Les Lumières et le développement des sciences
aux XVIIème et XVIIIème siècles
THEME 4 :
Dynamiques et ruptures dans les sociétés des XVIIème et XVIIIème siècles
La production et la diffsuin des savoirs au XVIIIème siècle
 

De multiples découvertes scientifiques

1609 : l'astronome italien Galilée invente la première lunette astronomique
1628 : le médecin anglais Harvey découvre la circulation sanguine
1637 : le philosophe mathématicien et physicien français Pascal met au point une machine à calculer
1643 : le physicien italien Torricelli mesure la pression atmosphérique
1651 : première machine pneumatique (pompe à air) fabriquée par l'allemand Von Guericke
1661 : le physicien et chimiste irlandais Boyle découvre la dilatation des gaz
1672 : l'astronome et physicien anglais Newton invente le premier télescope
1687 : Newton découvre l'attraction et la
gravitation universelle
1690 : le physicien anglais Edmond Halley invente la cloche de plongée

Les objectifs de la Royal Society of London

L'occupation et le dessein de la société royale sont :
D'avancer la connaissance des choses naturelles et tous les arts utiles, les manufactures, les pratiques mécaniques, les engins et inventions, par des expériences (ne se mêlant pas de théologie, de métaphysique, de morale, de politique, de grammaire, de rhétorique ou de logique) ;
D'essayer tous les systèmes, théories, principes, éléments, histoires et expériences, des choses naturelles, mathématiques, inventés, rapportés, ou pratiqués par tout auteur important, ancien ou moderne. Cela, afin de compiler un système complet de solide philosophie, qui explique tous les phénomènes produits par la nature ou par l'art et qui fournisse un compte-rendu rationnel des causes et des choses ;
Et toutes ces recherches pour augmenter la gloire de Dieu, pour l'honneur du Roi, fondateur de la Société et pour l'unité de son royaume ainsi que pour le bien général du genre humain.

Robert Hooke, Royal Society, manuscrit de 1663

Un réseau de savants

a) Lettre de Robert Hooke à Isaac Newton, le 20 janvier 1676
« Monsieur,
La lecture de votre lettre de la semaine dernière, à la réunion de la Royal Society, m'a fait penser que peut-être vous aviez été d'une manière ou d'une autre délibérément mal informée à mon sujet. Votre but est, je pense, le même que le mien, à savoir la découverte de la vérité, et je suppose que nous pouvons tous les deux supporter d'entendre des objections, pourvu qu'elles ne manifestent pas une hostilité ouverte, et que nos esprits sont aussi prêts l'un que l'autre à s'incliner devant les déductions les plus nettes que le raisonnement puisse tirer de l'expérience. Si par conséquent, il vous plaisait que nous ayons à ce sujet une correspondance privée, je serais très heureux de l'entreprendre".
b) Lettre de Newton à Hooke, le 5 février 1676
« Monsieur,
En lisant votre lettre, j'ai été enchanté de votre attitude libre et généreuse et je pense que vous avez agi comme il convient un véritable esprit philosophique. En attendant, vous avez une trop haute idée de mes capacités. Le travail de Descartes constitue un grand pas en avant. Vous-même y avez ajouté beaucoup. Si j'ai vu plus loin, c'est en montant sur les épaules des géants.

Citées par Jean-Pierre Maury, Newton et la mécanique céleste, 1990

La fondation de l'Académie des sciences de Paris

Tableau d'Henri Testelin, 1667, Musée de Versailles

Colbert présente à Louis XIV les membres de l'Académie royale des sciences (fondée à Paris en 1666). Elle réunit les meilleurs scientifiques du pays, ainsi que des étrangers invités par le roi, tels que le Hollandais Huygens (spécialiste d'optique), ou l'Italien Cassini pour diriger l'Observatoire. Le roi a compris que les progrès scientifiques peuvent donner naissance à des progrès techniques permettant d'exalter la gloire du royaume

