H7 Les expositions universelles
THEME 3 :
LA TROISIEME REPUBLIQUE AVANT 1914 : UN REGIME DEMOCRAITQUE, UN EMPIRE COLONIAL

Chapitre 8 :
Permanences et mutations de la société française jusqu'en 1914
Les Expositions en quelques chiffres
 

Les Expositions universelles dans la presse de l’époque

« Jamais et nulle part, on n’a réuni autant de curiosités, de merveilles, d’attractions de toute nature, de spectacles éblouissants et somptueux, et les plus blasés, les plus sceptiques, en présence d’un ensemble aussi grandiose, sentiront leur cœur palpiter d’une patriotique admiration. »

Le Petit Journal, mai 1900

Lors de l’Exposition universelle de 1889, un espace est dédié à l’exposition coloniale sur l’esplanade des Invalides à Paris. Le programme, élaboré en collaboration avec l’administration des colonies, a pour but de « réaliser une figuration rationnelle et attrayante à la fois de l’industrie, des mœurs, de l’aspect extérieur de chacun de nos groupes de possessions dans les différentes parties du monde », rapporte le journal Le Constitutionnel.

Dans cette partie de l’Exposition, autour du palais colonial, les organisateurs s’enorgueillissent d’avoir reproduit « à l’identique » des scènes de vie « exotiques » parmi lesquelles : « la pagode d’Angkor, les pavillons de la Cochinchine, de l’Annam et du Tonkin, les villages sénégalais, alfourou, canaque, etc. » comme le relate le Journal des débats politiques et littéraires.

Parmi ces différentes mises en scène, il semble que le « village nègre » attire particulièrement les visiteurs. Dans le journal Le Temps on apprend qu’il est difficile de pouvoir y accéder et qu’il faut faire la queue pendant des heures tant la foule qui s’y presse est nombreuse.

Source : Retronews


Une critique de l'Exposition de 1889
Hélas ! Il faut que la science en prenne son parti : elle n'a pas d'assez beaux yeux pour attirer 150 000 adorateurs par jour (...). Interrogez les visiteurs à la fin de la journée : qu'ont-ils vus ? Que rapportent-ils de l'exposition ? Ils ont vu le Panorama Transatlantique, la rue du Caire avec ses âniers, les danseuses du ventre, le restaurant roumain, le palais des enfants, le bazar tunisien, les fontaines lumineuses et la tour illuminée par l'électricité. Ils ont regardé le décor, ils ne savent rien de la pièce. Le parc des attractions retient les neuf dixièmes du public ; on parcourt les galeries industrielles d'un pas distrait, ayant hâte de s'échapper au dehors.
Victor Fournel, Le Correspondant, 25 juillet 1889

L'Exposition universelle de 1900 célèbre le progrès

Le XIXème siècle a été le grand siècle du progrès. Pour fêter les prodiges des Arts et des Sciences, de l'Industrie de l'Agriculture, la France invita toutes les nations à participer à l'Exposition universelle qu'elle organisait à Paris. Toutes répondirent à cette invitation ; elles tenaient à comparer les progrès de leurs industries avec ceux des autres nations.

L'Exposition de 1900 fut une merveille. Le Champ-de-Mars avec son château et ses fontaines lumineuses qui, le soir, transformaient cette partie de l'Exposition en une véritable féerie, les quais de la rive gauche de la Seine, du pont Alexandre III au pont au pont d'Iéna, étaient occupés par les palais des nations, chacun dans son architecture nationale (…). Toutes ces constructions constituaient un ensemble riche et pittoresque et représentaient un travail formidable qui retenait l'attention des visiteurs. Jamais, à aucune époque de l'histoire, le travail n'a été autant glorifié que pendant l'année 1900.

Jeanne Bouvier, Mes mémoires, une syndicaliste féministe, 1876-1935

Les Expositions vues par un anarchiste
L'Exposition de 1889 avait donné, par sa structure d'ensemble, l'impression de quelque chose de nouveau (...). [Son style] était, par l'orgueil de ses piliers de fer et la grâce de ses charpentes métalliques s'élançant vers le ciel et s'y courbant en légères voutes d'acier, comme l'ébauche d'un geste large et beau (...). L'impression que donne l'Exposition de 1900 est tout à fait différente. L'architecture qui avait tenté d'indiquer, avec du métal, les profondes préoccupations du monde (...) a été remplacée par l'architecture (...) de l'ordure peinte (...). On dirait que le goût français qui agonise - qui crève d'avoir essayé de vivre, le malheureux, aux crochets de cette vieille gaupe (1), la bourgeoisie - a voulu se moquer de lui-même, avant de mourir, de vomir dans un dernier hoquet tout le blanc qu'on lui a fait bouffer.
Georges Darien, La Belle France, 1901
(1) Femme malpropre