Les espaces ruraux : multifonctionnalité ou fragmentation?
Questions : 1) Décrivez la répartition de la population canadienne. 2) Quelles sont les principales fonctions des espaces ruraux canadiens ? 3) Caractérisez les espaces agricoles canadiens. Quelles mutations les activités agricoles connaissent-elles ? 4) En quoi l'influence des villes sur les espaces ruraux est-elle ambivalente ? 5) Quels sont les différents impacts de l'arrivée des néo-ruraux dans les espaces ruraux canadiens ? 6) A quels défis (sociaux, environnementaux…) sont confrontés les espaces ruraux canadiens ? 7) En quoi les mutations des espaces ruraux favorisent-elles les conflits d'usage ? Quels en sont les principaux acteurs ?
Les densités de population au Canada
 
La diversité des espaces ruraux canadiens
Source : Manuel de géographie 1ère, Nathan, 2019
 
Paysage du Saskatchewan
Champs, stockage de céréales, forage pétrolier et éolienne
 
Les Grandes Plaines canadiennes dans l'Alberta (2017)
1er plan : l'élevage bovin 2ème plan : les cultures céréalières Arrière-plan : les Montagnes Rocheuses
 
Des exploitations agricoles moins nombreuses mais plus grandes
 
Encourager le tourisme rural au Québec
Compte Twitter de l'Office du tourisme du Québec
 

La multifonctionnalité, facteur de renouveau et de dynamisation des espaces ruraux ?

La ruralité actuelle est plurielle (…). Partout, la multifonctionnalité s'est imposée. Ainsi cohabitent l'agriculture, l'activité
commerciale, les fonctions résidentielles, de villégiature, récréative (…). Cette multifonctionnalité croissante des espaces ruraux pose le défi de la cohabitation harmonieuse entre les différentes fonctions et l'usage des sols (…).

Plusieurs secteurs d'activités économiques se dématérialisent (…). Ces activités économiques dématérialisées, dont le nombre est en croissance (…) , peuvent s'établir n'importe où, mais pas à n'importe quelles conditions (infrastructures, services, main-d’œuvre, formation, télétravail, coworking …). Cette libération de la contrainte de la concentration pour de nombreuses entreprises, conjuguée à la quête d'une meilleure qualité de vie chez les travailleurs et les familles, crée les conditions d'un exode urbain vers les régions, leurs petites villes et petits villages (…).

Pour l'Etat, des actions sont à entreprendre afin que s'accomplisse cette révolution des territoires : doter les régions des infrastructures, équipements et services publics, dont Internet haute vitesse et la téléphonie mobile, pour accroître l'attractivité et la compétitivité économique des espaces habités hors des grands centres.

Bernard Vachon, « Comprendre le potentiel de la ruralité actuelle », Le Devoir, 30/5/2018

Pluriactivité des agriculteurs et agritourisme

Au Québec, l’agritourisme est en plein essor. La population est de plus en plus curieuse au sujet de l'agriculture et de la vie dans une ferme. Le terroir a beaucoup à offrir (…) et permet à plusieurs entreprises de diversifier leurs sources de revenus tout en favorisant l'habitation dynamique du territoire rural (…). Ainsi, partout au Québec, les circuits thématiques et les routes gourmandes se multiplient et l'industrie agritouristique s'organise. Les fédérations régionales et les syndicats de l'UPA sont bien présents sur le terrain. Ils s'associent avec les organisations touristiques de leur région pour appuyer les producteurs ayant choisi d'ajouter ce volet à leur entreprise.

Marcel Groleau (président général de l'Union des producteurs agricoles – UPA), Revue de l'Union des producteurs agricoles, 2017

La géographie de la santé, révélatrices d'une égalité entre espaces urbains et espaces ruraux

L'ancien directeur exécutif du bureau de la santé rural affirmait (…) que « s'il y a une fracture médicale au Canada, elle n’oppose pas les riches et les pauvres mais les espaces urbains et les espaces ruraux ».

