Les régimes totalitaires en fonctionnement
THEME 1 : FRAGILITES DES DEMOCRATIES, TOTALITARISMES ET SECONDE GUERRE MONDIALE (1929-1945)

Chapitre 2 : Les régimes totalitaires
Consigne : A l'aide des documents proposés dans votre onglet, répondez aux différentes questions puis complétez la partie de la carte mentale correspondant à votre groupe de travail
QUESTIONS :

1) Caractérisez les trois idéologies (le rôle de l’État, le rôle du chef, les droits et devoirs du peuple)

2) En quoi l’idéologie représente une remise en cause des principes démocratiques ?

3) Quel élément idéologique supplémentaire le nazisme ajoute-t-il ?

4) Montrez que les régimes totalitaires ont le projet commun de forger un homme nouveau.

5) Montrez que l'homme nouveau désiré présente des spécificités propres à chaque régime.

ITALIE : Un citoyen soldat
Affiche réalisée pour l'exposition de la révolution fasciste à Rome, 1933
 

ITALIE : L'idéologie fasciste


La base de la doctrine fasciste est la conception de l’État. Pour le fascisme, l’État est un absolu en face l'individu et les groupes sont le relatif. Sans l’État, il n'y a pas de nation. Pour le fasciste, tout est dans l’État et rien d'humain et de spirituel n'existe hors de l’État, pas d'individus, pas de groupes (partis, associations, syndicats, classes). C'est pourquoi le fascisme s'oppose au socialisme (communisme soviétique) qui ignore l'unité de l’État.

Le fascisme s'oppose à la démocratie. Il nie que le nombre puisse gouverner grâce à une consultation périodique.

Benito Mussolini, Œuvres et discours, Flammarion, 1938

ITALIE : La révolution fasciste et l'homme nouveau

Le fascisme veut l'homme actif, engagé dans l'action de toutes ses énergies : il le veut virilement conscient des difficultés et prêt à les affronter. Il conçoit l'existence comme une lutte, convaincu qu'il appartient à l'homme de se conquérir une vie véritablement digne de lui en créant en lui-même d'abord, les instruments (physiques, moraux et intellectuels) nécessaires à cette édification. Et cela est vrai pour l'individu lui-même, pour la nation et pour l'humanité (...).
Le libéralisme niait l’État dans l’intérêt de l'individu ; le fascisme réaffirme l’État comme véritable réalité de l'individu. Et, si la liberté doit être l'attribut de l'homme réel, et non du fantoche abstrait auquel pensait le libéralisme individualiste, le fascisme est pour la liberté. Il est pour la seule liberté qui puisse être chose sérieuse, la liberté de l’État et de l'individu dans l’État (...).
Au total, le fascisme n'est pas seulement législateur et fondateur d'institutions; il est aussi éducateur et promoteur de vie spirituelle. Il veut refaire non pas les forces de la vie humaine, mais son contenu : l'homme, le caractère, la foi. Et à cette fin, il veut une discipline et une autorité qui pénètrent dans les esprits et y règnent sans partage. C'est pourquoi son insigne est le "faisceau des licteurs", symbole de l'unité, de la force et de la justice.

Benito Mussolini, La Doctrine fasciste, trad. C. Belin, Vallechi, 1938

ALLEMAGNE : Le national-socialisme

« L’ennemi mortel, impitoyable, du peuple allemand est et reste la France. Car la contamination provoquée par l’afflux de sang nègre sur le Rhin répond aussi bien à la soif de vengeance de cet ennemi héréditaire de notre peuple qu’au froid calcul du Juif. Le Juif y voit le moyen de commencer le métissage du continent européen en infectant la race blanche avec le sang d’une basse humanité».
Adolf Hitler, Mein Kampf, 1925

«Tout ce que nous avons aujourd’hui devant nous de civilisation humaine, de produits de l’art, de la science, de la technique est presque exclusivement le fruit de l’activité créatrice des Aryens. (...). La conception raciale ne croit nullement à l’égalité des races, mais reconnaît au contraire leur diversité et leur valeur plus ou moins élevée. (...) Les Aryens ont été les seuls fondateurs d’une humanité supérieure, celle qui a créé la civilisation».

