L'étude de la physique
Je ne me propose dans cet ouvrage que de rassembler sous vos yeux les découvertes éparses dans tant de bons livres latins, italiens et anglais (…). Un des torts de quelques philosophes de ce temps, c'est de vouloir bannir les hypothèses de la physique ; elles y sont aussi nécessaires que les échafauds dans uneUn éloge pour Madame du Châtelet
En 1745, Émilie du Châtelet entreprend de traduire les Principes mathématiques de Newton. En 1759, 10 ans après sa mort, Voltaire lui rend hommage dans la publication posthume de sa traduction.
Cette traduction que les plus savants Hommes de France devaient faire, et que les autres doivent étudier, une femme l'a entreprise et achevée à l'étonnement et à la gloire de son pays. [La] marquise du Châtelet, est l'auteur de cette traduction, devenue nécessaire à tous ceux qui voudront acquérir ces profondes connaissances, dont le monde est redevable au grand Newton. C’eut été beaucoup pour une femme de savoir la géométrie ordinaire, qui n'est pas même une introduction aux vérités sublimes contenues dans cet ouvrage immortel (…). Madame du Châtelet a rendu un double service à la postérité en traduisant le livre des Principes, et en l’enrichissant d'un commentaire. Il est vrai que la langue latine dans laquelle il est écrit, est entendue de tous les savants ; mais il en coûte toujours quelques fatigues à dire des choses abstraites dans une langue étrangère : d'ailleurs le latin n'a pas de terme pour exprimer les vérités mathématiques et physiques qui manquaient aux anciens. Voltaire, préface aux Principes mathématiques de la philosophie naturelle par feue Madame la Marquise du Châtelet, 1759Madame du Châtelet correspond avec un scientifique
Tout le monde me parle de vos succès, et de la façon dont vous avez instruit l'Académie et le public (…). Vous devriez envoyer vos mémoires à Cirey, où peut-être on en est digne ; il est dur d'attendre l'impression. Monsieur de Voltaire, qui vous aime et vous estime plus que personne, me charge de vous en supplier (…). Si on pouvait espérer de vous attirer à Cirey, on vous dirait que vous y trouveriez un assez beau cabinet de physique, des télescopes, des quarts de cercle (1), des montagnes du haut desquelles on jouit d'un vaste horizon D'après une lettre d'Emilie du Châtelet à M. de Maupertuis (2), 11 décembre 1738 (1) Instrument de mesure des angles (2) Pierre-Louis de Maupertuis (1698 -1759) est philosophe, mathématicien, astronome et contribua à diffuser les idées Newtown en Europe.La difficulté d'être une femme de science
a) Une femme persévérante Je me lève à 9h, quelquefois à huit, je travaille jusqu’à trois heures, je prends mon café ; je reprends le travail à quatre, je le quitte à dix pour manger un morceau seule, je cause jusqu’à minuit avec M. de Voltaire qui assiste à mon souper, et je reprends le travail à minuit jusqu’à 5h. mon enfant remue beaucoup et se porte, à ce que j'espère, aussi bien que moi. Lettre de Madame du Châtelet au marquis de Saint Lambert, Paris, 21 mai 1749 b) Des critiques misogynes Ma cousine Emilie avait 3 ou 4 ans de moins que moi, mais elle avait 5 à 6 pouces de plus. C'était