Sortir de la guerre : la tentative de construction d'un ordre des nations démocratiques
Thème 4 :
La Première Guerre mondiale : le "suicide de l'Europe" et la fin des Empires européens
Organisation du travail de groupe
1ère étape : S'informer Votre première mission d'équipe consiste à prendre connaissance de votre corpus documentaire et de répondre aux questions qui l'accompagnent
2ème étape : Réaliser une capsule vidéo
Après avoir réalisé l'étape 1, il s'agit maintenant pour vous de construire une capsule vidéo présentant votre sujet en associant un visuel (documents sources, images d'archives, cartes...) et une bande-son (une présentation enregistrée par vos soins en guise de voix off)

Questions :

Dressez le bilan démographique de la Première Guerre mondiale et ses conséquences dans les années de l’immédiat après-guerre.
Montrez que les pertes sont très inégales selon les pays et expliquez pourquoi.
Quelles sont les séquelles physiques et psychologiques de la guerre ?
Montrez que le retour à la paix est difficile pour les soldats qui ont survécu.
Quelles sont les différentes traces matérielles laissées par la guerre ?
Comment les destructions matérielles pèsent-elles lourdement sur l'Europe après-guerre ?
Qui sont les principaux emprunteurs et prêteurs pendant la guerre ? Comment pouvez-vous l'expliquer ?
Comment pouvez-vous expliquer le glissement de puissance de l'Europe vers les Etats-Unis au sortir de la guerre ?
Mobilisation et pertes militaires de la Grande Guerre
 
Posted by yannmorel
Les conséquences de la Première Guerre mondiale sur la natalité
 
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Otto Dix, La Guerre, tempera sur bois, 204 cm x 468 cm, 1929-1932, Galerie Neue Meister, Dresde (Allemagne)
 
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Un invalide de guerre, France, 1918

Le nombre d’invalides (aveugles, gazés, amputés, handicapés) est considérable. Pouvant difficilement reprendre une activité normale, beaucoup reçoivent une pension de l’État.

 
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Otto Dix, Le marchand d’allumettes, huile sur toile, 1920, Galerie de la ville de Stuttgart (Allemagne)
 
Posted by yannmorel
La crise de l'esprit
"Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles (…).
Nous sentons qu'une civilisation a la même fragilité qu'une vie (…).
Les grandes vertus des peuples allemands ont engendré plus de maux que l'oisiveté jamais n'a créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, l'instruction la plus solide, la discipline et l'application les plus sérieuses, adaptés à d'épouvantables desseins (…).
Il y a des milliers de jeunes écrivains et artistes qui sont morts. Il y a l'illusion perdue d'une culture européenne et la démonstration de l'impuissance de la connaissance à sauver quoi que ce soit ; il y a la science, atteinte mortellement dans ses ambitions morales, et comme déshonorée par la cruauté de ses applications.
Paul Valery, La Crise de l'esprit, Première lettre (première publication en anglais dans l'hebdomadaire londonien Athrnoeus), avril-mai 1919, NRF, 1919
La démobilisation
Voila cent jeunes soldats, dix-huit lieutenants, trente sous-officiers et caporaux qui veulent recommencer à vivre (…). Chacun d'eux est un soldat accompli, rien de plus, rien de moins. Mais pour la paix ? Sommes-nous "bons pour le service" ? Sommes-nous d'ailleurs encore capables d'être autre chose que des soldats ? (…). Personne ne pourrait se faire une idée de ce que nous étions autrefois. Comme un rouleau compresseur, la guerre a passé sur nous (….).
Jusqu'ici nous étions restés tous ensemble. Les uns près des autres ; nous, dans nos tranchées, eux, dans leurs fosses, séparés par quelques poignées de terre (…). Mais maintenant nous allons rentrer dans vie, tandis qu'eux resteront ici….
Erich Maria Remarque, Après, 1931
Rentrer chez soi
Sully Bernadie raconte les cauchemars de son père, hanté par les souvenirs du front et la mort du soldat qu'il n'a pas pu sauver.
" Ce corps soudainement relâché sur son épaule le hantait, le jetait au bas de son lit, suffocant d'une angoisse réveillée en sursaut, hurlant les mots sans suite d'un cauchemar… Je revenais souvent pour apprendre que les crises d'angoisse, les réveils hébétés avaient repris. Ma mère me racontait ses malheurs, la vie étrange de mon père reclassant ses papiers."
Sully Bernadie, De mon vivant, récit. Manuscrit déposé à l'Association pour l'Autobiographie en 2001, APA 1523

