Les régimes totalitaires en fonctionnement
THEME 1 : FRAGILITES DES DEMOCRATIES, TOTALITARISMES ET SECONDE GUERRE MONDIALE (1929-1945)

Chapitre 2 : Les régimes totalitaires
Consigne : A l'aide des documents proposés dans votre onglet, répondez aux différentes questions puis complétez la partie de la carte mentale correspondant à votre groupe de travail
QUESTIONS :
1) Par quels moyens les régimes totalitaires cherchent-ils à faire adhérer les populations à leurs idées ?
2) Quels sont les différents vecteurs par lesquels circule la propagande des régimes totalitaires ?

3) Quelle place occupe la jeunesse dans un régime totalitaire ? Pour quelles raisons ?

4) Montrez que la société dans un régime totalitaire connait un embrigadement de masse, notamment lors de grands rassemblements, dont l’objectif est l’annihilation de l’individu.

5) Pourquoi l'embrigadement de la population est-il essentiel pour les régimes totalitaires ?

ALLEMAGNE : L'encadrement des loisirs
Affiche de l'organisation nazie Kraft durch Freude ("Force par la joie"), 1938
Kraft durch Freude a pour mission l'organisation des loisirs des travailleurs allemands
 

ITALIE : L'encadrement des loisirs

L’Opera Nazionale Dopolavoro (« Œuvre nationale du temps libre ») est un organisme d’État.

Tous les bâtiments, avec leurs vestiaires, leurs bains, leurs douches, leurs cabines, sont organisés pour le sport. Et, sur les murs, partout des phrases du Duce (…) engageant les jeunes athlètes de l'Italie moderne à « reprendre les traditions glorieuses de Rome » (…).

Les enfants prennent 4 repas au Dopolavoro payés entièrement par l’État. Ils bénéficient de l'assistance médicale gratuite (…) et peuvent librement jouer en dehors des exercices religieux et des exhortations patriotiques (…). En dehors de leurs heures de travail, leurs parents viennent les rejoindre, et toute la famille se retrouve pour telle représentation théâtrale en plein air ou telle rencontre sportive d'importance (…).

Ce qui me déconcerte le plus vivement dans cette organisation (…), c'est son exclusivisme fasciste. A peine mes amis italiens - tant la chose leur semble normale – songent-ils à me rappeler que seuls les ouvriers possédant leur carte de membre du Parti national fasciste peuvent être inscrit au Dopolavoro (…). En pratique, l'ouvrier italien n'est pas libre d'adhérer ou de refuser son adhésion à tout l'ensemble : l’État italien contrôle, oriente et dirige dans sa vie jusqu’à ses loisirs (…)

Témoignage d'un Français sur un centre de loisirs de l'OND, rapporté dans la revue Études, 5 avril 1937
Les pavillons nazi et soviétique à l'exposition universelle de 1937 à Paris
À gauche, le pavillon soviétique surmonté de la statue « L'Ouvrier et la Kolkhozienne », à droite, le pavillon nazi portant l'aigle et la croix gammée.
Lors de l'exposition universelle de Paris, nazis et Soviétiques construisent deux pavillons présentant une forte ressemblance architecturale notamment par leur monumentalité.
 

ALLEMAGNE : La jeunesse embrigadée

« Cette jeunesse doit apprendre uniquement à penser allemand et à agir en Allemand. Quand ces jeunes garçons et ces jeunes filles entrent dans nos organisations à l’âge de 10 ans, ils reçoivent et sentent un air frais, souvent pour la première fois ; quatre ans après, ils passent de la Jungvolk à la Hitlerjugend et là nous les tenons encore pour quatre ans. Nous les prenons immédiatement dans le parti, dans le Front du travail, dans la SA ou dans la SS. Et si, après avoir passé là encore deux ans ou deux ans et demi, ils ne sont pas encore devenus de vrais nationaux-socialistes, alors nous les soumettrons au service du travail obligatoire […] ainsi ils ne seront plus jamais libres pour toute leur vie. »

Discours d’A. Hitler, 2 décembre 1938


Affiche de propagande pour les Jeunesses hitlériennes, 1935.

