THEME 1 :
TERRITOIRES, POPULATIONS, DEVELOPPEMENT : QUELS DEFIS ?
Chapitre 2 :1) De quelle(s) nature(s) sont les inégalités présentées dans votre corpus documentaire ? (économique, sociale, démographique...)
2) Comparez la situation socio-économique de la Creuse au reste du territoire fraçais ? Comment se manifestent les inégalités à l'intérieur du département de la Creuse ?
3) Comment pouvez-vous expliquer de telles inégalités territoriales ?
4) Quelles sont les conséquences de ces inégalités pour le territoire étudié et/ou pour les populations qui y vivent ?
5) Quelles sont les solutions mises en œuvre pour réduire ces inégalités ? Quels sont les acteurs mobilisés ?
Un territoire hyper rural.
La Creuse est l'un des départements les plus ruraux et les moins peuplés de France. Au sein de 258 petites communes vivent quelques 120 milles Creusois. Plus de 75% des communes ont moins de 500 habitants, et elle ne dispose que de faibles moyens pour porter les projets. Ce département de la région nouvelle Aquitaine subit une déprise démographique due au vieillissement de la population. Moins de 100 médecins libéraux sont encore actifs dans le département et 39 % des généralistes ont plus de 60 ans. Du fait du chômage et d'un niveau de revenu faible, la Creuse connaît un taux de pauvreté de 19,5%, contre 14,1 % au niveau national.www.cget.gouv.fr, 12 septembre 2018.
La tranquillité du paysage creusois cache des records plus ou moins gratifiants. Si la réalité est très difficile pour l'agriculture et l'industrie, le département possède toutefois les atouts d'une préservation forcée.
Avec ses 120 000 habitants et une densité de 22 personnes par kilomètres carrés (la plus faible de France juste après la Lozère) selon l'Insee, la Creuse s'est inscrite tour à tour dans la «diagonale du vide» quand la France parlait d'«aménagement du territoire», et maintenant dans la «France périphérique» telle que décrite en 2014 par Christophe Guilluy. D'abord par une démographie atomisée : la plus grande ville, Guéret, culminait à 13.143 habitants en 2013. La seconde, La Souterraine, où est implantée l'usine GM&S, compte moins de 5.500 habitants, et six villes seulement dépassent les 2.000 habitants. Ensuite par une économie en déclin depuis des décennies : en 2005, le département accusait le plus faible PIB par habitant (moins de 20.000 euros) de France. Un isolement progressif et un sentiment d'autarcie que l'on retrouve dans presque tous les domaines de l'économie creusoise.
Fin 2013, l'emploi total était estimé à 41 200 postes par l'Insee, dont 8 400 non-salariés, notamment en raison de l'agriculture extensive et des exploitations indépendantes. En effet, 11,9% de l'emploi est constitué par le secteur agricole, un taux élevé uniquement dépassé par le Gers (12,8%). La Creuse est une terre d'élevage, avec une spécialisation dans les bovins (...) Conséquence directe de cette prépondérance d'un secteur souvent en difficulté : un tiers des personnes actives non salariées, c'est-à-dire indépendantes, vivent sous le seuil de pauvreté, contre 17% à l'échelle nationale.
L'industrie et la construction représentent un peu plus de 17% des emplois, et les services marchands sont plus de dix points au-dessous de la moyenne nationale avec 31,7% du total. Les emplois publics sont en revanche beaucoup plus présents, avec 39,1% du total : les plus gros employeurs du département sont le conseil général, l'hôpital de Guéret, les services postaux et l'hôpital la Valette. En cinquième position, le premier employeur privé est l'usine Dagard (solutions frigorifiques) à Boussac, avec 360 salariés. Vient ensuite GM&S, le sous-traitant automobile, et ses 277 salariés désormais sur la sellette. Éloignée des nœuds de communication, de commerce et de recherche du pays, la Creuse peine à attirer et faire vivre les projets créateurs d'emplois et de valeur ajoutée, malgré quelques exceptions comme Codechamp, une PME de 50 salariés qui conçoit et fabrique du matériel de haute valeur ajoutée pour des applications spatiales et militaires. À 9%, dans la moyenne nationale, le chômage se distingue cependant par sa durée, souligne l'Insee. Mais la principale conséquence est financière, avec un taux de pauvreté global de 19,5%, contre 14,1% sur l'ensemble des départements de province.
L'isolement des Creusois et la désertification se ressentent également dans l'accès aux services que tout citadin trouverait presque en bas de chez lui : pour un quart des Creusois, un déplacement vers un service particulier (médecin généraliste, banque, etc.) demande plus de 7 minutes de voiture, un seuil de durée qui ne concerne que 3% des Français provinciaux. Le constat est plus dur encore pour les équipements ou services spécifiques : un quart des Creusois est à plus d'une demi-heure de route d'un lycée ou d'un hôpital (là encore seulement 3% des Français sont dans cette situation). Pour les Creusois, malgré la fierté des paysages, et malgré des villages soudés, l'impression de déconnexion est parfois pesante. L'économie bat tout simplement moins fort, moins rapidement qu'ailleurs.
