Les espaces ruraux : multifonctionnalité ou fragmentation?
Questions : 1) Quelle est le poids de la population rurale et des espaces ruraux au sein de la société éthiopienne ? 2) Quelles sont les formes que prends la diversité des espaces ruraux éthiopiens ? Comment pouvez-vous l'expliquer ? 3) Quelles sont les difficultés auxquelles se heurte l'agriculture vivrière éthiopienne ? Quels sont néanmoins ses progrès ? 4) Quelle est l'ampleur des mutations des espaces ruraux éthiopiens ? De quelle manière les espaces ruraux sont-ils touchés par la multifonctionnalité ? 5) Quels sont les défis sociaux et environnementaux qui pèsent sur les espaces ruraux éthiopiens ? 6) En quoi les paysans et l'agriculture vivrière sont-ils menacés par l'ouverture du secteur à des acteurs étrangers ? 7) En quoi la pratique du land grabbing constitue-t-elle une forme de conflit d'usage ?
Des espaces ruraux traditionnels mais diversifiés
 
Une économie tournée vers l’agriculture.
​Deuxième pays le plus peuplé du continent africain [...], l'Éthiopie a connu, ces dernières années, une croissance annuelle proche de 10% [...]. C'est un pays éminemment agricole (rôle central de l'agriculture dans l'économie et la vie sociale du pays : 41 % du PIB, 60 % des exportations, 80 % des emplois) et encore très peu industrialisé (15 %).
D'après www.tresor.economie.gouv.fr. février 2016. Un paysan cultive son champ dans les hautes terres éthiopiennes (Lelivrescolaire.fr, 2016, 5e, p.238).
Progrès et difficultés de l'agriculture vivrière
 
Quel choix de développement agricole pour l'Ethiopie du XXIème siècle
 
Extraits de l’entretien d’Haddis Tadesse, représentant en Éthiopie de la fondation Bill et Melissa Gates, avec Afrique Renouveau «Plusieurs facteurs expliquent les bonnes performances de l'agriculture. Le secteur a un impact significatif sur l'économie du pays, puisqu’il représente 45 % du PIB et 80 à 85 % des emplois, et constitue l'une des principales sources dematières premières destinées à l'exportation. (...) Des efforts ont été mis en œuvre par tous les acteurs pouvoirs publics, bailleurs de fonds, agriculteurs et autres parties prenantes pour changer les choses. (...) Le pays bénéficie aujourd'hui de meilleures semences, de meilleures techniques de gestion, de plus de fertilisants et d'un meilleur accès aux marchés continentaux et internationaux qu'il y a 20 ans. (...) [L’Agricultural Transformation Agency] emploie du personnel technique hautement qualifié et capable d'impulser le processus de transformation. L'Éthiopie consacre systématiquement 10 à 17 % de son budget à l'agriculture. Un autre aspect intéressant est celui de la résistance acquise face à l'insécurité alimentaire. Le déploiement d’un réseau de distribution d’aliments et de systèmes d'alerte rapide a permis de réduire au minimum le nombre de personnes affectées, même en cas de sécheresse.» Source: Masimba Tafirenyika, Afrique Renouveau, août 2015

Vers l'intégration à la filière agroalimentaire ?

Afin de répondre à la demande croissante de bière en Éthiopie, Boortmalt Malting (1) va ouvrir une malterie dans le parc industriel de Debre Berhan. Cet investissement ouvre des opportunités pour développer la culture de l'orge de malt, qui pourrait améliorer les moyens de subsistance de 20 000 à 40 000 petits exploitants agricoles dans le pays et aider l'Ethiopie à éradiquer la pauvreté. Boortmalt est un acheteur fiable et important qui peut renforcer la chaîne de valeur de l'orge en créant des liens avec lesagriculteurs, les coopératives et les intermédiaires. Malgré la construction denombreuses brasseries ces dernières années, l'Ethiopie couvre moins de 50% deses besoins en malt. L'arrivée de Boortmalt va accroître la motivation des petits exploitants en créant des opportunités durables pour écouler leur production et en les liant aux industries de transformation agroalimentaire. D'ici 5 ans, l'Ethiopie pourra satisfaire sa demande intérieure et commencer à exporter de l'orge de malt.

D'après Boortmalt Malting Set to Open Malt Factory in Ethiopia, newbusinessethiopia.com, 26/11/2017
Une ferme caféière dans l'Oromia
L'Ethiopie est le premier exportateur africain de café. Elle exporte également du thé et des épices. Ces productions sont souvent le fait de fermes modernes comme celle-ci dont on peut voir les plateaux de séchage du café.
 
