Problématique générale : En quoi la religion en Inde est-elle un facteur à la fois d’unité et de division ?
Objectif méthodologique : travail de la dissertation
1947 | Le royaume du Cachemire est rattaché à la Fédération indienne. Première guerre entre l'Inde et le Pakistan |
1949 | Cessez-le-feu et division du royaume |
1965-1966 | Deuxième guerre indo-pakistanaise. Reconnaissance officielle de la ligne de cessez-le-feu (qui deviendra la "Ligne de contrôle" en 1972, la frontière de facto entre les 2 belligérants) |
1971 | Troisième guerre avec pour enjeu l'indépendance du Pakistan oriental. Les indépendantistes, aidés par l'armée indienne, créent le Bangladesh. |
1989-1990 | Lutte armée indépendantiste dans la province indienne du Jammu-et-Cachemire |
Mai-juillet 1999 | "Guerre de Kargil" opposant les 2 pays qui détiennent officiellement l'arme nucléaire depuis 1998 |
2001-2005 | Forte montée des tensions entre les 2 États après de nombreux attentats qui témoignent du rôle croissant des groupes islamistes basés au Pakistan das le mouvement séparatiste cachemiri |
2003 | Cessez-le-feu de part et d'autre de la lige de contrôle. En 2005, une liaison par autocar entre Srinagar et Mazffarabad est inaugurée |
Été 2010 | Nouvelle vague de violences puis reprise du "dialogue composite" entre New Dehli et Islamabad, suspendu après les attentats de Mumbai de novembre 2008 |
2012-2014 | Essor du nombre de jeunes cachemiries rejoignant les organisations islamistes militantes |
2016 | Le Cachemire s'embrase après la mort d'un leader rebelle charismatique de 23 ans, tué par les forces de sécurité indiennes dans une fusillade |
2019 | Attentat contre un convoi de militaires indiens (41 morts) revendiqué par le groupe terroriste basé au Pakistan, Jaish-e-Mohammed. Le gouvernement indien réplique par des frappes aériennes. |
L'inquiétude de l'Inde face aux actions de la Chine
Au-delà de la dispute frontalière, l'Inde s'inquiète de la présence chinoise accrue dans l'océan indien - surtout depuis que la Chine a commencé à financer et à construire des ports sur les côtes pakistanaises, sri-lankaise et bangladaise (…). Le collier de perles tisait par la Chine serait un réseau de bases (…).
La tentative chinoise d'accéder à l'océan Indien n'est pas nouvelle et est liée à l'étroite relation établie entre le Pakistan et la Chine - une source d'irritation de longue date pour l'Inde -, ainsi que la construction du port de Gwadar en mer d'Arabie (…) Devenu ainsi une partie intégrante du couloir économique sino-pakistanais (CPEC), lui-même inclus dans le projet de la Route de la soie. Le CPEC est supposé relier le Xinjiang, province de l’ouest de la Chine, au port de Gwadar, en passant par la zone du Cachemire administrée par le Pakistan (…).
Le territoire disputé du Cachemire fut longtemps un autre sujet de discorde entre l'Inde et la Chine, jusqu’à ce que la Chine adopte une position neutre lors du conflit de Kargil en 1999 [lorsque les troupes pakistanaises traversèrent la frontière de la zone du Cachemire administrée par l'Inde] qui opposa l'Inde et le Pakistan. Bien que la Chine n’ait jamais soutenu militairement le Pakistan au cours de cette guerre contre l'Inde, elle lui a offert un appui plus subtil et - selon certains - plus efficace. En 2004, le scientifique A.Q. Khan révéla que la Chine apportait un large soutien au programme d'armes nucléaires du Pakistan, qui aboutit aux essais nucléaires fructueux de 1998 (…).
Angela Stenzel, spécialiste de l'Asie au Conseil européen pour les relations internationales, « L'inquiétude de l'Inde face aux actions de la Chine », L'Express, 29 juillet 2015
Les relations tumultueuses entre l'Inde et le Pakistan
Au cours des siècles, les territoires sur lesquels s'étendent l’Inde et le Pakistan d’aujourd'hui furent souvent unis au sein des mêmes empires. Les 2 pays sont liés par l'histoire, la langue, la culture, les coutumes. L'idée de 2 États séparés, sur une base religieuse, ne fut portée par les indépendantistes musulmans qu’à partir des années 1930. Le pouvoir colonial britannique trancha en faveur de la Partition, provoquant, après le 15 aout 1947, le déplacement de 12 millions de personnes d'un pays à l'autre et un million de morts en quelques semaines. Ce profond traumatisme constitue jusqu’à aujourd'hui la toile de fond de toutes relations entre une Inde laïque et un Pakistan officiellement islamique. Une rivalité s'installe autour de la question du Cachemire, une région à majorité musulmane, se poursuivant avec la naissance du Bangladesh, puis avec le terrorisme islamique. 4 guerres ont opposé les 2 pays, entraînant amertume, méfiance et crainte de la trahison.
