Thème 4 : La Première Guerre mondiale : le "suicide de l'Europe" et la fin des empires européens
Sortir de la guerre : la tentative de construction d'un ordre des nations démocratiques
1ère étape : S'informer Votre première mission d'équipe consiste à prendre connaissance de votre corpus documentaire et de répondre aux questions qui l'accompagnent
2ème étape : Réaliser
Après avoir réalisé l'étape 1, il s'agit maintenant pour vous de prendre connaissances des images sur lesquelles vous devrez réaliser votre bande-son. Les vidéos sont toutes dans l'onglet (Vidéos de travail).
- Visionnez la vidéo de votre groupe une première fois sans l'arrêter
- Visionnez la vidéo une seconde fois pour procéder à son séquençage
- Rédigez le propos que vous allez associer à la vidéo
Questions :
1) Pourquoi assiste-t-on à une explosion des déplacements de population en Europe au sortir de la guerre? 2) Identifiez l'origine des principaux réfugiés ; les causes de leur déplacement et les principaux pays d'accueil. 3) A quels problèmes sont confrontés les réfugiés quittant leur pays d'origine ? 4) Comment la Société des Nations répond-elle au problème juridique posé par les apatrides ? 5) Quels sont les avantages liés à la délivrance du "passeport Nansen" ? 6) Comment les réfugiés sont-ils reçus dans leur pays d'accueil? Quel regard porte-t-on sur eux ? 7) En quoi peut-on parler d'une avancée du droit international ?
Evacuation de la population grecque de Smyrne (Izmir), 13-22 septembre 1922
Photographie de Louis-Maurice Branger, 1922
Avant 1922, les Grecs constituaient la communauté la plus importante de Smyrne. Leur évacuation, suite à l'entrée des troupes turques et à l'incendie de al ville, se fait dans des conditions dramatiques. L'épisode marque la fin de la guerre gréco-turque.
 
Quelques dates clés 1920 : Crise humanitaire à Constantinople en raison de l'afflux de réfugiés de la guerre civile russe 1920 (avril) : Nansen chargé par la SDN de la question du rapatriement des prisonniers de guerre 1921 (août) : Nansen nommé haut-commissaire aux réfugiés russes 1921 (octobre) : Les Russes émigrés sont déchus de leur nationalité par les Soviétiques 1922 (juillet) : Création par la SDN d'un certificat d'identité pour les apatrides russes dit "passeport Nansen" 1922: Nansen reçoit le prix Nobel de la paix 1922 : Création de l'Office pour les réfugiés international Nansen 1924 : Passeport étendu aux Arméniens et reconnu par 38 Etats 1928 : Passeport étendu aux réfugiés de l'Empire ottoman de confession chrétienne (Assyro-chaldéens) 1939 : 450 000 "passeports Nansen" délivrés

Les réfugiés en Europe au sortir de la Première Guerre mondiale
 
L'évacuation de Sébastopol par les réfugiés russes
"L'évacuation de Sébastopol", Le Petit Journal, 28 novembre 1920, Paris, BNF Après la défaite des armées blanches en Crimée face aux bolcheviques, les civils russes réfugiées à Sébastopol, évacuent la ville pour se rendre à Constantinople, nouvelle étape de l'exil.

 
La traversée du golfe de Finlande par les Russes blancs Il faut imaginer le site de nuit, gelé jusqu'à la côte finlandaise, [à 35-40 km], et [mon grand-père et ses deux fils ainés] se lançant dans la nuit pour atteindre la frontière finlandaise. Lui est sur des skis de fond, son fils ainé aussi et mon père est dans un traineau tiré par un cheval, probablement avec d'autres fuyards. D'abord il y a des gardes rouges qui patrouillent de nuit sur cette zone et qui tirent au jugé sur le bruit du traineau, et aussi le bruit des skis de fond. Mais en plus, les bolcheviks (…) lancent chaque nuit un brise-glace depuis Petrograd pour empêcher toute fuite. Et le souvenir de mon père qui revenait le plus souvent, c'était le craquement de ce brise-glace… Est-ce qu'ils vont passer? C'était risqué de trouver des passeurs, d'avoir les moyens de payer. Parce que mon grand-père et ma grand-mère n'avaient plus rien. Ils avaient été expulsés, ils avaient peut-être encore quelques bijoux sur eux, je ne sais pas (…). Le passeport Nansen , je crois qu'ils l'ont eu dans les Etats baltes (…). S'ils arrivent dans les pays baltes, c'est grâce à un faux passeport balte. Or justement, le but du passeport Nansen était de rendre aux gens leur identité réelle. Et là, ils ont obtenu le passeport Nansen, qui alors leur a permis de s'installer en Belgique (…). Mes grands-parents l'ont conservé jusqu'à la fin de leurs jours. Ils n'ont jamais pris la nationalité belge. Je crois que ça leur paraissait inconcevable. Serge Spetchinsky, témoignage cité dans le film Nansen, un passeport pour les apatrides, Valentine Varela et Philippe Saada, 2016