"Dehors les perturbateurs de la paix ! Unité de la jeunesse dans les Jeunesses hitlériennes!"
ITALIE :La discipline fasciste inculquée aux enfants

Les groupes de garçons (ici de 14 à 18 ans) sont encadrés par la milice dans ce qui ressemble à une préparation militaire.
« 2. Si tu n'es pas prêt à te donner corps et âme à la Patrie, laisse le Fascisme. Le Fascisme rejette les tièdes et les mous. […]
6. Il ne faut pas croire que la discipline soit seulement une vertu pour le soldat sous les drapeaux ; elle doit être l'habitude de tous les jours et de toutes les circonstances ; elle est la vertu de base de toute hiérarchie. Un mauvais fils, un élève négligeant, un citoyen inerte ou querelleur sont de mauvais fascistes. […]
9. Les bonnes actions, comme les actions de guerre, ne se font pas à moitié. Porte-les jusqu'aux extrêmes conséquences. »
« Les dix commandements des Avant-gardistes », 1927 (trad. P. Foro).

La construction de l'image du Duce
Extrait d'un manuel scolaire, Rome, Librairie d'État, 1938.
« Benito Mussolini aime beaucoup les enfants. Les enfants d'Italie aiment beaucoup le Duce. Vive le Duce ! Salut au Duce : à nous ! Chaque matin, les enfants italiens ont une pensée vers le ciel pour le Duce. Ô bon Dieu, que soit béni notre Duce ! Maintenant et à jamais, défendez-le du mal et aidez son œuvre maintenant et à jamais. Pour la paix de l'Italie et du monde, béni soit notre Duce et le bon Dieu. »

L'école est aussi mobilisée pour faire des enfants de bons fascistes, par les discours des instituteurs et par les illustrations des manuels scolaires.
ITALIE : L'architecture au service de fascisme
Façade du palais Braschi à l'occasion d'un plébiscite organisé par le régime, Rome, 1932
 
ALLEMAGNE : Le rôle de la propagande

« Il est sans doute bon de se reposer sur la force des armes, mais il est meilleur et plus joyeux de conquérir et de conserver le cœur du peuple » (Joseph Goebbels, ministre de la propagande d’Hitler)


Affiche de propagande nazie, 1936

A partir de 1933, un poste de radio à prix modéré est commercialisé en Allemagne à la demande de Joseph Goebbels, ministre de la Propagande : le Volksempfänger (« récepteur du peuple »). En 1939, on comptait 12 millions de postes pour 68.5 millions d’Allemands

ALLEMAGNE : Le congrès de Nuremberg en 1937

Un stade immense a été construit, dans cette architecture quasi mycénienne qu’affectionne le IIIème Reich. Sur les gradins, il peut tenir 100 000 personnes assises. Les étendards à croix gammée, sous le soleil éclatant, claquent et brillent. Et voici venir les Bataillons du travail, les hommes de l'Arbeitskorps, par rang de 18, musique et drapeaux en tête, la pelle sur l'épaule (…). On présente les pelles et la messe du travail commence.

- Êtes-vous prêt à féconder la terre allemande ?

- Nous sommes prêts.

Ils chantent, le tambour roule, on évoque les morts, l'âme du Parti et de la nation est confondue, et enfin le maître achève de brasser cette foule énorme et d'en faire un seul être, et il parle (…).

C'est la nuit. Le stade immense est à peine éclairé de quelques projecteurs qui laissent deviner les bataillons massifs et immobiles de SA vêtus de brun. Entre leurs rangs des espaces sont ménagés. L'un d’eux, plus large que les autres, forme une sorte d’avenue, qui mène de l'entrée du stade à la tribune où passera le Führer (…).

