Exposition 6 :
L'Union européenne : entre élargissements, approfondissements et remises en cause
THEME 3 :
LA GOUVERNANCE MONDIALE DANS UN MONDE MULTIPOLAIRE
La naissance d'une citoyenneté européenne
« Article 8
Il est institué une citoyenneté de l’Union.
Est citoyen de l’Union toute personne ayant la nationalité d’un État membre.
Article 8 A
Tout citoyen de l’Union a le droit de circuler et de séjourner librement sur le territoire des États membres, sous réserve des limitations et conditions prévues par le présent traité […].
Article 8 B
Tout citoyen de l’Union résidant dans un État membre dont il n’est pas ressortissant a le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales dans l’État membre où il réside, dans les mêmes conditions que les ressortissants de cet État. […]
Tout citoyen de l’Union résidant dans un État membre dont il n’est pas ressortissant(1) a le droit de vote et d’éligibilité aux élections au Parlement européen dans l’État membre où il réside, dans les mêmes conditions que les ressortissants de cet État.
Article 8 C
Tout citoyen de l’Union bénéficie, sur le territoire d’un pays tiers (2) […], de la protection des autorités diplomatiques et consulaires de tout État membre […].
Article 8 D
Tout citoyen de l’Union a le droit de pétition devant le Parlement européen. »
Traité de Maastricht, Titre II, 7 février 1992.
(1) Dont il n'a pas la nationalité
(2) Extérieur à l'UE
Les référendums sur l'Europe depuis 1992
 
Au Parlement européen, le progrès des eurosceptiques
 
Des Etats membres inégalement intégrés dans le programme Erasmus
 
Les citoyens et l'évolution de l'intégration européenne
 
Une adhésion à l'UE majoritaire
 
Les Européens et le processus de prise de décision de l'UE
 
Existe-t-il une citoyenneté européenne ?
C'est l'absence même d'un peuple européen qui pose problème (...). Pour l'heure, les opinions publiques restent principalement préoccupées par des problèmes nationaux (...). Afin que l'UE devienne un "espace public", l'émergence de partis pleinement européens, l'organisation de débats exclusivement centrés sur des thèmes européens, alliés aux formes de participation directes mises en place par le traité de Lisbonne (initiative populaire) pourraient aider à mieux sensibiliser les citoyens. Pour l'heure, ils ne le sont qu'épisodiquement, notamment lors des débats sur la ratification des traités. C'est là que se trouve la clé de la démocratisation pour de nombreux commentateurs qui souhaitent que l'Europe avance par la base, à travers une relation entre les institutions, les Etats et la société civile (...). Mais c'est aussi de l'existence même de l'UE qu'on doit attendre une européinisation de la société civile. L'ouverture des frontières, la citoyenneté européenne, les flux de communication peuvent produire des effets sur les individus, faire reculer les réflexes nationalistes et renforcer le réflexe d'appartenance à l'Europe, sans pour autant que les liens civiques nationaux soient dissous.
Fabien Terpan, "La démocratie européenne : progrès accomplis et difficultés persistantes", Questions internationales, La Documentation française, 2010

Le manque de démocratie dans la prise de décision

Depuis longtemps, le Parlement européen ne représente pas ses électeurs européens aussi bien que les parlements nationaux. Cela est dû au système électoral : dans chaque pays, ce sont les partis nationaux qui présentent des candidats aux élections européennes. Et ils mènent des campagnes nationales sur des thèmes nationaux. Ensuite, au Parlement européen, les acteurs en scène ne sont plus les partis nationaux mais des groupes parlementaires européens (le Parti populaire, les socialistes, les Verts…), qui sont des coalitions souples composées de partis nationaux idéologiquement proches. Le choix des électeurs est donc mis de côté : ceux-ci votent pour des partis qui ne jouent aucun rôle au Parlement mais en revanche, les partis qui sont de fait actifs sur la scène européenne n'ont pas été élus en tant que tels et l'électeur ne peut pas leur demander de rendre des comptes. De fait, le lien direct entre l'électeur et son député est brisé.

Une autre raison est le manque d'un véritable espace public européen. On parle beaucoup de l'Europe mais ce sont toujours des discours nationaux sur l'Europe et non un débat proprement européen. Cela veut dire que le Parlement européen est plus éloigné de ses électeurs que les parlements nationaux. Les préconditions sociales d'une démocratie vivante manquent en Europe.

