La naissance de l'économie sucrière dans le Brésil colonial (texte d'historien)
Pour favoriser l'essor de l'économie sucrière, les Portugais avaient besoin d'une main d’œuvre stable, utilisable pour les tâches les plus pénibles. Les Tupis, qui avaient aimé la liberté de la forêt, un travail dont ils choisissaient les modalités, qui leur valait un outillage précieux, ne supportèrent pas les contraintes de la plantation sucrière et de l'engenho. Les Portugais franchirent alors le pas : ils utilisèrent des Indiens esclaves, devenus les negros da terra, les "nègres du pays". Ils se les procuraient en achetant des Indiens captifs d'ethnies rivales destinés en principe aux rites anthropophages, puis en organisant des expéditions (des bandeiras).
Mais les Indiens, protégés par les lois portugaises et souvent armés par les Jésuites, apprirent à se défendre. Dès le début du XVIIème siècle, les Portugais recoururent donc de façon systématique à l'importation d'esclaves noirs africains. L'ignoble commerce présentait un avantage économique évident, la possibilité d'organiser un commerce triangulaire entre Portugal, Afrique et Brésil : pacotilles et armes du Portugal vers l'Afrique ; esclaves de l'Afrique au Brésil ; sucre et bois du Brésil vers le Portugal ou d'autres destinations européennes.
Bartolomé Bennassar, "Et Cabral découvrit le Brésil", revue L'Histoire, avril-juin 2014