Les raisons de l'immigration à la Belle Époque
Le temps des grandes révolutions de l'industrie et des transports est celui des grandes migrations (...). C'est alors que la France devient un pays d'immigration. Les Français, peuple de paysans qui, depuis la Révolution, ont accédé à la terre, émigrent peu. L'industrialisation précoce attire les étrangers. Au premier recensement, celui de 1851, on en compte un peu moins de 400 000. En 1891, le cap du million est franchi. On ne descendra plus en-dessous (...).
La Belle Époque scelle le destin de l'immigration : à la place du Français attaché à sa terre boudant l'usine, celle de la seconde industrialisation. Main-d’œuvre sous-payée, sans qualification, qui n'a à offrir que sa force de travail, l'immigré est l'archétype du prolétaire, que les employeurs mettent en concurrence avec le prolétaire national. Tout laisse croire que leur condition est proche alors de celle des ouvriers français. Ils ont les mêmes aspirations (s'établir à leur compte), connaissent la même acculturation à un nouveau mode de vie entre loisirs ouvriers (café, bal musette, sorties champêtres) et syndicalisation.
Marie-France Blanc-Chaléard, Les immigrés en France XIXème-XXème siècle, La Documentation française, n° 8035, 2005