Les Lumières et le développement de la science
Objectif final : Réalisation de deux images interactives au sujet du thème étudié Déroulement de l’activité : Etape 1 : travail de questions autour d’un corpus documentaire Etape 2 : En prenant appui sur le travail préparatoire, réalisation d’une image interactive
sur le site de « genialy » (voir vidéo tutoriel ci-dessous)



Questions : 1) Comment Emilie du Châtelet parvient-elle à être éduquée scientifiquement ? 2) En quoi consistent les travaux d'Emilie du Châtelet ? 3) Comment conçoit-elle la recherche scientifique ? Quelle méthode applique-t-elle ? 4) Relevez les éléments permettant d'affirmer qu'Emilie du Châtelet joue un rôle important dans la transmission des savoirs scientifiques. 5) Comment Emilie du Châtelet entretient-elle son réseau savant ? 6) A quelles difficultés doit-elle faire face en tant que femme de sciences ?

Emilie du Châtelet (1706-1749) 1706 : Naissance d'Emilie du Châtelet dans une famille noble. Elle est éduquée par les précepteurs de ses frères. 1725 : Elle épouse le marquis du Châtelet 1732 : L’astronome moderne Maupertuis est son professeur 1733 : Elle rencontre Voltaire, avec qui elle entretient une relation amoureuse 1737 : Elle soumet, anonymement, à l'Académie des sciences un travail sur la nature du feu : il est publié (fait sans précédent pour une femme) alors que celui de Voltaire ne l'est pas 1738 : Elle aide Voltaire à rédiger Eléments de la philosophie de Newton 1740 : Grand succès de son livre Institutions de physique 1745 : Elle commence à traduire les Principes de Newton 1746 : Elle est reçue à l'Académie des sciences de l'institut de Bologne 1749 : Elle meurt après un accouchement 1756-1759 : Publication posthume de sa traduction de Newton

L'étude de la physique

Je ne me propose dans cet ouvrage que de rassembler sous vos yeux les découvertes éparses dans tant de bons livres latins, italiens et anglais (…). Un des torts de quelques philosophes de ce temps, c'est de vouloir bannir les hypothèses de la physique ; elles y sont aussi nécessaires que les échafauds dans une
maison que l'on bâtit ; il est vrai que lorsque le bâtiment est achevé, les échafauds deviennent inutiles, mais on n’aurait pu l'élever sans leur secours. Toute l'astronomie, par exemple, n’est fondée que sur des hypothèses, et si on les avait toujours évitées en physique, il y a apparence qu'on n'aurait pas fait tant de découvertes (…). Souvenez-vous, mon fils, dans toutes vos études, que l'expérience est le bâton que la nature a donné à nous autres aveugles, pour nous conduire dans nos recherches ; (…) c'est à
l'expérience à nous faire connaître les qualités physiques, et c'est à notre raison à en faire usage et à en tirer de nouvelles connaissances et de nouvelles lumières.
Émilie du Châtelet, Institutions de physique, 1740

Un éloge pour Madame du Châtelet

En 1745, Émilie du Châtelet entreprend de traduire les Principes mathématiques de Newton. En 1759, 10 ans après sa mort, Voltaire lui rend hommage dans la publication posthume de sa traduction.

Cette traduction que les plus savants Hommes de France devaient faire, et que les autres doivent étudier, une femme l'a entreprise et achevée à l'étonnement et à la gloire de son pays. [La] marquise du Châtelet, est l'auteur de cette traduction, devenue nécessaire à tous ceux qui voudront acquérir ces profondes connaissances, dont le monde est redevable au grand Newton. C’eut été beaucoup pour une femme de savoir la géométrie ordinaire, qui n'est pas même une introduction aux vérités sublimes contenues dans cet ouvrage immortel (…). Madame du Châtelet a rendu un double service à la postérité en traduisant le livre des Principes, et en l’enrichissant d'un commentaire. Il est vrai que la langue latine dans laquelle il est écrit, est entendue de tous les savants ; mais il en coûte toujours quelques fatigues à dire des choses abstraites dans une langue étrangère : d'ailleurs le latin n'a pas de terme pour exprimer les vérités mathématiques et physiques qui manquaient aux anciens. Voltaire, préface aux Principes mathématiques de la philosophie naturelle par feue Madame la Marquise du Châtelet, 1759
Le chateau de Cirey, un refuge pour scientifiques
Frontispice de l'ouvrage de Francesco Algarotti, Le Newtonisme pour les dames, 1737 Dans son ouvrage, l'écrivain italien expose sous une forme galante ses entretiens scientifiques avec Mme du Châtelet, chez elle, au château de Cirey (Campagne). Elle y accueille plusieurs savants du parti newtonien.
 
Marion Seclin est Émilie du Châtelet - Scienceuses
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- String Theory
Une présentation humoristique de la vie d'Emilie du Châtelet mais qui fournit quelques éléments véridiques
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Madame du Châtelet correspond avec un scientifique

Tout le monde me parle de vos succès, et de la façon dont vous avez instruit l'Académie et le public (…). Vous devriez envoyer vos mémoires à Cirey, où peut-être on en est digne ; il est dur d'attendre l'impression. Monsieur de Voltaire, qui vous aime et vous estime plus que personne, me charge de vous en supplier (…). Si on pouvait espérer de vous attirer à Cirey, on vous dirait que vous y trouveriez un assez beau cabinet de physique, des télescopes, des quarts de cercle (1), des montagnes du haut desquelles on jouit d'un vaste horizon D'après une lettre d'Emilie du Châtelet à M. de Maupertuis (2), 11 décembre 1738 (1) Instrument de mesure des angles (2) Pierre-Louis de Maupertuis (1698 -1759) est philosophe, mathématicien, astronome et contribua à diffuser les idées Newtown en Europe.

La difficulté d'être une femme de science

a) Une femme persévérante Je me lève à 9h, quelquefois à huit, je travaille jusqu’à trois heures, je prends mon café ; je reprends le travail à quatre, je le quitte à dix pour manger un morceau seule, je cause jusqu’à minuit avec M. de Voltaire qui assiste à mon souper, et je reprends le travail à minuit jusqu’à 5h. mon enfant remue beaucoup et se porte, à ce que j'espère, aussi bien que moi. Lettre de Madame du Châtelet au marquis de Saint Lambert, Paris, 21 mai 1749 b) Des critiques misogynes Ma cousine Emilie avait 3 ou 4 ans de moins que moi, mais elle avait 5 à 6 pouces de plus. C'était
une merveille de force et de gaucherie. Elle avait des mains et des pieds formidables : elle avait la peau comme une râpe à muscade. Ce qu'elle avait toujours eu d'insupportable, c'est qu'elle avait toujours été pédante. Je comprends bien que monsieur de Voltaire est la fantaisie de la faire passer pour savante. Mais (…) nous disions toujours qu'elle avait dû lui donner de l'argent, et nous n'avons jamais ouï parler du génie sublime et du profond savoir de Madame du Châtelet sans éclater de rire
Maurice Cousin de Courchamps, Souvenirs de la marquise de Créquy de 1710 à 1803, Paris, 1840, BNF