Malgré tout, si la Creuse ne suit pas le progrès tel que les métropoles le définissent actuellement, elle pourrait à long terme tirer parti de cette préservation si souvent subie. Parmi ses plusieurs atouts, notamment pour le tourisme, le lac artificiel de Vassivière et son centre d'art contemporain, les chemins de randonnée, les sites naturels préservés comme celui de Crozant, et une quantité de petits villages simples et riches en témoignages architecturaux. Bien sûr, tout ou presque reste à faire : en 2014, près de 130 000 nuitées ont été enregistrées dans le département, ce qui reste infime au niveau national, et pour l'instant, le secteur de l'hôtellerie-restauration regroupe seulement 2% de l'emploi salarié, soit 650 personnes. Enfin et surtout en ce qui concerne l'avenir, la Creuse essaie de faire revivre son artisanat, et de profiter de l'engouement pour les métiers manuels historiques. Au Sud, Aubusson et Felletin sont réputées depuis six siècles pour leurs tapisseries, et une Cité internationale a vu le jour l'année dernière, en réponse à l'intégration de ce savoir-faire local au patrimoine immatériel de l'UNESCO. Entre musée et centre de formation, la Cité a pour mission de faire renaître un art vivant délaissé et d'en exploiter le potentiel économique.
Bien sûr, les solutions sérieuses de court et moyen terme, notamment pour sauvegarder l'emploi, restent difficiles à trouver. Isolée au centre du territoire, la Creuse dépend des politiques agricoles et industrielles du pays, et semble accuser la plupart des choix gouvernementaux depuis des décennies en la matière. Sur place, on espère que le rattachement à la région Nouvelle-Aquitaine permettra de trouver de nouveaux débouchés et un soutien, mais le département devra se battre pour ne pas être oublié dans le vaste ensemble administratif: plus de 550 kilomètres séparent Budelière, au Nord-Est creusois, d'Hendaye devant la frontière espagnole.
Article de Luc Lenoir, paru dans Le Figaro, 16 juin 2017
La Creuse fait toujours partie des départements les plus pauvres de France
Alors que l'inflation frappe durement les Creusois depuis plusieurs mois, le directeur de la Banque de France dans notre département dresse un état des lieux de la pauvreté sur notre territoire. La Banque de France a en effet la mission d'accompagner les personnes surendettées.
Les revenus des Creusois, largement en dessous de la moyenne nationale
La Creuse a depuis longtemps la réputation d'être un département pauvre. Les derniers chiffres de la Banque de France le confirment. Alors que le revenu de vie annuel médian des Français s'élève à 21.930 euros, celui des Creusois atteint péniblement 19.690 euros.
Le taux de pauvreté monétaire est aussi sensiblement plus élevé que la moyenne nationale. En Creuse plus de 18% de la population est concernée, contre 14,5% en France métropolitaine.
Les dossiers de surendettement en nette augmentation en 2023
La Banque de France est chargée d'accompagner les personnes en situation de surendettement afin de trouver des solutions. Sur les neuf premiers mois de l'année 2023, 242 dossiers ont été déposés en Creuse. Cela représente une hausse de 11% par rapport à la même période en 2022. En France, la hausse n'est que de 6%.
D'après Jean-Paul Brancaz, l'inflation est la principale cause de la hausse du nombre de dossiers de surendettement en Creuse.
Camille André, reportage de France Bleue Creuse, 20 octobre 2023
Démographie : Toujours moins d'habitants en Creuse
L'Insee publie ce jeudi 28 décembre les chiffres du dernier recensement de 2021. La Creuse compte 115.702 habitants soit 4.663 de moins qu'en 2015.
La Creuse compte officiellement 115.702 habitants selon les chiffres du dernier recensement de l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) pour l'année 2021.
Le département reste tout de même attractif avec un solde migratoire est positif (+0,3%). Chaque année de nouveaux habitants viennent s'installer en Creuse et ils sont plus nombreux que ceux qui déménagent. En revanche, le nombre de décès est toujours supérieur au nombre de naissance. Le solde naturel est de -1%.
23 communes de plus de 1.000 habitants
La Creuse compte 256 communes dont 196 qui ont moins de 500 habitants et seulement 23 qui ont plus de 1.000 habitants. Entre 2015 et 2021, les trois plus grosses communes du département ont vu leur population diminuer. Guéret compte 12.840 habitants, soit 652 de moins qu'il y a six ans. La Souterraine est passée de 5.315 habitants à 4.933 (-382). Et Aubusson a perdu 388 habitants sur cette même période. Bourganeuf a vu également sa population décroître. La commune est passée de 2.732 habitants à 2.450.
Sophie Peretti, reportage de France Bleu Creuse, décembre 2023