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Une lente mutation économique des villages indiens

Il n'est pas aisé de décrire le « village indien », vu la grande diversité des espaces ruraux. Mais, dans la plupart des cas, il demeure marqué par l'agriculture. Même la proximité d'une ville ne dynamise pas forcément les activités non agricoles. A part pour certaines campagnes industrialisées (laine du Punjab, tapis d’Uttar Pradesh, zones industrielles à proximité des axes de transport …), les ateliers sont rares si l'on excepte ceux des derniers artisans qui ont pu conserver leur métier héréditaire malgré
la concurrence industrielle (forgeron, potier) et le premier stade de la transformation agroalimentaire (petit moulin à épices et farine, rizerie). L'agriculture ne peut représenter l'avenir de toute la population qui la pratique encore aujourd'hui vu la faiblesse des tailles d'exploitations. Or, l’Inde ne peut se résigner à l'exode rural en raison des problèmes de logement et d'emploi que
connaissent déjà les villes. Il faut donc favoriser une diversification économique sur place, avec des revenus non agricoles. Ces processus, bien entamés en Chine et en Asie du sud-est, demeurent embryonnaires dans bien les campagnes indiennes. Comment faire autrement quand l'électricité ou les moyens de transport manque et que 33% des ruraux étaient encore analphabètes en 2011 ?

F. Landy, L’inde, du développement à l'émergence, 2 015
Artisanat textile dans un village du Tamil Nadu (Sud de l'Inde)
 
Le développement agricole, une nécessité
Une conséquence majeure des fortes densités indiennes est l’extrême fragmentation des exploitations agricoles. […] Les exploitants de moins de 2 ha, catégories « marginales » et « petites », vivent dans des conditions très précaires, et ont du mal à dégager des surplus pour investir et progresser. Par contre, au-dessus de 2 ha, les exploitations « semi‑moyennes », « moyennes » et « grandes » peuvent être source de vie meilleure et de possibilités d’investir et d’innover. C’est à ces exploitations‑là que seraient dus les succès de la « révolution verte » et les progrès remarquables de la production agricole indienne, qui a crû dans les 50 dernières années un peu plus vite que la population. Mais de recensement agricole en recensement agricole, le nombre des exploitations marginales et petites augmente.
Même si le monde rural indien connaît des améliorations récentes largement dues au développement d’activités non agricoles dans l’espace rural, aux déplacements vers les villes, […] le développement agricole est donc une nécessité absolue […] puisqu’il faut faire vivre une population très abondante, et sans doute destinée à croître encore pendant les prochaines décennies. En réponse au slogan à succès selon lequel il faut « produire mieux au lieu de produire plus », il faut dire avec force qu’il est sans doute exact qu’il sera nécessaire de produire autrement, […] mais qu’il est radicalement impossible de ne pas continuer à produire plus.
François Durand‑Dastès, « Les hautes densités démographiques de l’Inde », Géoconfluences, 23 mars 201