérées comme le seul moyen de contourner la supériorité militaire occidentale.

Bruno Tertrais, « Prolifération nucléaire : le déséquilibre de la terreur », Alternatives internationales, octobre 2003

Un programme nucléaire iranien pour quoi faire ?
Caricature d'Ali Dilem pour le Kiosque de TV5 Monde, 2006
 

Viser le régime ou le programme nucléaire ?

La question du nucléaire iranien est complexe. D'une part, on ne sait guère quand les Iraniens atteindront le stade de la bombe. D'autre part, il suffit pour eux qu'on les crédite d'avoir la bombe, même sans essai nucléaire, pour que l’effet de dissuasion fonctionne. Enfin et surtout, il y a une profonde ambiguïté des Occidentaux sur la définition de la menace. Presque tout le monde s'accorde à dire que l'accès de l'Iran au nucléaire militaire n'est pas acceptable. Mais en quoi le nucléaire iranien est-il menaçant ? il y a en effet 2 réponses, qui n'induisent pas la même politique. La première consiste à dire que le problème, c'est le régime : une République islamique serait tentée de se servir de la bombe contre Israël ou bien d'utiliser la sanctuarisation induite par la possession de l'arme pour protéger des groupes terroristes sur son territoire. La 2nde considère que la dissuasion fonctionnera quel que soit le régime et que le problème est plutôt les faits de prolifération qu’entraînera l’achèvement du programme nucléaire iranien, car l'Égypte, l'Arabie saoudite et la Turquie seront amenées à se nucléariser. L'Iran a été signataire du TNP (contrairement à l'Inde, au Pakistan et à Israël) : son retrait signifiera la mort du traité (…). selon l'hypothèse retenue, la stratégie à suivre est très différente : dans le premier cas, il faut pousser au changement de régime ; dans le second, c'est l'Iran en tant que puissance régionale nucléaire qui fait problème. De là, un choix s'impose : faut-il viser d'abord le régime ou bien le programme ?
Olivier Roy, Le croissant et le chaos, Fayard, 2 010

Les États-Unis se retirent de l'accord de 2015

En théorie, le soi-disant « accord iranien » était supposé protéger les États-Unis et leurs alliés contre la folie de la bombe nucléaire iranienne (…). En fait, l'accord a permis à l'Iran de continuer à enrichir de l'uranium et, avec le temps, d'atteindre le seuil d'une explosion nucléaire. L'accord a levé les sanctions économiques contre l'Iran en échange de limitations très faibles à l'activité nucléaire du régime, et en imposant aucune limitation sur ses autres agissements pervers, notamment ses sinistres activités en Syrie, au Yémen et ailleurs dans le monde (…). L'accord avec l'Iran est fondamentalement défectueux. Si nous ne faisons rien, nous savons exactement ce qui arrivera. Dans peu de temps, le principal Etat sponsor de la terreur sera sur le point d'acquérir les armes les plus dangereuses du monde. Par conséquent, j'annonce aujourd’hui que les États-Unis vont se retirer de l'accord sur le nucléaire iranien (…). Nous travaillerons avec nos alliés pour trouver une solution réelle, globale et durable à la menace nucléaire iranienne. Cela inclura des efforts pour éliminer la menace du programme de missiles balistiques de l'Iran, arrêter ses activités terroristes dans le monde entier, et bloquer ses activités menaçantes au Moyen-Orient. En attendant, des puissantes sanctions entreront en vigueur. Si le régime poursuit ses aspirations nucléaires, il aura des problèmes plus graves qu'il n'en a jamais connu auparavant.

Allocution télévisée du président Donald Trump, 8 mai 2018

Nucléaire iranien | Casus Boloss, le monde en 5min chrono | ARTE
Aujourd’hui, tout le monde en veut au programme nucléaire iranien. Entre la République islamique qui prétend développer le nucléaire à des fins pacifiques et...
Original link
Bombe atomique : sommes-nous à l'abri d'une catastrophe nucléaire ?
Original link
Expliquez moi... La prolifération nucléaire
Original link
La Corée du Nord : nouvelle puissance nucléaire ?
 
La menace nucléaire en Corée du Nord
Malgré la signature du traité de non-prolifération nucléaire (1968), certains États continuent de développer des programmes nucléaires dans le but de se doter de l’arme atomique. C’est le cas de la Corée du Nord, qui multiplie les démonstrations de force face à la Corée du Sud et aux États-Unis.Le leader nord-coréen Kim Jong-un, entouré de scientifiques, posant devant une probable ogive nucléaire, mars 2016
 
Comment la Corée du Nord est devenue une menace ?
Original link
L'ONU face au risque nucléaire
Le Conseil de sécurité, (...) réaffirmant que la prolifération des armes nucléaires, chimiques et biologiques et de leurs vecteurs constitue une menace contre la paix et la sécurité internationale.
Se déclarant très profondément préoccupé par les essais nucléaires effectués les 3 et 28 juillet 2017 par la République populaire démocratique de Corée (...).
1. Condamne avec la plus grande fermeté les essais de missiles balistiques effectués (...) ;
2. Réaffirme ses décisions selon lesquelles la République populaire démocratique de Corée ne procédera à aucun nouveau tir recourant à la technologie des missiles balistiques ou essai nucléaire et s'abstiendra de toute autre provocation (...), doit abandonner toutes armes nucléaires et tous programmes nucléaires existants de façon complète, vérifiable et irréversible (...).
8. Décide que la République populaire démocratique de Corée ne doit pas fournir, vendre (...) du charbon, du fer et des minerais de fer, et que tous les Etats doivent interdire l'achat à la République populaire démocratique de Corée.
Résolution 2371, adoptée par le Conseil de sécurité, 5 août 2017