Les périodes de relatif apaisement ne sont jamais longues. Si, dans un passé récent, les États-Unis se sont attachés à essayer de normaliser les relations entre les 2 pays, qui sont ses alliés, les projets de coopération entre le Pakistan et la Chine, la grande rivale de l'Inde, sont de plus en plus nombreux et importants. Pourtant, l'engouement commun à l'occasion d'une compétition internationale de cricket, la solidarité lors du sauvetage d'un enfant perdu dans le désert sont des signes du maintien d'une proximité entre les 2 nations
Philippe Cadène, Nathan, 2 019
Une diplomatie de la religion
Entre l'Inde et le Pakistan, c'est la guerre et la paix. Pendant que, au Cachemire, la violation de l'accord de cessez-le-feu et les échanges de tirs se multiplient à la ligne de contrôle qui sépare les 2 frères ennemis d'Asie du Sud, un « couloir de la paix » a été inauguré, mercredi 28 novembre 2018, dans la province pakistanaise du Pendjab, pour permettre aux sikhs indiens d'accéder à l'un de leurs lieux saints. Situé à seulement 4 kilomètres de la frontière indienne, Kartarpur abrite le mausolée du guru Nanak, fondateur de la religion sikhe. Le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, a profité de cette occasion pour prêcher l'amitié avec son voisin indien. « Nos 2 pays ont l'arme nucléaire (…). Il ne peut y avoir la guerre, quelle alternative y a-t-il à l'amitié ?, a-t-il déclaré à Kartarpur(…). Shah Mehmood Qureshi, ministre pakistanais des Affaires étrangères, est allé plus loin encore en qualifiant ce couloir de la paix de « message d'amour et de fraternité ». New Delhi réclamait depuis des décennies cet accès à Kartarpur, afin que les sikhs, qui sont 21 millions en Inde, puissent s'y rendre avec un simple permis au lieu d'un visa (…). Ce couloir de la paix va-t-il relancer le dialogue entre l'Inde et le Pakistan ? « Je ne peux qu'essayer. Nous savons que vous avez bientôt des élections. Nous attendrons qu'elles se terminent », a expliqué M. Khan à des journalistes indiens. Le dirigeant pakistanais a ajouté qu'il était ouvert à la possibilité de faciliter l'accès à des sites religieux hindous ou bouddhistes au Pakistan a des pèlerins indiens. Une « diplomatie de la religion », également défendue par M. Modi, qui vise à faire tomber les barrières entre nations du sous-continent en favorisant les échanges entre membres des mêmes communautés religieuses.
Julien Bouissou, « L'Inde et le Pakistan inaugurent un couleur de la paix », Le Monde, 30 novembre 2018
Un conflit relais des tensions religieuses internationales
L'Inde et le Pakistan ont en partie construit leur identité nationale sur une situation d'affrontement qui dure depuis la partition (1947). Aujourd'hui, les conflits qui ont lieu au Pakistan comme en Inde font perdurer l'instabilité de la région. Après des décennies de mobilisation militaire, l'Inde privilégie un processus de négociation avec son voisin, mais reste vulnérable aux attaques terroristes provenant du Pakistan. Les 2 pays se sont combattus militairement à 4 reprises (1947, 1965, 1971 et 1999). La nucléarisation des 2 États à partir de 1998 n'a ni diminué les tensions ni empêché l'affrontement. En outre, la politique de nuisance choisi par le Pakistan l'a conduit à soutenir des groupes armés. Recrutés au Cachemire, ces combattant sont endoctrinés et encouragés à mener le djihad. Après le 11 septembre, une série d'attentats frappa le Cachemire, puis, le 13 décembre 2001, le Parlement de New Delhi. Les relations indo-pakistanaises s’envenimèrent jusqu’à l'intervention, en 2002, des États-Unis. Ceux-ci, lancés dans une guerre contre le terrorisme, financèrent Islamabad (1) pour écraser les groupes djihadistes, qui multiplièrent leurs attaques sur le sol pakistanais. Le processus de normalisation des relations indo-pakistanaises s'étant ralentie, l'Inde commença à interroger l'engagement réel du Pakistan. Dans ce contexte, un groupe de militants appartenant à une organisation terroriste basée au Pakistan, frappa Mumbai le 6 novembre 2008, faisant plus de 170 morts. L'attaque eut lieu dans 6 lieux stratégiques (hôtels de luxe, restaurant touristique…). Malgré les arrestations, le Pakistan n'a pas encore prononcé de sentences à l'encontre des instigateurs de ces attentats.
Aujourd'hui, l’intérêt économique des 2 pays pourrait motiver une pacification des relations. Cependant, l'aide chinoise au Pakistan semble vouloir compliquer encore plus les relations entre les 2 « frères ennemis »
D'après Lucie Dejouhanet, L’Inde, puissance en construction, Documentation photographique, janvier-février 2016
En 2019, l'Inde renforce sa présence militaire
Au Cachemire, les autorités indiennes ont arrêté des dizaines de dirigeants musulmans et envoyé 10 000 paramilitaires en renfort samedi dans le Cachemire indien. Le Premier ministre Narendra Modi a renouvelé ses mises en garde au Pakistan. Les tensions se sont aggravées entre les 2 pays après un attentat-suicide à la voiture piégée au Cachemire indien qui a coûté la vie à 41 paramilitaires indiens, le 14 février. L'attaque a été revendiquée par le groupe islamiste Jaish-e-Mohammed (JeM), établi au Pakistan.
La tribune de Genève, 24 février 2019