H7 La question ouvrière
THEME 3 :
LA TROISIEME REPUBLIQUE AVANT 1914 : UN REGIME DEMOCRAITQUE, UN EMPIRE COLONIAL

Chapitre 8 :
Permanences et mutations de la société française jusqu'en 1914
La troupe tire sur les ouvriers le 1er mai
Les Événements de Fourmies, une du Petit Parisien, 17 mai 1891. Fourmies, écomusée de l'Avesnois.
Le journal populaire Le Petit Parisien qui tire à plus d'un million d'exemplaires met en scène le moment où la troupe tire sur les ouvriers qui tentaient de se réfugier au café.
 
La chanson des ouvriers de Fourmies

« Allons forçats des filatures
Le premier Mai vient de sonner
Las enfin de tant de tortures
Levons-nous pour manifester […]
Debout, vrais travailleurs ; démasquons tous les traîtres,
Marchons, marchons,
Le jour est proche où nous serons les maîtres. […] Mais quelle est cette troupe armée
Qui s'avance, l'air menaçant ?
Quoi, la bourgeoisie alarmée
En voudrait-elle à notre sang ! […]
Dormez, dormez, chères victimes,
Martyrs de l'Émancipation,
Le vent qui souffle dans les cimes,
Murmure : réparation !
Un jour viendra où dans vos tombes,
D'aise vous pourrez tressaillir,
Voyant le capital qui tombe,
Laissant aux vôtres l'avenir ! »
Anonyme, La Marseillaise fourmisienne, mai 1891, Lille.
Les souffrances et les luttes du monde ouvrier
Paul-Louis Delance, Grève à Saint-Ouen, huile sur toile, 127 x 191 cm, 1908. Paris, musée d’Orsay.
Le monde ouvrier tente de s'organiser et de se soulever pour obtenir de meilleures conditions de vie et de travail. Les manifestations tournent parfois à l'émeute, sévèrement réprimée.
 

Document général : Chronologie des événements de Fourmies

1889 : L'Internationale ouvrière appelle les ouvriers à faire grève et à manifester chaque 1er mai

1891 : Fourmies, dans le Nord, compte 16 1000 habitants dont 75% d'ouvriers travaillant dans des usines textiles

20 avril : Les socialistes Hippolyte Culine et Paul Lafargue aident les ouvriers qui s'apprêtent à manifester à rédiger leurs revendications : la réunion de préparation prévoit la grève du 1er mai, la revendication de la journée de 8h et la création d'une caisse de retraite pour les ouvriers

30 avril : A la demande de 32 patrons de Fourmies, le maire réclame un renfort de troupes au sous-préfet qui envoie 2 compagnies de soldats

1er mai : Quelques centaines d'ouvriers défilent en criant « c'est les 8 heures qu'il nous faut ! ». Ils demandent la libération des grévistes emprisonnés dans la matinée. Après les tensions avec les manifestants, l'armée tire sur ordre du commandement : la fusillade fait 10 morts, dont 4 femmes et un enfant

5 mai : Les députés votent à l'unanimité le versement d'une indemnité de 50 000 francs aux familles des victimes et les ouvriers reprennent progressivement le travail

6 mai : Hippolyte Culine est condamné à 6 ans de prison pour incitation à l'émeute

1903 : Inauguration d'un monument aux morts à la mémoire des fusillés de Fourmies

Grèves et grévistes en France (1880-1914)
 

Le programme du Parti ouvrier pour la journée du 1er mai 1891

A 10h du matin, les délégués désignés en assemblée générale des travailleurs se rendront à la mairie.

Les délégués exposeront comme revendications :

1. La journée de 8h (…)

3. La création d'une bourse du travail (…)

5. Fixation de la paie tous les 8 jours (…)

7. Amélioration hygiénique à apporter dans certains ateliers en particulier

8. Création d'une caisse de retraite pour les ouvriers

Fête familiale :

A 11h du matin : pique-nique familial, au café du Cygne, chant par des amateurs, « 2 mots sur la situation actuelle », monologue.

À 8h du soir : bal au même établissement. La permission de minuit sera demandée.

Le plus grand calme est recommandé ; pas de tumulte, pas de récriminations personnelles. Le Parti ouvrier veut le droit et le respect de lui-même, il compte sur le respect moral de chacun pour faire aboutir par la raison, ses justes revendications.

Appel aux ouvriers du parti ouvrier, section Fourmies, Wignehies et région (Nord) exposant le programme des manifestations pour la journée du 1er mai 1891 à Fourmies, avril 1891, Archives départementales du Nord

La réduction du temps de travail ouvrier
Les arguments de la CGT pour la journée de 8 heures
"Confédération générale du Travail. Réduisons les heures de travail", affiche de Paul Poncet pour le 1er mai 1910
 
Manifestation mixte pour le repos hebdomadaire, 1906
 
La catastrophe des mines de Courrières, 1906
La Une du Petit Journal du dimanche 25 mars 1906
A Courrières, dans le Pas-de-Calais, le 10 mars 1906, tôt le matin, se produit un "coup de grisou", c'est-à-dire une déflagration qui provoque un effondrement de la mine. Un incendie se propage sur 110 km. C'est la plus importante catastrophe minière en Europe. Elle provoque la mort de 1 099 mineurs, fait 562 veuves et 1 133 orphelins. Les secours sont très difficiles à mettre en place et les corps des victimes qui remontent provoquent angoisse et douleur terrible.