Exposition 6 :
L'Union européenne : entre élargissements, approfondissements et remises en cause
THEME 3 :
LA GOUVERNANCE MONDIALE DANS UN MONDE MULTIPOLAIRE
La CEE puis l'UE en 1992
 
Une Europe politique difficile à construire

En 1991, le caricaturiste Behrendt illustre la route qui mène vers « Maastricht » et vers le traité sur l'Union européenne présentée comme un long chemin semé d'embûches.

1. En avant paysans (espagnol)

2. Pas de dictature de l'UE (allemand)

3. Pas de monnaie unique européenne (anglais)

4. Pas de restrictions (néerlandais)

5. À bas les Eurocrates (néerlandais)

 
Les dispositions du traité de Maastricht
«Titre 1 Dispositions communes
Article A Par le présent traité, les Hautes Parties contractantes instituent entre elles une Union européenne, ci-après dénommée "Union".
Le présent traité marque une nouvelle étape dans le processus créant une union sans cesse plus étroite entre les peuples de l’Europe, dans laquelle les décisions sont prises le plus près possible des citoyens […].
Article B L’Union se donne pour objectifs:
– de promouvoir un progrès économique et social équilibré et durable, notamment par la création d’un espace sans frontières intérieures, par le renforcement de la cohésion économique et sociale et par l’établissement d’une union économique et monétaire comportant, à terme, une monnaie unique, conformément aux dispositions du présent traité ;
– d’affirmer son identité sur la scène internationale, notamment par la mise en œuvre d’une politique étrangère et de sécurité commune, y compris la définition progressive d’une défense commune, qui pourrait conduire le moment venu à une défense commune;
– de renforcer la protection des droits et des intérêts des ressortissants de ses États membres par l’instauration d’une citoyenneté de l’Union;
– de développer une coopération étroite dans le domaine de la justice et des affaires intérieures ;
– de maintenir intégralement l’acquis communautaire et de le développer.»
Traité de Maastricht, Titre I, 7 février 1992
Un traité qui fait débat chez les citoyens
Joël Robine/AFP
Manifestation contre le traité de Maastricht en Grande-Bretagne, le 16 octobre 1992.
 
Europe : le traité de Maastricht fête ses 30 ans
Le traité de Maastricht fête ses 30 ans. Le 1er novembre 1993, le célèbre traité européen entrait en vigueur. Cet anniversaire tombe en plein conflit russo-ukrainien. Les 27 peuvent-ils vraiment continuer à aider l'Ukraine ? Où trouver l'argent ? Entretien avec Pierre Larrouturou, eurodéputé socialiste.
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Un traité qui fait débat chez les dirigeants politiques
Déroutante démocratie parlementaire ! Elle est fondée sur l'idée que le citoyen accepte sans grogner que son parlement décide pour lui. Ça a très bien marché jusqu'ici pour l'intégration européenne : ni les premiers traités communautaires, ni l'Acte unique n'ont soulevé des tempêtes.

Bien au contraire, on les a applaudis comme le plus grand bienfait du siècle. Mais maintenant, alors que nous nous approchons de la maison européenne si ardemment voulue, le citoyen moyen paraît frissonner. Il admet, bien sûr, que la mariée reste belle, mais elle lui paraît trop exigeante. […]

En d'autres termes, si nous entrons dans l'Europe, il faudra bien laisser l'Europe et les Européens entrer chez nous, pas seulement dans nos usines, nos banques, nos commerces, nos écoles, mais même dans l'intimité de notre vie communale. Car l'intégration, ce n'est pas seulement la mise en commun. C'est aussi le partage.

Si encore nous étions un géant européen, une France, une Grande-Bretagne, nous aurions peut-être le poids pour tergiverser, bloquer les roues du train. Si seulement nous étions pauvres, nous n'attirerions pas chez nous tous ces étrangers… Il nous faut (hélas ? heureusement ?) l'accepter consciemment, courageusement et vivre avec. Survivre avec, comme nous le faisons d'ailleurs depuis des générations, depuis des siècles avec le succès que l'on sait. Maastricht ne sonne le glas que pour le Luxembourg d'hier. C'est, au contraire, la grande chance pour le Luxembourg européen, notre pays de demain.

Guy de Muyser (diplomate luxembourgeois), « Maastricht, le glas du Luxembourg ? », Letzeburger Land, 24 avril 1992
 
La difficile ratification du traité de Maastricht

Après la signature du traité par les chefs d’État et de gouvernement, celui-ci doit être ratifié par chacun des États membres selon la procédure de leur choix.
 
Maastricht plonge l'Europe dans le flou

Une fois passée la première vague de soulagement et de félicitations parvenue de l'Europe entière, le oui limité des électeurs français au traité d'Union européenne, scellé par le référendum du 20 septembre (51 % pour, 49 % contre), a plongé la Communauté dans l'incertitude. Partout les peuples se réveillent et se révoltent contre une Europe construite d'en haut, sans assez de contrôle démocratique. […]

Le vent de révolte populaire soulevé par le référendum français a gagné toute l'Europe. Les Espagnols s'inquiètent des sacrifices budgétaires qu'il va leur falloir consentir pour mériter la monnaie unique. En Allemagne, les ailes extrêmes des deux grands partis, chrétien démocrate et social démocrate, ainsi que les Verts, réclament un référendum, qu'ils savent pourtant interdit par la Constitution. Une courte majorité d'Allemands se déclarent pour l'Europe, mais deux tiers d'entre eux refusent d'abandonner leur fleuron, le DM(1), au profit de l'ECU. Deux Anglais sur trois se déclarent contre Maastricht. […]

Mais Paris a d'autres idées en tête pour couper court à ceux qui l'accusent de brader la souveraineté nationale.

Catherine Goybet, « Le Oui à Maastricht. Et après ? », Revue du Marché commun et de l'Union européenne, n° 361, septembre-octobre 1992.