1) Quel est le régime politique du pays étudié ? (Attention : la démocratie n’est pas un régime politique)
2) En quoi le fonctionnement des institutions garantit plus ou moins le principe démocratique ?
3) Comment s’exprime la souveraineté populaire ?
4) Le pays étudié garantit-il les libertés fondamentales ? Justifiez votre réponse.
5) Le régime politique étudié permet-il la pluralité des opinions ?
6) En quoi la mise en scène du pouvoir illustre-t-elle ou non les principes démocratiques ?
Le texte voté ce lundi fait référence à Dieu et au christianisme. Il ouvre la voie à une interdiction de l'avortement et porte gravement atteinte à la séparation des pouvoirs.
L’opposition et des ONG avaient dénoncé un texte, adopté le 30 mars par le Parlement, qui permettait au premier ministre de légiférer par décret sur de nombreux sujets
« La Hongrie mérite des excuses ». C’est ainsi que la ministre de la justice hongroise, Judit Varga, a présenté, mardi 26 mai, le projet de loi visant à mettre fin aux très contestés pouvoirs spéciaux attribués à Viktor Orban à la faveur de la lutte contre le coronavirus.Adopté le 30 mars par le Parlement hongrois, l’état d’urgence avait donné au premier ministre nationaliste le pouvoir de légiférer par décret sur de vastes sujets.
L’opposition et des ONG hongroises avaient alors dénoncé un texte qui donnait des « pleins pouvoirs » au maître de Budapest, connu pour avoir multiplié les atteintes à l’Etat de droit depuis son retour au pouvoir, en 2010. Contrairement aux autres pays européens, l’état d’urgence n’avait en Hongrie aucune limite définie de durée. Et le texte prévoyait aussi de punir jusqu’à cinq ans d’emprisonnement « la propagation d’informations alarmantes ». Certains médias et responsables politiques étrangers avaient été jusqu’à craindre l’établissement d’une « dictature », une exagération désormais utilisée par le pouvoir hongrois.
(...) L’état d’exception devrait désormais être abrogé autour du « 20 juin », selon le gouvernement hongrois. « Nous avons très bien géré la situation, bien mieux que des pays plus riches que nous », a vanté Viktor Orban, lors de son interview radiophonique hebdomadaire, vendredi 22 mai, en blâmant « la gauche » pour ne pas l’avoir soutenu.
Décisions contestées(...) Et pendant ces deux mois, plusieurs décisions contestées ont été prises par le pouvoir à la faveur de la centaine de décrets adoptés. Le gouvernement a, par exemple, fait vider de force des milliers de lits d’hôpital parfois occupés par des patients gravement malades, ou privé les mairies d’opposition de plusieurs ressources fiscales cruciales, officiellement au nom de la lutte contre l’épidémie. Deux opposants ont également été briévement arrêtés après avoir critiqué M. Orban sur Facebook, avant que le parquet annule les poursuites face au scandale.
« Le gouvernement était le seul à décider, sans aucun contre-pouvoir effectif, c’est ce qui qualifie un régime autoritaire », maintient Máté Szabó, de l’ONG de défense des droits civiques Tasz, qui était parmi les plus critiques. Selon lui, « Viktor Orban avait surtout peur de perdre sa majorité des deux tiers au Parlement au cas où certains de ses députés seraient tombés malades, et cette loi lui permettait d’éviter ce risque. Mais maintenant qu’il a compris que l’épidémie n’est pas aussi importante qu’attendu, il n’en a plus besoin ». Avec sa super-majorité, M. Orban peut de facto déjà librement modifier la constitution, et les contre-pouvoirs ont été largement affaiblis ces dernières années. Plusieurs dispositions prises pendant l’état d’urgence vont d’ailleurs être transposées dans le droit commun.
Enfin, le gouvernement a prévu la création d’un nouvel « état de crise sanitaire » qui lui permettra de pouvoir rapidement légiférer à nouveau par décret dans plusieurs domaines, sur simple autorisation de la directrice générale de la santé, en cas de reprise de l’épidémie. « Nous sommes censés nous excuser parce que le gouvernement rend les pleins pouvoirs, alors que maintenant, une seule personne pourra décider seule de décréter l’urgence, sans accord du Parlement », a dénoncé Akos Hadhazy, un des leaders de l’opposition.
Pour avoir organisé des manifestations de klaxon devant les bureaux de M. Orban pendant l’épidémie, ce député et quelques dizaines de ses soutiens doivent désormais payer plusieurs milliers d’euros d’amende infligés par la police. Malgré cela, les différents sondages montrent que la popularité du Fidesz, le parti au pouvoir, reste intacte. « Viktor Orban n’a pas trop perdu de soutien, mais ce n’est pas très difficile dans une situation de crise en général favorable aux dirigeants », estime le politologue Peter Kreko. Selon lui, « c’est maintenant que le plus dur commence, avec la crise économique brutale qui s’annonce ».
Article de Jean-Baptiste Chastand paru dans Le Monde, le 28 mai 2020