Éthiopie : la chute des prix du café pèse sur les producteurs
Le café fait vivre des milliers de producteurs en Éthiopie. Le pays fait face à une forte chute des prix.
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Éthiopie : la permaculture, clé de la prospérité en milieu rural
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Les effets de la déforestation
L’Éthiopie est l’une des régions les plus touchées par la déforestation. En 50 ans, le pays a perdu plus de 90 % de ses forêts. Celle-ci était pourtant abondante et couvrait 60 % de la surface du pays. [...] Cette perte rapide a des conséquences lourdes pour la biodiversité mais surtout pour les hommes, car elle entretient le cercle vicieux de la faim. Le déboisement des sols accélère l’érosion1 et les rend infertiles. La sécheresse et l’aridité rendent difficile voire impossible toute culture. [...] L’objectif de la fondation Green Ethiopia est de replanter rapidement un million d’arbres dans la région du Tigré.
D’après « Green Ethiopia ambitionne de reboiser l’Éthiopie », Le Figaro.fr, 15 octobre 201

L'engouement pour le teff, atout ou problème ?

C'est ce que les anglophones nomment superfood. Le teff, une graine cultivée depuis environ 3000 ans en Éthiopie, est pleine de nutriments : riche en fer, en minéraux, sans gluten. En apparence, l’intérêt mondial soudain pour le teff devrait être une excellente nouvelle. Une croissance de la demande signifie plus de ventes et lance un cercle vertueux, dont les producteurs éthiopiens de teff devraient être les premiers bénéficiaires. Mais les choses ne sont en réalité pas si simples. Le gouvernement éthiopien craint de subir à son tour les effets d'une « fièvre du quinoa » qui empêche les habitants de Bolivie et du Pérou de consommer cette graine à cause de la hausse de son prix.
En Éthiopie, 1 habitant sur 10 a eu besoin d'une aide alimentaire en 2016, selon les chiffres gouvernementaux. Une hausse du prix du teff pourrait donc avoir des conséquences désastreuses.

D'après C. Belsœur, « Avec le succès du teff, l’Éthiopie craint d'être victime de la fièvre du quinoa », Slate Afrique, 14/10/2016

La marchandisation des terres agricoles

On assiste depuis une vingtaine d'années à un envol des investissements internationaux dans le foncier agricole (1), qualifié d'accaparement des terres (ou land grabbing), avec, en toile de fond, une menace pesant sur la souveraineté alimentaire de la nation ou d'un groupe de pays. Sur la période 2002-2018, plus de 45 millions d’hectares de terres ont été appropriés par des
étrangers. La période récente laisse concevoir un plafonnement du processus. L'impact des mouvements paysans de contestation a exercé un effet notoire.

Dans leur grande majorité, les investisseurs sont d'abord des entreprises cotées en bourse (18%), d'autres entreprises privées (16%) et les fonds d'investissement (15%). Viennent ensuite des Etats à hauteur de 20%, puis les entrepreneurs individuels pour 7%. Les transactions réalisées sont majoritairement destinées aux cultures dont la production peut être orientée vers les agrocarburants ou vers des usages alimentaires (canne à sucre, maïs, soja et huile de palme).

Mais les répercussions humaines peuvent être importantes. C'est pourquoi la vague d'investissements directs dans le foncier attise parfois les rapports de force et bloque les réformes agraires visant à faciliter l'accès à la terre pour les paysans qui en sont dépourvues. En acquérant des hectares de terres cultivables, majoritairement dans les pays de l'hémisphère Sud, les
investisseurs font de la marchandise échangée - la terre - un objet de transactions, une chose inerte, échappant ipso facto aux relations sociales qui, jadis, furent le substrat d'identités, d'équilibres, de croyances…

Thierry Pouch, économiste et chercheur, « L'appropriation des terres agricoles, nouvelle étape de la mondialisation », L'économie politique, n°78, avril 2018

(1) Ensemble des surfaces relavant d’une propriété (publique ou privée) mises en valeur à des fins agricoles

L'accaparement des terres
Dans le Gambela, 42% des terres ont été confisquées. Les habitants ont été chassés par la police et l'armée (300 morts). Le groupe saoudien Saudi Star a acquis des terres pour préserver les ressources naturelles de l'Arabie Saoudite, dont l'eau ; l'Europe, les Etats-Unis et Israël pour la production d'agrocarburants. D'après Agnès Stienne, "Une réforme dévoyée. Terres volées de l'Ethiopie", Le Monde diplomatique, décembre 2013

 
Une manifestation d'une délégation éthiopienne contre le land grabbing (Bruxelles, 2014)
L'Ethiopie es le 7ème pays le plus concerné par le land grabbing en superficie, selon Landmatrix, regroupement de 5 organisations internationales indépendantes, qui recense les transactions foncières au niveau mondial.