ITALIE : Le rejet des valeurs libérales et démocratiques
Mussolini livre en 1932 une définition théorique de la doctrine fasciste dans un ouvrage destiné au grand public, rédigé en grande partie par un philosophe rallié au fascisme : Giovanni Gentile
Le fascisme nie que le nombre, par le seul fait d’être nombre, puisse diriger les sociétés humaines : il nie que ce nombre puisse gouverner grâce à une consultation périodique. Il affirme l’inégalité ineffaçable, féconde, bienfaisante des hommes, qu’il n’est pas possible de niveler grâce [au] suffrage universel. On peut définir les régimes démocratiques comme ceux qui donnent au peuple, de temps en temps, l’illusion de la souveraineté (…). Mais, si la démocratie (…) signifie ne pas refouler le peuple en marge de l’État, le fascisme a pu être défini par celui qui écrit ces lignes comme une « démocratie organisée, centralisée et autoritaire » (…).
Pour le fasciste, tout est dans l’État. Dans ce sens, le fascisme est totalitaire, et l’État fasciste, synthèse et unité de toute valeur, interprète, développe, donne puissance à la vie tout entière du peuple. Ni groupements (partis politiques, associations, syndicats), ni individus en dehors de l’État (…). L’État fasciste n’est pas un simple mécanisme destiné à limiter les libertés individuelles. Il est (…) une discipline totale.
ITALIE : Les lois « fascistissimes »
Aux élections d’avril 1924, les fascistes obtiennent la majorité à la Chambre. En faisant voter les lois dites « fascistissimes », Mussolini transforme le régime parlementaire en un régime totalitaire
Art. 4 – Le nombre, la formation et les attributions des ministères sont établis par décret royal, sur proposition du chef du Gouvernement (…)
Art. 6 – Aucun objet ne peut être inscrit à l’ordre du jour de l’une des deux chambres sans l’accord du chef du Gouvernement.
Le chef du Gouvernement peut demander qu’une proposition de loi rejetée par l’une des deux chambres soit mise aux votes 3 mois après le 1er scrutin. Dans ce cas, sans débat, le vote a lieu à scrutin secret (…)
Art. 9 – Quiconque commet un acte dirigé contre la vie, l’intégrité ou la liberté du chef du Gouvernement est puni d’une réclusion de 15 ans au moins et, si cet acte a été suivi d’effet, de la réclusion à perpétuité.
Quiconque, par la parole ou par un acte, offense le chef du Gouvernement est puni de 6 à 30 mois de réclusion ou de détention et d’une amende de 500 à 3 000 lires.
Extraits de la loi du 24 décembre 1925, 1ère des lois « fascistissimes »
ALLEMAGNE : L'établissement de la dictature
Ordonnance « pour la protection du peuple et de l’État », 28 février 1933
« Sur la base de l'article 48 de la Constitution du Reich, les dispositions suivantes sont ordonnées pour contrer les violences communistes (1) qui mettraient l’État en danger.
Il est désormais possible de restreindre les droits à la liberté personnelle, à la liberté d'opinion, à la liberté de la presse, à la liberté de s'organiser et de se rassembler, à la confidentialité des communications postales, télégraphiques et téléphoniques. Les mandats pour les perquisitions ainsi que les ordonnances pour les confiscations et les limitations de propriété sont possibles. »
Loi du 24 mars 1933
« Les lois du Reich peuvent être ordonnées par le gouvernement du Reich (…)
Les lois du Reich ordonnées par le gouvernement du Reich peuvent déroger à la Constitution (…)
Les accords à objet législatif conclus par le Reich avec des États étrangers ne nécessitent aucune approbation par les instances participant à la législation. Le gouvernement du Reich édicte la réglementation indispensable à l'application de ces accords. »
Loi du 14 juillet 1933
« Le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (2) constitue le seul parti politique d'Allemagne. Quiconque entreprend de maintenir la structure d'un autre parti politique ou de former un autre parti politique sera puni d'une peine pouvant aller jusqu’à 3 ans de travaux forcés ou de 6 mois à 3 ans de prison »
URSS : Un parti unique tout puissant
Je passe à la question du Parti. Le présent congrès se tient sous le signe de la victoire complète du léninisme, sous le signe de la suppression des débris des groupements anti-léninistes. Si, au XVème congrès (1), il fallait encore démontrer la justesse de la ligne du Parti et combattre certains groupements anti-léninistes ; si au XVIème congrès, il fallait donner le coup de grâce aux derniers adeptes de ces groupements (2), il n'y a plus rien à démontrer à ce congrès, ni, je crois, personne à battre. Tout le monde se rend compte que la ligne du Parti a triomphé…
Camarades, on peut dire que les débats du congrès ont montré la complète unité de conception de nos dirigeants du Parti dans toutes les questions de la politique du Parti. Il n'a été fait, comme vous le savez, aucune objection au rapport. Une parfaite cohésion, tant au point de vue idéologique et politique, qu’au point de vue de l'organisation s'est donc manifestée dans les rangs de notre Parti. Je me demande si un discours de conclusion est bien nécessaire après cela. Je pense que non. Permettez-moi alors d’y renoncer…
Staline, Rapport au XVIIème congrès du Parti communiste, janvier 1934
(1) En 1927, éviction de Trotski
(2) En 1930, mise au pas de Boukharine et de la « droite »