H7 La place des femmes
THEME 3 :
LA TROISIEME REPUBLIQUE AVANT 1914 : UN REGIME POLITIQUE, UN EMPIRE COLONIAL

Chapitre 8 :
Permanences et mutations de la société française jusqu'en 1914

Document général : Chronologie

1874 : Le travail des femmes le dimanche et au fond de la mine est interdit

1880 : Création de collèges et de lycées publics de jeunes filles (loi Camille Sée)

1881 : Les lois Jules Ferry rendent l'enseignement primaire obligatoire pour les garçons comme pour les filles

1882 : Le programme des écoles primaires publiques précise que « grâce aux travaux manuels comme la couture, la maîtresse développera chez les filles, les qualités sérieuses de la femme de ménage »

1884 : Autorisation du divorce. Les femmes peuvent adhérer à un syndicat.

1892 : Limitation de la journée de travail des femmes à 11h et interdiction du travail de nuit

1900 : La profession d'avocat est autorisée aux femmes (Jeanne Chauvin, première avocate)

1907 : Une loi autorise les femmes mariées à disposer librement de leur salaire

1909 : Congé de maternité de 8 semaines, mais sans salaire

Contre le statut d'éternelle mineure
Nous proclamons comme vous, citoyens, le principe de l'égalité humaine : nous entendons par là, non seulement l'égalité de tous les hommes entre eux, mais l'égalité des hommes et des femmes. Nous voulons pour elles comme pour vous, l'instruction intégrale, les mêmes facilités de développement physique, moral, intellectuel, professionnel (...). Nous réclamons pour les femmes, comme pour les hommes, l'indépendance économique, la production facile pour tous et la garantie pour chacun du produit intégral de son travail, quel que soit ce travail.
Discours d'Hubertine Auclert, 3ème Congrès national ouvrier, 20-31 octobre 1879, Marseille
Les femmes dans le secteur industriel en France
groupes d'industries
nombre d'ouvrières
en 1875
nombre d'ouvrières
en 1882
nombre d'ouvrières
en 1895
augmentation en %
1875-1895
Métallurgie
Textile
Cuir et papier
Chimie
Construction de machines
2 833
16 223
2 434
1 394
175
4 063
15 665
2 586
2 014
%21
7 641
27 920
4 862
3 628
871
48,9%
72,1%
99;7%
160,3%
297,7%


Une vision moderne de la femme
Haut fonctionnaire et journaliste socialiste, Léon Blum (1872-1950) fait scandale en publiant un ouvrage favorable à une plus grande liberté sentimentale et sexuelle des femmes.
« De même que les jeunes gens, quand ils prolongent leur jeunesse sans se marier […] s'arrangent une existence autonome, de même les jeunes filles pourront quitter un jour le toit paternel. Elles ne vivront alors ni chez leurs parents, ni chez leur amant ; elles vivront chez elles […]. Ce goût de la vie à soi, chez soi, pourra venir aux jeunes filles avec l'âge ; il pourra répondre, soit aux conditions de fortune, soit à certaines circonstances sentimentales. Peut-être au départ cette combinaison serait-elle d'exception, mais il faut compter qu'elle se généraliserait vite. La liberté passionnelle donne l'envie de toutes les libertés. Et il est à prévoir aussi que, le nombre des jeunes filles occupées par une étude ou par un métier augmentant sans cesse, l'esprit d'indépendance suivra le même progrès. »
Léon Blum, Du mariage, Paris, 1907.
Les différences salariales entre les hommes et les femmes
 

Les revendications sociales des femmes au travail

Ou les femmes sont les égales des ouvriers et des bourgeois, ou les bourgeois, comme ils l'affirment, sont les supérieurs des ouvriers et des femmes. Sachez-le, citoyens, ce n'est que sur l'égalité de tous les êtres que vous pouvez vous appuyer pour être fondé à réclamer votre avènement à la liberté. Si vous n'asseyez pas vos revendications sur la justice et le droit naturel, si vous, prolétaires, vous voulez aussi conserver votre privilège, les privilèges du sexe je vous le demande, quelle autorité avez-vous pour protester contre les privilèges de classe ? (…)

Notre affirmation de l'égalité sociale et politique de la femme et de l'homme et en même temps que l'expression de notre conviction, une protestation contre ceux qui, au mépris de la liberté humaine, osent encore, au XIXème siècle, tenter d’assigner un rôle à la moitié du genre humain (…). La femme est comme l'homme, un être libre et autonome. A elle, comme à lui, la liberté de choisir la voie qui lui convient (applaudissements). Ces attentats à la liberté de la femme en font, en même temps que la serve, la mineure perpétuelle, la mendiante qui vit aux dépens de l'homme. Notre dignité nous fait protester contre cette situation humiliante.

Rapport de Hubertine Auclert au 3ème Congrès national ouvrier, Marseille, 1887