Des territoires inégalement intégrés à la mondialisation
THEME 1 :
L'INEGALE INTEGRATION DES TERRITOIRES DANS LA MONDIALISATION
Question obligatoire :
Des dynamiques territoriales contrastées au sein de la mondialisation
Une transition économique inégale à Johannesburg
 
Johannesburg, symbole de la ville émergente
« Johannesburg est le meilleur symbole de l'émergence de la puissance sud-­africaine, à la fois sur le continent mais aussi à l'échelle mondiale. Première place financière africaine, tête d'un réseau de transport aérien de plus en plus performant, la ville constitue un pôle majeur d'attractivité des investissements étrangers – notamment à Sandton, deuxième Central Business District. […] Son économie – fondée initialement sur le secteur minier puis industriel dont le développement a été un réel atout pour la croissance de la ville – est désormais tournée vers le ­commerce mais surtout vers les services à plus haute valeur ajoutée, services aux entreprises, financiers ou encore immobiliers ».
Céline Vacchiani-Marcuzzo, « Le Cap, Durban, Johannesburg : trois métropoles face au défi de la mondialisation », Questions internationales, n° 71, janvier-février 2015.

La gentrification de Johannesburg

24 ans après la fin de l'apartheid, l'organisation spatiale de Johannesburg reste très largement marquée par les politiques raciales du régime ségrégationniste. Dans les années 1950, les populations noires ont été massivement relogées dans des quartiers en bordure des villes. En 1994, la transition a vu l'abolition des lois limitant la liberté d'installation des Noirs. A la suite de l'afflux de populations noires dans le centre, les Blancs ont préféré fuir dans les banlieues nord, opulentes et verdoyantes. Les grandes entreprises se sont installées à Sandton, nouveau quartier d'affaires ultramoderne. Tombé en décrépitude, le centre-ville connaît alors des niveaux de criminalité parmi les plus élevés du pays. Mais, certains bâtiments sont peu à peu rénovés et, lentement, les habitants reviennent. Le projet Jewel City vise à restaurer l'ancienne bourse aux diamants et à créer un nouveau quartier avec école, clinique, commerces et, bien sûr, sécurité renforcée. Mais cette effervescence fait aussi des mécontents. Noluthando Sithebe tient une boutique d'artisanat dans l'un des premiers quartiers à avoir été revitalisés. « Les nouveaux propriétaires sont blancs et ils veulent faire partir tous les commerces tenus par des Noirs », accuse la jeune femme, qui regrette la gentrification d'un quartier jusque-là consacré aux artistes et à la créativité.

Le Monde, 6 décembre 2018

Township d’Alexandra à Johannesburg
 
Le CBD de Johannesburg
Cet ancien quartier des affaires, inspiré de l’architecture américaine avec de haut gratte-ciels et des rues rectilignes, était le cœur des activités économiques de la ville jusque dans les années 1970.
Délaissé pendant toute la période de l’Apartheid à une catégorie pauvre de la population, le CBD est en cours de réhabilitation afin de le sécuriser et le rénover dans le but d’attirer une nouvelle classe, moins populaire.
 
Des quartiers nettement séparés entre villas et townships* (Primrose, dans l'est de la ville)
Les townships, quartiers hérités de la période d'apartheid, étaient réservés aux populations non blanches, et séparés des quartiers blancs par des zones tampons (route, voie ferrée, clôture, etc.). Ils sont caractérisés par de l'habitat formel mais aussi informel (construit illégalement, souvent avec des matériaux de récupération).
 
L'avénement des classes moyennes noires
Les quartiers de Masiphumelele (à gauche) et Lake Michelle (à droite), au Cap. Pendant l’Apartheid, les populations étaient assignées dans des quartiers en fonction de leur « race ». Aujourd’hui, la ségrégation n’a pas totalement disparu.
 
Urbanisation et pauvreté urbaine
Liée à des formes de marginalisation dans les pays occidentaux, la pauvreté urbaine ne régresse pas automatiquement avec l'émergence économique des pays en développement (PED). Si certains indices s'améliorent depuis 30 ans, les critères "multidimensionnelles" fondés sur les conditions de vie concrètes (comme l'habitat ou l'accès aux services de base) révèlent la permanence d'une pauvreté de masse dans les PED.
C'est en ville que les concentrations de pauvres sont les plus grandes. La pauvreté urbaine est souvent liée au bas coût et à la flexibilité du travail des migrants ruraux. La part de l'emploi informel tend à augmenter dans certains pays émergents comme le Mexique ou l'Inde (90% d'emplois sans contrat). Nombre des activités informelles urbaines sont pourtant connectéées à l'économie globalisée. Les citatdins pauvres jouent un rôle actif dans la production de services adaptés aux modes de vie urbains.
Les plus précaires ne peuvent compter que sur la force de travail familiale, enfants compris, ce qui entretient la spirale de la pauvreté. Pour éviter sa transmission intergénérationnelle, l'éduction est ciblée comme un outil prioritiare de "renforcement des capacités" '(selon la théorie d'Amartya Sen) et l'Organisation internationale du travail (OIT) a lancé un Programme international pour l'abolition du travail des enfans.
Elisabeth Dorier (dir.), "L'urbanisation du monde", La Documentation photographique, n°8125, sept-oct 2018