Thème 4 : La Première Guerre mondiale : le "suicide de l'Europe" et la fin des empires européens
Sortir de la guerre : la tentative de construction d'un ordre des nations démocratiques
1ère étape : S'informer Votre première mission d'équipe consiste à prendre connaissance de votre corpus documentaire et de répondre aux questions qui l'accompagnent
2ème étape : Réaliser
Après avoir réalisé l'étape 1, il s'agit maintenant pour vous de prendre connaissances des images sur lesquelles vous devrez réaliser votre bande-son. Les vidéos sont toutes dans l'onglet (Vidéos de travail).
- Visionnez la vidéo de votre groupe une première fois sans l'arrêter
- Visionnez la vidéo une seconde fois pour procéder à son séquençage
- Rédigez le propos que vous allez associer à la vidéo
Questions : 1) Identifiez les Etats qui dominent les négociations de paix. 2) Quels sont les principaux changements territoriaux issus des différents traités de paix ? 3) Quelles sont les principales dispositions du traité de Versailles ? 4) Comment le traité de Versailles est-il perçu en Allemagne ? Pourquoi? 5) Quels sont les fondements politiques du nouvel ordre construit par les traités ? 6) Identifiez les faiblesses des différents traités de paix et les tensions qui en découlent.

Les principaux traités de paix mettant un terme à la Première guerre mondiale 28 juin 1919 : Traité de Versailles (sort de l'Allemagne) 10 septembre 1919 : Traité de Saint-Germain-en-Laye (dislocation en 7 Etats de l'Autriche-Hongrie) 27 novembre 1919 : Traité de Neuilly (la Bulgarie doit céder des territoires à ses voisins) 4 juin 1920 : Traité du Trianon (les frontières de la Hongrie sont fixées) 10 août 1920 : Traité de Sèvres (réduction de l'Empire ottoman à ses territoires turcs) 18 mars 1921 : Traité de Riga (sort de la Russie bolchevique) 24 juillet 1923 : Traité de Lausanne (la Turquie voit son territoire agrandi) (en remplacement du Traité de Sèvres)

Discours d'ouverture de la conférence de la Paix (janvier 1919) La conférence de la Paix se déroule à Paris et en banlieue parisienne entre janvier et août 1919. Elle a pour mission d'élaborer les traités qui doivent mettre fin au conflit. Ces énormes sacrifices, la France les a subis sans avoir la moindre responsabilité dans l'épouvantable cataclysme qui a bouleversé l'univers (…). Il y a 48 ans (…), le 18 janvier 1871, l'Empire d'Allemagne était proclamé, par une armée d'invasion, dans le château de Versailles. Il demandait au rapt de deux provinces françaises sa première consécration (…). Vous êtes assemblés pour réparer le mal qu'il a fait et pour en empêcher le retour. Vous tenez dans vos mains l'avenir du monde. Je vous laisse, Messieurs, à vos graves délibérations et je déclare ouverte la Conférence de Paris. Discours du président de la France, Raymond Poincaré, 18 janvier 1919
La signature du traité de Versailles, 28 juin 1919
William Orpen, La signature du traité de paix dans la galerie des Glaces, Versaiiles, 1919, Imperial War Museum, Londres Les Allemands sont représentés de dos. Georges Clemenceau (président du Conseil français) est au centre, entoure de Wilson (Président des Etats-Unis, à sa droite) et de Lloyd Georges (1er ministre britannique, à sa gauche)

 
L'Europe au lendemain de la Première Guerre mondiale
 
L'éclatement de l'Empire austro-hongrois
 
Extraits du traité de Versailles (28 juin 1919) Art. 42 et 43 Il est interdit à l'Allemagne de maintenir ou de construire des fortifications soit sur la rive gauche du Rhin, soit sur la rive droite, sur 50 km à l'est de ce fleuve (…). L'entretien ou le rassemblement de forces armées sont interdits dans cette zone (…) Art. 51 Les territoires cédés à l'Allemagne en vertu des préliminaires de paix signés à Versailles le 26 février 1871 sont réintégrés dans la souveraineté française (…) Art. 87 L'Allemagne reconnait l'indépendance de la Pologne et renonce à tout droit sur les territoires qui lui sont attribués Art. 119 L'Allemagne renonce, en faveur des principales puissances alliées, à tous ses droits sur ses possessions d'outre-mer Art. 160 (…) La totalité des effectifs des Etats qui constituent l'Allemagne ne devra pas dépasser 100 000 hommes (…) et sera exclusivement destinée au maintien de l'ordre sur le territoire et la police des frontières (…) Art. 171 Sont interdits la fabrication et l'importation en Allemagne de chars, blindés, tanks Art. 198 Les forces armées allemandes ne pourront comprendre aucune aviation Art. 231 Les gouvernements alliés et associés déclarent et l'Allemagne reconnait que l'Allemagne et ses alliés sont responsables, pour les avoirs causés, de toutes les pertes et de tous les dommages subis par les gouvernements alliés et associés et leurs nationaux en conséquence de la guerre, qui leur a été imposée par l'agression de l'Allemagne et de ses alliés Art. 232 (…) Les gouvernements alliés et associés exigent que soient réparés tous les dommages causés à la population civile de chacune des puissances alliées (…) Art. 428 A titre de garantie d'exécution par l'Allemagne du présent traité, les territoires allemands situés à l'ouest du Rhin (…) seront occupés par les troupes des puissances alliées

