Le Moyen-Orient : terre de conflits
THEME 2 :
LE MONDE DANS LA GUERRE FROIDE (1947-1991)

Chapitre 3 :
Une bipolarisation du monde remise en cause
L’Iran d’avant la révolution islamique

En Iran, la chute de Mossadegh (1953)

Le lendemain du jour où [Mohammad Mossadegh] avait pris le poste de Premier ministre – le 30 avril 1951 –, il faisait adopter par le Parlement [...] la loi sur la nationalisation du pétrole. [Il est vrai qu’en] 1950 la part des bénéfices pétroliers qui revenait à l’Iran s’élevait à 16 millions de livres – ce qui représentait la moitié du budget national – alors que la part de l’Anglo-Iranian était cinq fois plus forte. [...] L’Iran semblait tout prêt à basculer dans le bloc soviétique […]. Le 1er mai |1953], une énorme manifestation de masse se tenait devant le Parlement iranien. Amplifiées par les haut-parleurs installés partout, des voix lançaient à la foule des slogans comme « Vive le peuple de Corée et celui de la Chine ! Saluons les peuples héroïques de l’URSS qui tiennent le gouvernail du monde démocratique ! Mort aux États‑Unis ! Mort à la Grande-Bretagne ! »

Et c’est là que le plan « Opération Ajax » […] fut mis à exécution. [...] À ma connaissance, « Ajax » [fut] une campagne d’information. Elle a coûté à la CIA […] près de 60 000 dollars. [...] Les forces favorables au Chah trouvèrent une imprimerie qui […] était prête à éditer des dizaines de milliers de tracts et d’affiches [qui] montraient au peuple que c’était Mossadegh qui avait commis un acte de trahison envers la Couronne.

[...] Le peuple iranien se retourna violemment contre lui et il se trouva en grand danger de laisser sa vie aux mains des hordes qui menaçaient de le lyncher. Mon frère demanda à l’un de ses amis fidèles d’abriter Mossadegh le temps que l’ordre fût revenu et que l’ancien Premier ministre pût comparaître devant un tribunal. […] Finalement, Mossadegh fut jugé coupable et condamné à trois années d’emprisonnement.

Princesse Ashraf Pahlavi, Visages dans un miroir : la sœur du Chah témoigne, 1980.

1979 : la Révolution islamique

Angelo Cozzi, Iraniens manifestant contre le régime du Chah, août 1978, photographie.

 

Premier discours de Khomeiny à son retour à Téhéran

Le Chah s'est enfui après avoir fait faillite dans tous les domaines. Il a ruiné l'économie, l'industrie et l'agriculture du pays pour enrichir l'Amérique (…). Il a ruiné l’homme iranien (…).

Il y a plus de bars et de débit de boissons à Téhéran que de librairie. Nous ne sommes pas contre le cinéma, mais contre la pornographie. Nous ne sommes pas contre le modernisme, mais nous combattons ses aspects sauvages et immoraux. Nous ne sommes pas contre la télévision, le cinéma et la modernisation, mais, nous sommes contre l'impérialisme. Nous ne sommes pas contre la liberté des femmes, mais nous sommes contre la prostitution (…).

C'est moi qui vais désormais fonder un gouvernement (…). Nous voulons garder l'armée, mais une armée qui soit au service du peuple, pas des autres. Le pétrole iranien est exporté pour construire des bases qu'utilise M. Carter [Président des Etats-Unis de 1977 à 1981] et pour acheter des armes. Puis on nous dit que nos militaires ne sont pas capables de les utiliser on nous impose des conseillers américains !

Discours au cimetière des Martyrs, 1er février 1979, cité dans C. Lanneau, H. Broquet, S. Petermann, Les 100 discours qui ont marqué le XXème siècle, 2008

Le nouveau régime défini par Khomeiny

La Constitution, le Code civil et le Code judiciaire ne peuvent s'inspirer que des lois islamiques contenues dans le Coran et transcrites par le prophète, et elles seules doivent être appliquées scrupuleusement. Le gouvernement islamique est le gouvernement de droit divin, et ses lois ne peuvent être ni changées, ni modifiées, ni contestées.

C'est là que réside la différence radicale entre un gouvernement islamique et les différents gouvernements monarchiques ou républicains où ce sont les élus, les représentants du peuple ou de l'Etat qui proposent et votent les lois, alors qu'en Islam la seule autorité compétente est le Tout-Puissant et sa volonté divine.

L'Ayatollah Khomeiny, Principes politiques, philosophiques, sociaux et religieux, 1979

La politique étrangère islamiste de l'Iran

Notre slogan « Ni Est Ni Ouest » est le slogan fondamental de la révolution islamique dans le monde des affamés et des opprimés. Il situe la véritable politique non alignée des pays islamiques et des pays qui accepteront l'islam comme seule école pour sauver l'humanité, dans un avenir proche, avec l'aide de Dieu. Il n'y aura pas de déviation (…) de cette politique. Les pays islamiques et le peuple musulman ne doivent dépendre ni de l'Ouest - de l'Amérique ou de l'Europe - ni de l'Est- de l'Union soviétique.

(…) Une fois de plus, je souligne le danger de répandre la cellule maligne et cancérigène du sionisme dans les pays islamiques. J'annonce mon soutien sans limite, ainsi que celui de la nation et du gouvernement de l'Iran, à toutes les luttes islamiques des nations islamiques et de l'héroïque jeunesse musulmane pour la libération de Jérusalem (…). Avec confiance, je dis que l'islam éliminera l'un après l'autre tous les grands obstacles à l'intérieur comme à l'extérieur de ses frontières et fera la conquête des principaux bastions dans le monde (…). Ou nous connaîtrons toute la liberté, ou nous connaitront une liberté plus grande encore, qui est le martyre.

L'Ayatollah Khomeiny, message aux pèlerins de la Mecque, 28 juillet 1987
Affiche de propagande iranienne

1 : Ayatollah Khomeini

2 : « Si le monde islamique est uni, fini la mainmise des superpuissances sur les ressources des musulmans ! » citation de Khomeini

3 : « Dieu est grand »

 
La crise des otages états-uniens en Iran
Le 4 novembre 1979, l’ambassade des Etats-Unis est attaquée par des centaines d’étudiants armés sui protestent contre l’accueil du Chah par les Etats-Unis. 53 membres de l’ambassade sont retenus en otage durant 444 jours. Ils sont finalement libérés en janvier 1981
 
L’Iran, État chiite et puissance régionale