Les Lumières et le développement des sciences
aux XVIIème et XVIIIème siècles
THEME 4 :
Dynamiques et ruptures dans les sociétés des XVIIème et XVIIIème siècles
Galilée observe
Vénus apparaissant le soir, je me mis à l'observer soigneusement à la lunette afin de voir de mes yeux ce dont ma raison ne doutait plus. Je la vis donc d'abord de figure ronde, nette et entière. Elle commença ensuite à perdre son contour circulaire dans sa partie orientale, la plus éloignée du Soleil, et en peu de jours elle se réduisit à un demi-cercle parfait ; et telle elle demeura, sans changer en rien, jusqu'au point où elle commença à se retirer vers le Soleil C'est alors qu'elle perd sa forme demi-circulaire et se présente comme un croissant. Après quoi elle passera du demi-cercle au cercle parfait. Cette admirable expérience nous a donné la démonstration sensible et certaine. Il faut de toute nécessité que Vénus tourne autour du Soleil, comme Mercure et comme toutes les autres planètes, chose dont les pythagoriciens (1), Copernic (2), Kepler (3) et moi, étions convaincus, mais dont on n'avait pas la preuve tangible que nous avons maintenant. Kepler et les autres coperniciens pourront donc se faire honneur d'avoir cru ce qu'ils ont bon ce qu'il était bon de croire et d'avoir bien philosophé.
Lettre à Julien de Médicis, ambassadeur de Toscane, 1611
(1) Philosophes grecs des VIème et Vème siècles avant Jésus Christ
(2) Chanoine et astronome polonais (1473-1543)
(3) Mathématicien allemand (1571-1630)
L'héliocentrisme
Le système de Copernic, gravure dans Harmonia macrocosmica de Andreas Cellarius, 1660, BNF, PAris
 
Le thermoscope de Galilée
Thermoscope de Galilée, musée des Arts et Métiers, Paris

Cet instrument permet de rendre compte de la densité de l'air selon les changements de température. Il s'agit de l'ancêtre du thermomètre
 
L'arsenal de Venise vue par Galilée

Dans son Discours sur deux sciences nouvelles, 3 personnages discutent des questions liées à la mécanique. Ici, le Florentin Salviati, porte-parole de Galilée, et le Vénitien Sagredo évoquent l'arsenal de Venise.

Salviati : Quel large champ de réflexion me paraît ouvrir aux esprits spéculatifs (1) la fréquentation assidue de votre fameux arsenal (2), seigneurs vénitiens, et particulièrement le quartier des « travaux mécaniques ». Toutes sortes d'instruments et de machines y sont, effectivement, mises en œuvre constamment par un grand nombre d'artisans dont certains tant par les observations que leurs prédécesseurs leur ont léguées que par celles qu'ils font sans cesse eux-mêmes, allient assurément la plus grande habileté au jugement le plus pénétrant.
Sagredo : Rien n'est plus vrai. Curieux de nature, je vais souvent, moi aussi, pour mon plaisir visiter ces lieux et me mêler à ceux que, pour leur supériorité sur les autres ouvriers nous appelons des « maîtres » ; leur conversation m'a plus d'une fois aidé à chercher l'explication de certains faits, non seulement étonnants, mais encore mystérieux et quasi inimaginables.Galilée,
Discours sur deux sciences nouvelles, 1638, traduit par Giulia Clara et Audrey Millet
(1) Esprit cherchant à produire des théories
(2) Lieu de construction et de réparation des navires de guerre
Lettre de Galilée Christine de Lorraine (1)
Galileo Galilei à Mme la Sérénissime grande-duchesse Mère
J’ai découvert, il y a peu d'années, comme le sait votre Altesse Sérénissime, de nombreuses particularités dans le ciel, qui, jusqu'ici, étaient invisibles ; soit en raison de leur nouveauté, soit en raison de plusieurs conséquences qui en découlent, ces découvertes, en venant s'opposer à des propositions communément reçues dans les Ecoles de philosophes (2), ont excité contre moi un grand nombre de ces professeurs (…). Ces adversaires cherchent par tous les moyens possibles à me déconsidérer. Ils savent que mes études d’astronomie et de philosophie m'ont conduit à affirmer, relativement à la constitution du monde, que le Soleil, sans changer de place, demeure situé au centre de la révolution des orbes célestes (3) et que la Terre tourne sur elle-même et se déplace autour du Soleil (…). Se rendant compte que, s’ils me combattent seulement dans le domaine philosophique, ils auront de la peine à me confondre, ils ont entrepris de donner comme bouclier à leur raisonnement erroné le manteau d'une feinte religion et de l'autorité des Saintes Ecritures (4), appliquant celles-ci, avec peu d'intelligence, à la réfutation d'arguments qu'ils n'ont pas compris. Ils en sont venus à prétendre que mes propositions sont contraires aux Saintes Ecritures et qu'en conséquence elles sont condamnables et
hérétiques (5)
Maurice Clavecin, Lettre à Madame de Lorraine, grande-duchesse de Lorraine, traduction de F. Russo, Revue d'histoire des sciences, 1964
(1) Christine de Lorraine est la fille du duc de Lorraine et l'épouse du grand-duc de Toscane
(2) Référence aux universités
(3) Mouvement des planètes
(4) La Bible
(5) Contraire à la doctrine de l'Eglise
Le procès de Galilée
Condamnation du Saint-Office (1) : Par sentence, nous déclarons que toi, Galilée, t'es rendu fort suspect d’hérésie, pour avoir tenu cette fausse doctrine du mouvement de la Terre et repos du Soleil. Conséquemment, avec un cœur sincère, il faut que tu abjures (2) et maudisses devant nous ces erreurs et ces hérésies contraires à l'Eglise. Et afin que ta grande faute ne demeure impunie, nous ordonnons que ce Dialogue soit interdit par édit public, et que tu sois emprisonné dans les prisons du Saint-Office.
Réponse de Galilée : J'ai été tenu pour hautement suspect d’hérésie, pour avoir professé et cru que le Soleil est le centre du monde et est sans mouvement et que la Terre n'est pas le centre et se meut. J’abjure et maudis d'un cœur sincère et d'une foi non feinte mes erreurs.
D'après les Actes du procès contre Galilée, 22 juin 1633
(1) Tribunal de l'Eglise catholique chargé de juger les cas d’hérésie
(2) Renoncer publiquement à ses idées ou à sa foi
Galilée et l'Inquisition
Anonyme italien, Procès de Galilée devant l'Inquisition en 1633, 1680, New York, Collection privée

Galilée est condamné par un tribunal religieux (l'Inquisition). Il doit reconnaitre qu'il a tort pour éviter l'emprisonnement.