H7 Les expositions universelles
THEME 3 :
LA TROISIEME REPUBLIQUE AVANT 1914 : UN REGIME DEMOCRAITQUE, UN EMPIRE COLONIAL

Chapitre 8 :
Permanences et mutations de la société française jusqu'en 1914
La Tour Eiffel, un exploit technologique
« La population parisienne […] a fini par se prendre d'engouement pour ce fantastique monument de fer, […] stupéfiant le monde et dépassant presque du double les hauteurs des édifices les plus élevés ; elle escompte déjà les surprises qu'il lui ménage : les manœuvres des quatre ascenseurs, le va-et-vient des visiteurs dans les escaliers accédant au premier étage, où des cafés et des restaurants seront installés à soixante mètres au-dessus du sol […] ; les haltes dans la salle vitrée du second étage à 150 mètres, et la promenade enfin sur le balcon extérieur de la coupole, avec la vue d'un panorama magique de 120 kilomètres d'étendue !
Telles sont les attractions qui, dès maintenant, passionnent la foule, tandis que les esprits sérieux se préoccupent des applications utiles de la tour, des services qu'elle peut rendre à la science comme observatoire astronomique, comme base d'expériences physiques et, au besoin, comme base d'observations stratégiques.
Pour nous, il est une considération qui domine toutes les autres et dont se réjouit notre chauvinisme, c'est qu'à la France appartiendra la gloire d'avoir créé la première un aussi gigantesque spécimen de l'industrie moderne ! »
Alfred Le Roy, L'Universelle Exposition de 1889 illustrée, 1er février 1887.
Les progrès industriels dans la galerie des machines (1889)
Galerie des machines, Exposition universelle de 1889, machines de tissage, Paris.
La galerie des machines, sept fois plus coûteuse que la tour Eiffel, abrite les machines les plus perfectionnées de l'époque sous une voûte de verre et d'acier d'un seul tenant.
 
Georges Garen, Embrasement de la tour Eiffel pendant l'Exposition universelle de 1889, chromolithographie, 1889
La tour Eiffel, plus haut monument du monde à son inauguration (312 mètres), illumine l'Exposition universelle de 1889 grâce à l'éclairage électrique, faisant de Paris la "ville-lumière"
 

Le Palais de l’électricité

Anonyme, Le Palais de l’électricité, 1900, lithographie en couleur, collection privée

Situé à l'extrémité de l'esplanade du Champ de Mars, en face de la tour Eiffel, le palais de l’Électricité était le "clou" de l'Exposition universelle de 1900. Œuvre d'Eugène Hénard, architecte et théoricien connu pour ses projets de transformation de Paris, le palais abritait dans son hall de fer et de verre diverses applications de l'électricité.
 
L'électricité, une révolution technologique
C'est alors que retentit un rire étrange, crépitant, condensé : celui de la fée Électricité (...), elle triomphe à l'Exposition ; elle naît au ciel comme les vrais rois. Le public rit des mots "Danger de mort", écrits sur les pylônes (...). Elle est le progrès, la poésie des humbles et des riches ; elle prodigue l'illumination (...). A l'Exposition, on la jette par les fenêtres (...). Le gaz abdique (...). La nuit, des phares balaient le Champ-de-Mars (...), ce ne sont que retombées vertes, jets orchidée, orchestration du feu liquide, débauche de volts et d'ampères. La Seine est violette, gorge de pigeon, sang de bœuf. L'électricité, c'est le fléau, c'est la religion de 1900.
Paul Morand, 1900, Éditions de France, 1931
LE TROTTOIR ROULANT DE L'EXPOSITION UNIVERSELLE : LA RUE DE L'AVENIR EN 1900
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Le pavillon du Creusot en 1900
La famille Schneider a participé à plusieurs Expositions universelles. Elle a exposé ses productions à Paris en 1867, 1878, 1900.
Le pavillon du Creusot, dont une énorme coupole, surmontée et flanquée de canons de tous les calibres qui semblaient prêts à canonner tout ce qui les entourait, dominait le cours de la Seine à une hauteur considérable.
A la vérité, ce pavillon ne contenait pas seulement du matériel de guerre, car on y apercevait notamment une locomotive extraordinaire par ses dimensions (...). Naturellement, le Creusot a tenu à fractionner son exposition, mais c'étaient d'ailleurs les engins de guerre qui dominaient de beaucoup dans son pavillon. Ici, c'était une machine marine (...) ; plus loin, et tout à côté du matériel électrique, que les établissements en question fabriquaient maintenant couramment, voici des types de plaques de blindage en acier et au nickel telles que les diverses marines du monde en avaient commandé à notre gigantesque usine métallurgique (...). Au milieu de tous ces engins de destruction, dont la puissance même était un argument pour la disparition de la guerre, on apercevait un plan en relief des établissements du Creusot.
Louis Roussellet, L'Exposition universelle de 1900, Librairie Hachette, 1901