En 1991, le caricaturiste Behrendt illustre la route qui mène vers « Maastricht » et vers le traité sur l'Union européenne présentée comme un long chemin semé d'embûches.
1. En avant paysans (espagnol)
2. Pas de dictature de l'UE (allemand)
3. Pas de monnaie unique européenne (anglais)
4. Pas de restrictions (néerlandais)
5. À bas les Eurocrates (néerlandais)
Bien au contraire, on les a applaudis comme le plus grand bienfait du siècle. Mais maintenant, alors que nous nous approchons de la maison européenne si ardemment voulue, le citoyen moyen paraît frissonner. Il admet, bien sûr, que la mariée reste belle, mais elle lui paraît trop exigeante. […]
En d'autres termes, si nous entrons dans l'Europe, il faudra bien laisser l'Europe et les Européens entrer chez nous, pas seulement dans nos usines, nos banques, nos commerces, nos écoles, mais même dans l'intimité de notre vie communale. Car l'intégration, ce n'est pas seulement la mise en commun. C'est aussi le partage.
Si encore nous étions un géant européen, une France, une Grande-Bretagne, nous aurions peut-être le poids pour tergiverser, bloquer les roues du train. Si seulement nous étions pauvres, nous n'attirerions pas chez nous tous ces étrangers… Il nous faut (hélas ? heureusement ?) l'accepter consciemment, courageusement et vivre avec. Survivre avec, comme nous le faisons d'ailleurs depuis des générations, depuis des siècles avec le succès que l'on sait. Maastricht ne sonne le glas que pour le Luxembourg d'hier. C'est, au contraire, la grande chance pour le Luxembourg européen, notre pays de demain.
Une fois passée la première vague de soulagement et de félicitations parvenue de l'Europe entière, le oui limité des électeurs français au traité d'Union européenne, scellé par le référendum du 20 septembre (51 % pour, 49 % contre), a plongé la Communauté dans l'incertitude. Partout les peuples se réveillent et se révoltent contre une Europe construite d'en haut, sans assez de contrôle démocratique. […]
Le vent de révolte populaire soulevé par le référendum français a gagné toute l'Europe. Les Espagnols s'inquiètent des sacrifices budgétaires qu'il va leur falloir consentir pour mériter la monnaie unique. En Allemagne, les ailes extrêmes des deux grands partis, chrétien démocrate et social démocrate, ainsi que les Verts, réclament un référendum, qu'ils savent pourtant interdit par la Constitution. Une courte majorité d'Allemands se déclarent pour l'Europe, mais deux tiers d'entre eux refusent d'abandonner leur fleuron, le DM(1), au profit de l'ECU. Deux Anglais sur trois se déclarent contre Maastricht. […]
Mais Paris a d'autres idées en tête pour couper court à ceux qui l'accusent de brader la souveraineté nationale.