Un système totalitaire
Née en Chine en 1952, Jung Chang quitte son pays en 1978 pour faire des études en Angleterre. Elle rédige une célèbre autobiographie, témoignage de son enfance dans la Chine de Mao.
Mon père était haut fonctionnaire (...) Ça a été une des rares personnes à prendre la parole, à protester contre Mao (...). Si l'on prenait la parole, on mettait en danger toute sa famille, ce qui veut dire que personne n'osait élever la voix (...). Il a été arrêté, torturé, envoyé en camp, il est mort à 54 ans (...).
J'ai été élevée dans le culte de la personnalité de Mao, surtout au début des années 1960. Mao, c'était mon dieu. Lorsque nous étions enfants, si on voulait dire "je te jure que c'est vrai", on disait "je jure sur le président Mao" (...). Si bien que lorsque Mao a donné l'ordre à tous les jeunes de devenir des gardes rouges, au début de la Révolution culturelle en 1966, cela allait de soi. J'avais 14 ans à l'époque, et je suis devenue garde rouge, je ne pouvais pas envisager autre chose (...).
Pensez (...) aux maoïstes français. Ils n'ont rien vu, ils n'ont pas pu déchiffrer ce qu'il se passait, ils n'ont rien compris. Et moi-même, je n'ai pas déchiffré la rhétorique du régime, la tromperie du régime, je ne savais pas ce qu'il se passait du tout.
Entretien avec Jung Chang à propos de son roman Les Cygnes sauvages, 1992