1) Quel est le régime politique du pays étudié ? (Attention : la démocratie n’est pas un régime politique)
2) En quoi le fonctionnement des institutions garantit plus ou moins le principe démocratique ?
3) Comment s’exprime la souveraineté populaire ?
4) Le pays étudié garantit-il les libertés fondamentales ? Justifiez votre réponse.
5) Le régime politique étudié permet-il la pluralité des opinions ?
6) En quoi la mise en scène du pouvoir illustre-t-elle ou non les principes démocratiques ?
Un modèle de gouvernement
Si la reine Élisabeth II ne dispose que de pouvoirs symboliques, le souverain britannique a été, pendant plusieurs siècles, un acteur politique majeur. Son influence s'est fortement réduite à partir du XIXe siècle (…). Il faut remonter à la Glorieuse Révolution de 1688 pour voir les premières limitations au pouvoir monarchique. « Glorieuse » car elle n'entraîna pas mort d'homme, et encore moins de roi, à la différence de l'exécution de Charles Ier en 1649, celle-ci vit Jacques II, soupçonné de tendances absolutistes et, pire encore, de confession catholique, abandonner son trône et s'enfuir en France, pour être remplacé conjointement par son gendre, proclamé roi sous le nom de Guillaume III d'Orange, et sa fille Marie II, tous deux protestants.Le Parlement du Royaume-Uni, l’un des plus anciens du monde, passe à la visioconférence
La Chambre des communes britannique, vieille de 700 ans, utilisera la visioconférence pour poursuivre, à partir du 21 avril, les questions au gouvernement pendant la crise du coronavirus.
Cela s’est passé sans bruit dans la plupart des autres Parlements occidentaux. Au Royaume-Uni, la transition vers une Chambre des communes virtuelle constitue, en revanche, un événement. De retour d’une pause d’un mois, l’un des plus vieux Parlements en activité du monde (plus de 700 ans) devrait finalement adopter l'application de visioconférence Zoom et la « distanciation sociale » à partir du 21 avril. Jusqu’à présent, l’institution centrale de la démocratie britannique conservait un fonctionnement extrêmement codifié et encore très traditionnel – voire anachronique.
Après d’intenses consultations, Lindsay Hoyle, le speaker des Communes, a décidé d’un système hybride : huit écrans ont été installés dans la fameuse salle des débats, pour permettre à 120 députés au maximum de prendre la parole à distance. Pas plus de 50 élus pourront physiquement siéger sur ses bancs vert bouteille, y compris pour les séances de questions au premier ministre, le mercredi midi, auxquelles l’essentiel des 650 parlementaires assistaient jusqu’à présent (une bonne partie restant debout à l’entrée de la salle, faute de places assises suffisantes). (…)
Cœur battant de la vie politique britannique
Les visiteurs ne pourront plus assister aux débats. En revanche, les journalistes du « lobby », habituellement autorisés à accéder à la « gallery » aménagée pour la presse politique juste au-dessus du speaker, pourront à nouveau prendre place sur ses banquettes spartiates en bois mais en nombre restreint (l’usage des tablettes est autorisé dans la « gallery », mais pas les ordinateurs ni les appareils photo). (…) Westminster ne découvre pas totalement les nouvelles technologies. Il est déjà possible – comme dans la plupart des autres Parlements – de suivre en ligne les travaux des commissions parlementaires et les débats dans la Chambre principale. Mais la présence physique des élus, des journalistes et des conseillers parlementaires restait jusqu’à présent indispensable, Westminster constituant le cœur battant de la vie politique britannique, bien davantage que Downing Street, le siège du gouvernement, situé à quelques centaines de mètres.
L’agenda législatif sera réduit à l’essentiel
Les députés n’ont d’ailleurs pas encore tranché concernant le vote électronique. L’usage reste immuable, depuis le terrible incendie de Westminster de 1834, à la suite duquel deux lobbys (couloirs) adjacents à la salle des débats ont été aménagés : le Aye et le No. Quand le speaker appelle à la division (au vote), les élus choisissent leur couloir où des assesseurs enregistrent dûment leurs noms. Malgré ses lourdeurs, les élus et leur speaker ont jusqu’à présent refusé de renoncer à ce cérémonial du « Clear the lobby ! » popularisé en 2019 par John Bercow, le prédécesseur de M. Hoyle, au temps des débats sur le Brexit (…)
La rumeur a un temps couru que le Parlement pourrait rester clos durant toute la durée du confinement. Il faut dire qu’il est énorme, labyrinthique, avec quantité de couloirs, d’escaliers dérobés, de pièces lambrissées. L’architecture néogothique du lieu n’est en rien fonctionnelle : y respecter la distanciation sociale et désinfecter systématiquement ses milliers de poignées de portes et de mètres carrés de moquette tient de la gageure.
Pourtant, l’option d’une suspension longue a été écartée : impossible de maintenir l’institution centrale de la démocratie britannique hors-jeu, à un moment où le gouvernement doit, plus que jamais, rendre des comptes aux citoyens. Ce dernier mois, seule une poignée de journalistes a été autorisée à questionner le gouvernement sur sa stratégie face au Covid-19, lors de la conférence quotidienne de Downing Street en fin d’après-midi, le nombre de médias par session étant limité à cinq ou six.
Le Parlement britannique n’a jamais cessé totalement de fonctionner, à en croire les historiens du blog « The History of Parliament », même durant les nombreux et dévastateurs épisodes de peste à Londres, du XIVe au XVIIe siècle. (…)
Extraits d’un article de Cécile Ducourtieux publié dans Le Monde, 20 avril 2020 à 17h20