Il est très exactement 8h quand le Führer entre, suivi de son état-major, gagne sa place sous la rafale des acclamations de la foule. A l'instant précis où il franchissait le stade, 1000 projecteurs, autour de l'enceinte se sont allumés, braqués verticalement sur le ciel (…).

Avant et après le discours d’Hitler qui fait dans cette foule muette des remous de bras tendus et de cris, on chante.

Robert Brasillach (écrivain français d'extrême droite, fusillé en 1945), Notre Avant-guerre, 1941

Photographie du chancelier Hitler au Congrès du Parti nazi de Nuremberg en 1937
ITALIE : Le rôle de la propagande

« La masse, pour moi n’est rien d’autre qu’un troupeau de moutons tant qu’elle n’est pas organisée » (Benito Mussolini)


L'inauguration de Cinecittà par Mussolini

Benito Mussolini à l'inauguration du siège de l'Institut cinématographique Luce de Cinecittà, Rome, 10 novembre 1937


Les studios de cinéma Cinecittà (« la cité du cinéma ») sont fondés en 1937 par Mussolini afin de servir la propagande* du régime fasciste. Ils produisent plus de 300 films jusqu'en 1943.
URSS : La propagande pour tenir les masses

Syndicaliste anglais, Walter Citrine rencontre ici de jeunes kolkhoziens (1) lors d'un voyage en Urss.
Pourquoi sont-ils si enthousiastes ? me demandai-je. Ils sont pauvrement vêtus. Ils ne sont même pas bien nourris. Tous ont l'air affamé... Se croient-ils vraiment les maîtres du pays ? s'imaginent-ils vraiment que quelque chose les attend, tout près qui vaille la peine? Je songe à la méthode communiste : s'emparer des enfants dès la crèche, les suivre dans les jardins d'enfants puis à l'école, les enrôler ensuite dans les pionniers et les jeunes komsomols. Toujours les tenir en main par une propagande incessante ! La propagande ! La propagande ! Du matin au soir. Par la TSF, le film, l'image, l'affiche, le manuel, elle les poursuit partout.
Walter Citrine, A la recherche de la vérité en Russie, 1937

(1) Les Kolkhozes sont des exploitations agricoles collectives en Urss
URSS : La paysannerie joyeuse des kolkhozes
Arkadi Alexandrovitch Plastov, Fête du kolkhoze, huile sur toile, 188 x 307 cm, 1937. Saint-Pétersbourg, Musée national russe.

Le peintre officiel de la paysannerie russe célèbre ici la collectivisation lancée par Staline au début des années 1930 dans une vision idyllique de la vie kolkhozienne.
 
URSS : Une cérémonie grandiose à la gloire du Parti et de son chef
Photographie de la grande parade de la jeunesse soviétique sous les portraits de Lénine et de Staline, place Rouge (Moscou), juin 1935
 

URSS : le rôle du Komsomol

Que signifie faire adhérer au komsomol ? Cela signifie donner aux jeunes une formation marxiste-léniniste, (…) lui permettre de diriger idéologiquement un groupe de jeunes, faire en sorte qu'il devienne un modèle pour tous les autres, aussi bien dans son travail que dans sa vie privée (…). Les principales formes de notre travail seront :

- L'animation du « coin rouge » : les komsomols rassembleront les jeunes du village autour du « coin rouge » pour des discussions sur des thèmes du genre : Qu'est-ce que le Parti ? (…)

- La régénérescence des fêtes de village : durant les fêtes de Noël ou de mardi gras, il y aura des fêtes de jeunes (…). La cellule devra s'efforcer d'introduire des correctifs à ces fêtes : chansons révolutionnaires, jeux nouveaux (…). Il faut lire des articles du journal L’Athée (…)

- Liquidation de l'analphabétisme : la cellule fera venir les éléments les plus attardés de la jeunesse (ouvriers agricoles, bergers, jeunes filles) et organisera la prise en charge individuelle de chaque analphabète par un komsomol instruit.

Instructions d'une cellule des jeunesses communistes, 1927