La difficile situation des réfugiés Le Haut-Commissariat a été institué vers la fin de 1921, en vue de résoudre les problèmes crées par la présence d'un million et demi de réfugiés russes dispersés dans toute l'Europe. La plupart de ces réfugiés étaient dénués de toutes ressources et se trouvaient dans une situation d'autant plus difficile qu'ils ne possédaient aucun passeport (…). La Société a été invitée à s'occuper de leur bien-être. Grâce à la collaboration des divers gouvernements intéressés aux efforts du Haut-Commissariat et au précieux appui qui lui a été accordé par différentes organisations bénévoles de secours, il a été possible d'améliorer la situation des réfugiés (…). Trente et un gouvernements (…) acceptent aujourd'hui le modèle de certificat d'identité pour les réfugiés russes (…). Pour des centaines de milliers d'êtres humains, Constantinople a été la première étape d'un voyage long et pénible (…) 170 000 Russes, 75 000 Turcs, 155 000 Grecs et Arméniens, tels sont les chiffres qui peuvent donner quelque idée de l'importance du problème des réfugiés (…) à Constantinople. Fridtjof Nansen, Rapports sur les travaux du Haut-Commissariat pour les réfugiés, 4 septembre 1923

Les certificats d'identité dits "passeport Nansen" Passeport Nansen de la princesse Vera Mestchersky Maison Russe - Centre d'archives / Musée national de l'histoire de l'immigration, Palais de la Porte Dorée, Paris Certificat d'identité établi pour Vera Makarova et sa fille, russes déchues de leur nationalité, à Belgrade en 1923, Archives de l'Ofpra

L'exil des Russes blancs en France
Le Petit Journal, 6 mars 1922

 
Des réfugiés stigmatisés Alors que l'émigrant ordinaire transporte avec lui son capital, une grande partie des réfugiés ont fui hors de chez eux sans rien emporter (…). Ils constituent les débris humains de la catastrophe européenne, qui ont été recueillis par d'autres pays que le leur. Ce travail d'absorption est infiniment pénible et coûteux, et a aggravé certainement l'état économique du continent. La surabondance de la population étrangère dans certains centres a causé des troubles, en accentuant la crise du chômage et du logement, et en augmentant le nombre d'indigents qui vivent de la bienfaisance privée ou publique. Madeleine de Bryas, Les peuples en marche : les migrations politiques et économiques en Europe depuis la guerre mondiale, 1926

Les réfugiés russes en banlieue parisienne Ils s'étaient assis par terre, les enfants à moitié nus pleuraient, les femmes non débarbouillées, décoiffées, jambes nues et couvertes de guenilles jetaient des regards apeurés autour d'elles. Les hommes, barbus, sombres, étaient assis près de leurs misérables bagages qui avaient transité par toute l'Europe et d'où émergeaient des théières, des icônes et des souliers. Les habitants de Billancourt les avaient d'abord pris pour des romanichels, puis après de longs débats sur les peuples d'Orient, il fut décidé qu'il s'agissait de Polonais mais il s'avéra que les affamés ne pratiquaient pas la religion catholique (…). Des journalistes parisiens munis de carnets, de crayons et d'appareils photographiques vinrent à Billancourt et déclarèrent (eux ils savaient) qu'il s'agissait d'Arméniens qui avaient fui Trébizonde, traversé la Mésopotamie et étaient arrivés à Billancourt pour aider moussiou Renault. Les bistrots du coin offrirent des bols de bouillon KUB et des tranches de pain à ces pauvres gens. Les enfants s'accrochaient des deux mains aux jupes de leurs mères et les mères, à leur tour, agrippaient les bols de bouillon (…). L'étonnement fut général. Comment ce sont des Russes ? De vrais Russes ? Qui aurait pu penser ? Nina Berberova, La Petite Etrangère, 1930 (in Chroniques de Billancourt, Actes Sud, 1992)

Convention relative au statut international des réfugiés Cette convention précise la définition et le statut des réfugiés apatrides. Les Etats signataires garantissent des droits aux réfugiés. Sa Majesté le roi des Belges, Sa Majesté le roi des Bulgares, Sa Majesté le roi d'Egypte, le président de la République française, Sa Majesté le roi de Norvège, (…) Animés par le désir de compléter et de consolider l'oeuvre accomplie par la Société des Nations au profit des réfugiés (…) sont convenus des dispositions suivantes. Article 1. La présente convention est applicable aux réfugiés russes, arméniens et assimilés, tels qu'ils ont été définis par les Arrangements des 12 mai 1926 et 30 juin 1928 (…). Article 2. Chacune des Parties contractantes s'engage à délivrer des certificats Nansen, valables pour un an au moins, aux réfugiés résidant régulièrement sur son territoire (…). Les porteurs de certificat Nansen seront libres de sortir du pays qui leur a délivré ces titres et d'y revenir (…). Société des Nations, Genève, le 28 octobre 1933 Archives du secrétaire de la SDN