La population du Canada rural diminue et vieillit. Elle est également composée de populations marginalisées comme les peuples premiers et les populations au niveau d'instruction moindre (…). Les régions rurales présentent des revenus moindres et des taux de chômage plus élevés, qui s'expliquent en grande partie par le caractère souvent saisonnier des emplois. Les
travailleurs ruraux sont impliqués dans des activités présentant des dangers comme l'agriculture, la foresterie, la pêche ou les mines ou l'exploitation du pétrole. Les modes intensifs de production agricole menacent les sols et l'eau
ainsi que la santé des habitants (…). Les populations rurales ont également des taux plus importants de consommation à risque (…), d'obésité et de malnutrition que les populations urbaines. (…). Tandis que les villes de moins de 10 000 habitants regroupent 22% de la population, seulement 10% des médecins y pratiquent (…).

Joe Blankeneau, « Comparing Rural Health and Health Care in Canada and the USA : The Influence of Federalism”, The Journal of Féderalism, 2010 (trad. Bertrand Pleven)

Le processus de périurbanisation : South Surrey près de Vancouver (2017)
 
La ceinture verte de Toronto (Ontario) menacée
La ceinture verte est un espace protégé par une loi du gouvernement de l'Ontario. Sont concernés : les espaces verts, terrains agricoles, zones humides, forêts et cours d'eaux qui font face à l'étalement urbain d'une conurbation qui comprend la métropole de Toronto. Des projets récents et les nouvelles lois (Bill 66) sur la compétitivité de l'Ontario la mettent en péril, selon des associations et parfois des écologistes.
 
La semaine verte - Retour à la campagne
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Le renouveau de la fonction résidentielle des campagnes québécoises

Après des décennies de chute démographique (…), les régions plus éloignées regagnent peu à peu en attractivité, notamment auprès des nouveaux retraités - qui arrivent souvent avec plus de moyens - mais aussi de jeunes familles. C'est le cas (…) d’Élisabeth Boily, 35 ans, qui a décidé, il y a 4 ans, de déménager avec sa famille à l'Anse-Saint-Jean (…). Séduite par le cadre enchanteur, mais surtout par les habitants du coin, la jeune femme décrit avec un amour évident son nouveau chez-soi. « Nous n'avions jamais pensé nous installer dans un petit village », raconte l'ex-Montréalaise (…). « Mais on a eu un coup de cœur (…). Depuis qu'on est arrivé, beaucoup de jeunes familles se sont installées (…. Ça met de la vie, c'est certain. Dans les dernières années, il y a un bistro qui a ouvert, une crêperie une petite boulangerie. » (…).

Des maisons ancestrales remises au goût du jour aux produits biologiques à l'épicerie, en passant par le café culturel et les nouvelles entreprises, le « visage de la ruralité québécoise » se transforme. Empruntant à la ville certains des traits qui lui étaient propres (…). Et qui dit changement dit (…) clivage - tant financiers que culturels - entre les locaux et les néo-ruraux : (…) hausse marquée du prix des maisons, des impôts fonciers… »

Florence Sara G. Ferraris, « Quand les urbains changent le visage des campagnes », Le Devoir, 19/5/2018


Les relations entre néo-ruraux, anciens ruraux et élus à Brome-Missisquoi (Québec )

L’avidité des nouveaux résidents pour les espaces verts occasionne une augmentation de la valeur foncière, l’exclusion des moins nantis, le remplacement des commerces locaux par d'autres plus luxueux et un sentiment de dépossession des ruraux de longue date : « Les jeunes ne peuvent pas rester ici, les maisons ne sont plus achetables », dénonce l'un d'eux (…). Cela attise l'animosité envers les nouveaux arrivants fortunés (…).

Une réduction des tensions à une opposition duale entre nouveaux résidents et ruraux de longue date serait cependant abusive. La situation est plus complexe car des collaborations existent au Québec lors d'engagements citoyens pour la protection de l'environnement (…). Par exemple, une mobilisation, organisée à partir de 2006, par des citoyens du groupe Sauvons les cantons pour lutter contre un projet de carrière en zone agricole dans Brome-Missisquoi, regroupait tant néo-ruraux que ruraux de longue date des 4 villages touchés par ce projet

Myriam Simard, « Environnement, conflits et tractations entre divers acteurs ruraux au Québec : une mobilisation inégale du capital environnemental ? », Norois, 2 017