Le déclin de l'Europe
Il n'est douteux pour personne que l'Europe, qui régissait le monde jusque vers la fin du XIXème siècle, perde sa suprématie au profit d'autres pays ; nous assistons au déplacement du centre de gravité du monde hors d'Europe ; nous voyons sa fortune passer aux mains des peuples d'Amérique et de l'Asie (…).
En décimant ses multitudes d'hommes, vastes réserves de vie où puisait le monde entier ; en gaspillant ses richesses matérielles, précieux patrimoine gagné par le travail de générations ; en détournant pendant plusieurs années les esprits et les bras du labeur productif vers la destruction barbare ; en éveillant par cet abandon les initiatives latentes ou endormies de ses rivaux, la guerre n'aura-t-elle pas porté un coup fatal à l'hégémonie de l'Europe sur le monde ?
Dépeuplée et appauvrie, l'Europe sera-t-elle apte à maintenir sur le monde le faisceau de liens économiques qui compose sa fortune privilégiée ? Comme puissances capitalistes, le Japon et surtout les Etats-Unis sont devenus ses rivaux (…).
On peut donc dire que nous assistons au déclin de l'Europe.
Albert Demangeon, Le Déclin de l'Europe, Payot, 1920

Les ravages de la guerre
Ernst Jünger, officier allemand, décrit en 1917 les lieux ravagés par la guerre dans la Somme et dans les Flandres.
Combles ne présentait plus, pour autant qu'on pût s'en rendre compte, dans l'obscurité, que le squelette d'une agglomération. De grandes quantités de bois, parmi les ruines, ainsi que des ustensiles de ménage, jetés à travers la rue, dénotaient que la destruction était toute récente (…). En quelques jours, l'action de l'artillerie lourde avait transmué un pacifique gîte d'étape en un spectacle d'horreur. Des maisons entières avaient été aplaties ou fendues en deux par un coup de plein fouet, si bien que les chambres avec leur mobilier pendaient comme des coulisses de théâtre au-dessus du chaos. Un fumet de cadavres sortait de beaucoup de ces décombres, car le premier bombardement avait complétement surpris par sa soudaineté les habitants et en avait enterré un grand nombre sous les ruines (…). Le village de Guillemont avait complétement disparu ; seule une tâche blanchâtre parmi les entonnoirs signalait encore l'endroit où le calcaire de ses maisons avait été pilé. Devant nous, nous avions la gare fracassée comme un jouet d'enfant et plus loin derrière le bois de Delville, haché en copeaux (…). Des clochers dont il ne subsistait qu'un mur étroit, avec des embrasures de fenêtre où se jouait le clair de lune, des monticules obscurs de décombres, d'où pointaient en désordre des pièces de charpente, et des arbres isolés, dépouillés de leurs branchages, dans les vastes étendues de neige, piquées de trous noirs par les explosions, tout cela débordait notre chemin (…).
Ernst Jünger, Orages d'acier, 1920

Verdun après la guerre
"Verdun", affiche de la Compagnie des chemins de fer de l'Est, dessin de Maurice Toussait, 1919

Après la guerre, un quart de la ville est détruit et la moitié est très sérieusement endommagée. La reconstruction de Verdun, ville de pèlerinage pour les anciens poilus et leurs familles, n'est effective qu'en 1929
 
Le bilan matériel en France
D'après P. Chassaigne, O. Dard, J.-L. Margolin, S. Schirmann, Les sociétés, la guerre, la paix, 1911-1946, Paris, Sedes, 2003

 
Les dettes interalliées (en millions de dollars)
Source : Pierre-Cyrille Hautcoeur, La Crise de 1929, La Découverte, 2009