Le traité de Versailles, vu d'Allemagne Jamais n'a été infligée à un peuple, avec plus de brutalité, une paix aussi accablante et aussi ignominieuse qu'au peuple allemand la paix honteuse de Versailles. Une paix dictée comme celle de Versailles, est aussi peu une vraie paix qu'il n'y a transfert de propriété quand un brigand renverse à terre un malheureux et le contraint ensuite à lui remettre son porte-monnaie. La paix de Versailles nous a ravi plus de 70 000 km2 et plus de 7 millions d'habitants (…). Pour garder le géant enchainé, on a mis deux sbires à ses flancs, la Pologne et la Tchécoslovaquie, qui ont reçu le droit, conservé aussi par les Etats vainqueurs d'augmenter librement leurs forces militaires, tandis que notre armée était réduite à n'être qu'une force de police. Bernhard von Bülow, Mémoires du Chancelier Prince Bülow : 1909-1919, La Grande Guerre et la Débâcle, tome 3, trad. H. Bloch et P. Roques, Plon, 1931 Les Allemands dénoncent le Diktat Thomas Heine, "Versailles. Vous aussi, vous avez le droit à l'autodétermination" ; caricature parue dans l'hebdomadaire allemand Simplicissimus, 3 juin 1919

Le traité de Trianon (1920) : les arguments des vainqueurs Les Puissances alliées et associées, tout en exprimant l'espoir que la Hongrie de l'avenir sera, en Europe, un élément de stabilité et de paix, ne sauraient (…) oublier la part de responsabilité qui incombe à la Hongrie dans le déchaînement de la guerre mondiale et, en général, dans la politique impérialiste poursuivie par la Double Monarchie [l'Empire austro-hongrois] (…). Les conditions ethnographiques dans l'Europe centrale sont telles qu'il est impossible que les frontières politiques coïncident dans leur étendue avec les frontières ethniques. Il s'ensuit, et les Puissances alliées et associées ne se sont pas résignées sans regret à cette nécessité, que certains noyaux de population magyare [de langue et de culture hongroise] se trouveront passer sous la souveraineté d'un autre Etat. Mais on ne saurait se baser sur cette situation pour prétendre que mieux aurait valu ne pas modifier l'ancien statut territorial. Un état de choses, même millénaire, n'est pas fondé à subsister lorsqu'il est reconnu contraire à la justice. Lettre d'envoi du traité de paix entre les Puissances alliées et associées à la Hongrie, 6 mai 1919

Les minorités nationales après 1920
La question des minorités est centrale dans l'histoire politique européenne depuis le XIXème siècle. Aux empires multinationaux succèdent des Etats-nations censés simplifier la carte de l'Europe
 
Les prétentions italiennes balayées En avril 1919, à la conférence de Paris, le président américain Wilson et le président du conseil italien Orlando s'opposent sur la question des terres irrédentes [territoires de langue italienne extérieurs à l'Italie] que l'Italie voudrait rattacher à son territoire. M. Wilson a lancé une déclaration publique qui était une sommation hautaine à l'Italie de renoncer partiellement à ses prétentions sur Fiume et l'Adriatique. Le procédé cassant du président est hautement blâmé par la presse parisienne. Quand à M Orlando, il a répondu par l'annonce du départ immédiat des délégués italiens. Beaucoup de nos confrères espèrent cependant qu'un terrain de transaction se trouvera entre l'Italie qui veut s'établir solidement sur la côte adriatique, et les populations serbo-yougoslaves, devenues un puissant Etat [le royaume de Yougoslavie] dont M. Wilson a pris la cause en main, en exigeant qu'elles aient sur l'Adriatique un débouché sûr et stable. La Croix, 25 avril 1919

Evolution de la Turquie de 1920 (traité de Sèvres) à 1923 (traité de Lausanne)
 
La persistance des conflits Le chaos économique est profond. Mais le chaos politique l'est plus encore. L'indicible misère de la Russie bolcheviste a-t-elle empêché l'Armée rouge de se battre? Sur une vaste surface de l'Europe 10 nations se font la guerre malgré la pénurie, le typhus dans des conditions d'existence épouvantables qui ne devraient laisser aux hommes que le souci du pain quotidien (…). Ailleurs, il y a beaucoup de nationalités et peu de nations. Ce qui fait une nation, c'est l'habitude de vivre ensemble. La frontière a un sens précis quand les hommes savent qu'au-delà du poteau cessent des mœurs, des coutumes, des souvenirs auxquels ils sont attachés. Dans les nouveaux Etats rien de pareil à ce contour idéal, plus résistant qu'aucun rempart. Tout y est neuf, imprécis et amorphe. 10, 20, 100 combinaisons politiques et distributions territoriales différentes de celles que la paix a décrétées sont possibles et ne seraient ni plus ni moins raisonnables (….). La démocratie pure est introduite dans des Etats qui ont tout à créer, tout à fonder, des frontières à défendre, des populations hétérogènes à unir : oeuvre rude de longue haleine,, qui s'accommode mal d'un gouvernement faible, instable et divisé. Jacques Bainville, Les conséquences politiques de la paix, Fayard, 1920