Le règlement de l'1cadémie royale des sciences de 1699

XXVI – L’Académie veillera exactement à ce que, dans les occasions où quelques académiciens seront d'opinions différentes, ils n'emploient aucun terme de mépris ni d'aigreur l'un contre l'autre, soit dans leurs discours, soit dans leurs écrits ; et lors même qu'ils combattront les sentiments de quelques savants que ce puisse être, l'Académie les exhortera à n'en parler qu'avec ménagement.
XXVII - L'Académie aura soin d'entretenir commerce avec les divers savants, soit de Paris ou des provinces du royaume, soit même des pays étrangers afin d'être complètement informée (…)
XXIX - L'Académie fera de nouveau les expériences considérables qui se seront faites partout ailleurs, et marquera dans ses registres la conformité ou la différence des siennes à celles dont il était question.
XXX – (…). L'Académie examinera, si le Roi l’ordonne, toutes les machines pour lesquelles on sollicitera des privilèges auprès de Sa Majesté. Elle certifiera si elles sont nouvelles et utiles, et les inventeurs de celles qui seront approuvés, seront tenus de lui en laisser un modèle (…).
XLVIII - Pour aider les académiciens dans leurs études et leur faciliter les moyens de perfectionner leur science, le Roi continuera de fournir aux frais nécessaires pour les diverses expériences et recherches que chaque académicien pourra faire.
Règlement ordonné par le Roi pour l'Académie royale des sciences, le 26 janvier 1699

L’Encyclopédie présentée par l'un de ses auteurs

L'Encyclopédie que nous présentons au public, est, comme son titre l'annonce l'ouvrage d'une société de gens de lettres (…), notre fonction d'éditeurs consiste principalement à mettre en ordre des matériaux dont la partie la plus considérable nous a été entièrement fournie. Nous avions fait expressément la même déclaration dans le corps du Prospectus (1) ; hé mais elle aurait peut-être dû se trouver à la tête. Par cette précaution, nous eussions apparemment répondu d'avance à une foule de gens du monde, et même à quelques gens de lettres, qui nous ont demandé comment deux personnes pouvaient traiter de toutes les sciences et de tous les arts (…).
L'ouvrage dont nous donnons aujourd'hui le premier volume, a deux objets : comme encyclopédie, il doit exposer autant qu'il est possible l'ordre et l'enchaînement des connaissances humaines ; comme dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, il doit contenir sur chaque science et sur chaque art, soit libéral, soit mécanique, les principes généraux qui en sont la base et les détails les plus essentiels, qui en font le corps et la substance. Ces deux points de vue, d'encyclopédie et de dictionnaire raisonné, formeront donc le plan et la division de notre discours préliminaire.

Extrait du Discours préliminaire à l'Encyclopédie (1751) rédigé par le mathématicien et philosophe Jean le Rond d'Alembert

(1) Texte introductif rédigé avant la parution de l'Encyclopédie et qui est ensuite intégré à celle-ci

L'Encyclopédie (ouvrage édité sous la direction de Diderot et d'Alembert)
De 1751 à 1772, les philoosphes Diderot et d'Alembret dirigent l'édition de l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, en 17 volumes de textes et 11 volumes de planches

Les débuts des journaux scientifiques

On conçoit par-là de quelle utilité serait pour la France et pour l'Europe entière un ouvrage qui rassemblerait, les découvertes et les chefs-d'œuvre de tous les artistes, de tous les savants du monde en tout genre et dans toutes les langues vivantes. C'est précisément le projet de l'ouvrage périodique que nous annonçons au public. [Notre objectif] est de faire passer dans la langue française toutes les richesses littéraires de l'Univers ; de familiariser de plus en plus notre nation avec des arts et des talents auxquels l'ignorance et le préjugé ont fait trop longtemps refuser parmi nous l'estime qui leur était due ; enfin de faire circuler ces trésors de l'esprit chez tous les peuples lettrés par le véhicule d'une langue moderne, devenue presque universelle. Les livres et les journaux, qui paraissent en latin, ne rendent ce service que dans un sens trop limité : ils ne traitent ordinairement que de science et d'érudition. Les ouvrages d'agrément et les aménités de littérature passent rarement les frontières de leur pays natal. Les livres de ce genre ne sont jamais répandus ailleurs, ou le font trop tard. Le JOURNAL ETRANGER les fera connaître plutôt et plus universellement.

Premier numéro du Journal étranger publié le 1er avril 1754 à Séville

Un laboratoire au XVIIIème siècle
Le Laboratoire, planche technique tirée de l'Encyclopédie

Physicien (A) et chimiste (B) discutent de la dissolution et sont assistés de garçons de laboratoire (C) autour d’une table de laboratoire (D). Divers appareils servent aux expériences tels que des cornues (E) , un appareil pour mesurer la quantité d’air qui s’échappe d’un corps en fermentation (F), des alambics (G), un vaisseau à retirer les huiles pesantes (H)ou ,un fourneau (I).
 
Une expérience publique au XVIIIème siècle
Joseph Wright, Expérience sur un oiseua dans une pompe à air, 1768, Londres, National Gallery

La pompe à air mise au point par l'Anglais Robert Boyle en 1659 permet de créer le vide. Plusieurs de ses expériences sur des animaux privés d'oxygène ont été reproduites