Adolf Hitler, Mein Kampf, 1925

ALLEMAGNE : Un programme raciste et antisémite

Élaboré par Adolf Hitler qui prend la tête du parti, ce programme constitue le socle de l'action du NSDAP pendant les années 1920.
« 1. Nous demandons la constitution d'une Grande Allemagne, réunissant tous les Allemands sur la base du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
2. Nous demandons l'égalité des droits du peuple allemand au regard des autres nations, l'abrogation des traités de Versailles et de Saint-Germain. […]
4. Seuls les citoyens bénéficient des droits civiques. Pour être citoyen il faut être de sang allemand, la confession importe peu. Aucun Juif ne peut donc être citoyen. […]
8. Il faut empêcher toute nouvelle immigration de non-Allemands. Nous demandons que tous les non-Allemands établis en Allemagne depuis le 2 août 1914 soient immédiatement contraints de quitter le Reich. […]
25. Pour mener tout cela à bien, nous demandons la création d'un pouvoir central puissant, l'autorité absolue du Comité politique sur l'ensemble du Reich et de ses organisations […].
Les dirigeants du parti promettent de tout mettre en œuvre pour la réalisation des points ci-dessus énumérés, en sacrifiant leur propre vie si besoin. »

Adolf Hitler, programme en 25 points du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP), Munich, 1920 (trad. G. et L. Marcou).
Un homme nouveau né de la Grande Guerre

Ce projet d'homme nouveau a des origines diverses (...). Il ne se dissocie pas des appels à la régénération de l'homme par la guerre qui retentissent dans l'Europe d'avant 1914. Emilio Gentile (1) a montré à cet égard comment s'était diffusé alors un culte de l'esprit martial propre à régénérer l'homme moderne, conformément à une vision positive de la guerre. "L'homme martial moderne, écrit-il dans L'Apocalypse de la modernité, était le citoyen dévoué à la nation dans chaque moment de son existence, formé à dépasser son propre individualisme pour aller dans le sens collectif du bien commun". Cet homme sort donc aussi de l'événement matriciel qu'a constitué la guerre de 1914 pour les fascismes (...). Au-delà des différents modèles qui prennent la forme de prototypes d'individus parfaits (le guerrier antique ou moderne ; le travailleur et l'athlète qui livrent eux aussi un combat) (...), il s'agit, comme son homologue soviétique, d'un "homme collectif organisé" (E. Gentile) destiné à s'identifier avec la communauté de masse élue par l'histoire et la biologie.

Bernard Bruneteau, Les totalitarismes, Armand Colin, 2014 pour la 2ème édition, Paris

(1) Historien italien, spécialiste du fascisme (né en 1946)
ALLEMAGNE : Une conception raciale du rôle des femmes
« Un peuple nouveau », calendrier pour l'année 1938 de l'Office de politique raciale du parti nazi, 1937.
 
URSS : Le marxisme-léninisme, idéologie totalitaire ?

Dans un ouvrage publié en août 1917 Lénine légitime, au nom de la révolution, la violence de classe.
« Démocratie pour l'immense majorité du peuple et répression par la force, c'est-à-dire exclusion de la démocratie pour les exploiteurs, les oppresseurs du peuple ; telle est la modification que subit la démocratie lors de la transition du capitalisme au communisme.
C'est seulement dans la société communiste, lorsque la résistance des capitalistes est définitivement brisée, que les capitalistes ont disparu et qu'il n'y a plus de classes (c'est-à-dire plus de distinctions entre les membres de la société quant à leurs rapports avec les moyens sociaux de production). […] Ainsi donc, en société capitaliste, nous n'avons qu'une démocratie tronquée, misérable, falsifiée, une démocratie uniquement pour les riches, pour la minorité.
La dictature du prolétariat, période de transition au communisme, établira pour la première fois une démocratie pour le peuple, pour la majorité, parallèlement à la répression nécessaire d'une minorité d'exploiteurs. Seul le communisme est capable de réaliser une démocratie réellement complète. »

Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine, L'État et la Révolution, Moscou, 1917.
URSS : Construire l'homme : un projet communiste

La question des moyens d'éduquer et de régler, d'améliorer et de parachever la construction physique et spirituelle de l'homme est un problème colossal qui n'est concevable que sur la base du socialisme. Nous pouvons construire un chemin de fer à travers le Sahara, nous pouvons construire la Tour Eiffel et parler directement avec New York : nous ne pouvons certainement pas améliorer l'homme.
Mais si, nous le pouvons ! Produire une "version améliorée", nouvelle, de l'homme : telle est la tâche future du communisme. Et pour cela, il nous faut d'abord tout savoir de l'homme, de son anatomie, de sa physiologie et de cette partie de la physiologie que l'on appelle la psychologie. L'homme doit se regarder et se voir comme une matière première, ou au mieux, comme un produit semi-manufacturé, et dire : "Enfin, mon cher homo sapiens, je vais travailler sur toi".

Léon Trotski, Pierre Broué pour les Éditions de Minuit, Les Œuvres, en français, 27 vol., 1978-1987
URSS : Le modèle de l'ouvrier socialiste
"Nous déferons l'ennemi avec l'acier. En travaillant dur, nous aurons du pain. Tous au travail, camarades ! "
Illustration de Nikolaï Kogout, 1920, Tate Collection, Londres