Mexique : le pays émergent qui se réforme, mais…
Avec un PIB de 1 259 milliards de dollars en 2013, le Mexique est la 14ème puissance économique mondiale, la 2ème en Amérique latine et la 5ème parmi les émergents, derrière les BRIC. Il dispose d'atouts économiques notables à l'image d'un vaste marché intérieur de 118 millions de consommateurs, d'une abondance de ressources naturelles (minières, énergétiques et agricoles) et d'une situation géographique idoine [parfait] pour jouer un rôle de plateforme d'exportation (…).
En dépit de ces remarquables attributs, la compétitivité du pays est grevée par des freins structurels subsistant depuis plusieurs décennies, faute, jusqu'il y a peu, de compromis entre les partis.
Parmi eux, la forte dépendance à l'activité nord-américaine (quasiment 80% de ses exportations sont destinées aux Etats-Unis) et aux revenus pétroliers (un tiers de ses recettes) constituent de sérieuses vulnérabilités. L'appareil productif mexicain est également affaibli par la prépondérance de l'informalité (environ 60% des emplois), des sous-investissements dans des domaines clés (R&D, infrastructures, capital humain) et le manque de concurrence dans certains secteurs (…)
De même, des mesures ont été prises sur le plan social pour combattre la pauvreté alimentaire via le programme phare de la « croisade contre la faim » et instaurer une pension de retraite pour les personnes âgées de plus de 65 ans ainsi qu'une assurance chômage.
Suscitant de nombreux espoirs de changement, à l'instar des agences de notation Standard & Poor's et Moody's qui ont relevé sa note de dette souveraine, ce programme de réformes structurelles ne devrait porter ses fruits qu'à moyen terme, comme l'a rappelé la moindre croissance de l'économie mexicaine en 2013 à 1,2% (contre 3,6% en 2012).
Jérémie None, article publié dansLa Tribune, 10 avril 2014
La position géographique du Mexique lui permet d'avoir une relation économique et commerciale privilégiée avec les États-Unis. Riche en ressources minérales et agricoles, il fut 2017 premier producteur mondial d'argent, 12ème de pétrole. Le pays compte des groupes industriels dynamiques et internationalisés, une main d'œuvre bon marché, sur laquelle il a fondé sa compétitivité à l'exportation. Cependant, il accuse d'importants retards en termes de développement social et humain : ainsi 43,6% de la population vivaient en-dessous du seuil de pauvreté en 2016.
D'après www.tresor.economie.gouv.fr (Mexique), 2 018
La variable démographique est un élément clé dans le développement mexicain. De 1950 à 1975, la population est passée de 27,7 à 60,7 millions. Dans ce contexte, l'exode rural et l'immigration mexicaine ont constitué une issue de secours. Cette période a coïncidé avec une étape florissante pour l'économie, connue sous le nom de « miracle mexicain », sous l'égide d'un Etat interventionniste. La croissance économique, génératrice d'emploi dans les villes, et les migrations ont permis d'équilibrer, dans une certaine mesure, la croissance explosive de la population.
La contrôler a constitué un vrai défi. En 1974, a été promulguée une loi qui prétendait contrôler la croissance de la population avec des « programmes de planification familiale à travers des services éducatifs et de santé publique ». Elle a été un succès : le taux de natalité est passé de 6,5 enfants par femme en 1975, à 2,2 en 2010.
D'après J. Durand, « La dynamique migratoire au Mexique », trad. de B. Toro, Hommes et migrations, 2012La pauvreté au Mexique
Au Mexique, 2ème puissance économique d'Amérique latine après le Brésil, près de la moitié des 118 millions d'habitants vivent en situation de pauvreté. C'est le seul pays de la région où le salaire minimum est inférieur au seuil de pauvreté ; il représente 66% de ce seuil, selon la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes.
Dépêche AFP ,6 août 2014
L'émergence d'une classe moyenne n'a pas mis fin au problème de la pauvreté. Celle-ci touche inégalement les groupes sociaux les territoires. C'est en ville que les pauvres sont les plus nombreux et les formes de ségrégation socio-spatiale les plus visibles.
Les inégalités de revenus se combinent avec une plus grande exposition aux risques industriels et environnementaux, les conditions de logements précaires, des problèmes de transport pour accéder à l'emploi, l'absence de service et d’espaces verts. Ces différents facteurs rendent difficile la sortie de la pauvreté faute d'accès à l'éducation et à la santé. C'est donc là que s'enracinent les économies parallèles, les groupes criminels, les réseaux de drogue qui trouvent facilement dans les quartiers pauvres une main d'œuvre prête à tout.
La violence est très présente, elle est liée aux acteurs armés (guérilla, paramilitaires et milices), au crime organisé, mais il s'agit aussi d'une violence locale liée à la pauvreté.
M.S. Prévôt-Schapira, S. Velut, « Amérique latine, défis de l'émergence », Documentation photographique, n°8089, La documentation française, 2 012