Dieter Grimm (juriste allemand), « Démocratie européenne : les raisons de la défiance », Esprit, juillet 2015.

L'attitude des citoyens européens face à l'évolution de l'UE

Le double « non » exprimé en 2005 à l'occasion de la ratification du « traité établissant une Constitution pour l'Europe » par les peuples français et néerlandais, suivi du rejet par l'Irlande du traité de Lisbonne, a également contribué à alimenter les discussions sur la légitimité du projet européen et, en particulier, sa relation aux citoyens. Si les études des attitudes des citoyens portaient jusqu'alors principalement sur les déterminants du soutien des citoyens à l'Union européenne, elles s'intéressent plus récemment, à partir du début des années 2000, aux logiques de rejet de l'intégration européenne. Le concept d'« euroscepticisme » participe ainsi d'une réflexion où les résistances à l'intégration européenne sont désormais envisagées.

[…] Loin d'être devenus majoritairement plus eurosceptiques, les citoyens sont à présent principalement, et avant tout, plus ambivalents et indifférents face à l'intégration européenne.

Dans la période qui suit la difficile ratification du traité de Maastricht, on assiste en effet à un renforcement de la catégorie neutre, composée des citoyens indifférents et indécis.

Les analyses ont permis de démontrer que la baisse des opinions favorables au processus d'intégration s'est accompagnée d'une augmentation du nombre de citoyens indécis et indifférents et, dans une moindre mesure, des citoyens dits « eurosceptiques ». En 2010, la catégorie des citoyens indécis qui considéraient que l'intégration européenne n'était « ni une bonne ni une mauvaise chose » comptait un tiers des citoyens de l'Union européenne.

Le problème est que la grande majorité des études sur les attitudes des citoyens à l'égard de l'intégration européenne ne prend pas en compte, en tant que telle, cette catégorie intermédiaire caractérisée par l'indécision et l'indifférence.

Van Ingelgom Virginie, « Mesurer l'indifférence. Intégration européenne et attitudes des citoyens », Sociologie, 2012.
Élections européennes : quelles sont les attentes des citoyens ?
Quels sont les thèmes qui mobilisent les citoyens européens ? Réponse avec Bruno Cautrès, co-auteur de l'étude - Élections européennes : répondre aux attentes d’une opinion publique fragmentée dans un "nouvel âge des incertitudes" - (Cevipof / Institut Jacques Delors).
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La montée des eurosceptiques
Ixène
Ixène, 2 janvier 2014.
 

Un discours anti‑Union européenne

Le Brexit sera coûteux, coûteux pour l'Union européenne et donc, par définition, coûteux pour les Allemands. Coûteux, comme le sont les prêts aux banques, les prêts à la Grèce, la politique énergétique écologique, l'ouverture aux frontières, la destruction de l'industrie automobile et d'autres secteurs clés de notre industrie, l'inflation de notre monnaie unique. [...] Qu'est‑ce que David Cameron a demandé de si terrible ? Moins de dépenses sociales, des Parlements nationaux plus forts, moins de bureaucratie européenne... [...] C'était une magnifique opportunité de réformer l'Union européenne, pour en faire une organisation plus fiable, se concentrant sur son premier objectif : créer un marché unique. Mais non, c'était hors de question ! [...] 15 milliards d'euros du Royaume‑Uni manqueront bientôt au budget [de l'UE]. Toutes les familles savent que, quand vous avez moins d'argent, vous vous serrez la ceinture. Mais pas l'UE, qui a les Allemands pour payer la facture ! [...] Il est évident que sans des réformes, l'Union européenne ne pourra plus durer. [...] Il y a une absence flagrante de réflexion sur le continent, à Bruxelles, à Berlin, à Paris surtout. Le Brexit nous montre que Bruxelles est totalement déconnecté de la réalité [...]. L'UE est trop importante pour qu'on la laisse [aux bureaucrates de Bruxelles]. L'UE doit être réformée de l'intérieur, et cela inclut un droit de veto pour que les nations puissent refuser les directives de l'Europe [...] et sécuriser les frontières externes de l'UE, comme nous le demandons depuis des années.
Alice Weidel,
leader du parti dʼextrême droite AFD, discours au Parlement allemand au sujet du Brexit, 30 mars 2019.
L'initiative citoyenne européenne (ICE)
Commission européenne (2018)