Léon Mirman (1865-1941) est député socialiste de la Marne entre 1893 et 1905.
« Chaque jour plus nombreux, les ouvriers étrangers viennent faire concurrence à la main-d'œuvre nationale, les uns sans esprit de retour, […] les autres infiniment plus nombreux, dans l'idée d'y réunir quelque argent qu'ils remporteront ensuite dans leur pays natal. Les uns et les autres […] – venus en France sans famille, vivant en commun, s'imposant de lourdes privations qu'un homme ne peut supporter que pendant un temps limité, acceptant un surmenage anormal – peuvent sur le marché du travail offrir leur travail à des prix absolument inférieurs qui tendent à maintenir à un niveau inférieur aussi le taux général des salaires.
Cette influence se fait sentir dans de nombreuses régions de notre pays, en particulier, cela va de soi, dans les provinces frontières, dans le Nord et le Nord-Est, où Belges et Luxembourgeois affluent, dans le Sud et le Sud-Est où Italiens et Espagnols pullulent.
Nous demandons que, dans toute industrie, les ouvriers étrangers ne puissent être embauchés à des salaires inférieurs aux salaires français […]. J'ajoute que cette disposition devrait avoir, à mes yeux, pour nécessaire conséquence, celle-ci : qu'en cas de grève, un patron ne pourrait embaucher plus d'ouvriers qu'il n'en employait avant l'ouverture du conflit. »
Léon Mirman, La Voix du peuple, 12 mars 1898.