Un embrasement mondial et ses grandes étapes (1914-1918)
Thème 4 :
La Première Guerre mondiale : le "suicide de l'Europe" et la fin des Empires européens
Organisation du travail de groupe
1ère étape : S'informer Votre première mission d'équipe consiste à prendre connaissance de votre corpus documentaire et de répondre aux questions qui l'accompagnent

2ème étape : Réaliser une capsule vidéo
Après avoir réalisé l'étape 1, il s'agit maintenant pour vous de construire une capsule vidéo présentant votre sujet en associant un visuel (documents sources, images d'archives, cartes...) et une bande-son (une présentation enregistrée par vos soins en guise de voix off)
Questions :
  1. Comment les 2 camps en présence envisagent-ils les premières offensives en 1914 ?
  2. Présentez les batailles de Tannenberg et de la Marne : cadre ; enjeux ; formes et bilan.
  3. A l'aide des différents documents, expliquez ce qu'est une guerre de mouvement. Puis montrez en quoi ces 2 batailles en sont une parfaite illustration.
  4. En quoi ces deux batailles marquent-elles un tournant majeur de la guerre
  5. Décrivez ce que sont les tranchées.
  6. Montrez que la guerre des tranchées a entraîné une évolution de l’équipement des soldats.
  7. En quoi l’expérience de la guerre de tranchées transforme-t-elle les soldats et leur quotidien ?
  8. Relevez les différentes manières utilisées par les soldats pour tenir face à ces difficultés.
Les forces en présence et les plans de guerre en 1914
 
La bataille de la Marne (5-12 septembre 1914)
 
La Marne : une offensive meurtrière
Les combats de la Marne, très violents, se soldent par 67 000 morts et 128 000 disparus
6 septembre 1914 (dimanche) : Le jour fatal ! (…) Autour de nous, les balles frappaient avec une telle vigueur que nous fûmes étourdis. Où je regardais, je vis tomber et se tordre mes camarades (…). De tous côtés crépitaient des mitrailleuses, les balles sifflaient haineusement par-dessus nos têtes (…). Quel fracas, quelle excitation autour de moi ! Ecumant de rage, je commençai alors de vider magasin après magasin, incitant mes camarades anxieusement couchés, à faire pareil (…). Je continuais à tirer, ne faisant aucune attention aux balles qui sifflaient devant mes oreilles. Tout à coup je crus voir des foules de Français, avançant debout dans notre direction.
Hans Rodewald, Souvenirs de la guerre et de ma captivité en France, 1914-1915, trad. E. Birnstiel, R. Cazals.

Tannenberg et le front de l'Est (26-30 août 1914)
 
L'analyse du maréchal Joffre
La victoire de la Marne et la rude campagne de deux mois qui l'avaient suivie avaient arrêté l'invasion (…). Mais il n'en restait pas moins qu'en cette fin d'année 1914, les Allemands, dont le plan reposait sur une mise hors de cause foudroyante des armées françaises, venaient de perdre tout espoir de gagner la guerre (…). Faute de mieux, les Allemands s'enterraient devant nous dans un système défensif qui allait chaque jour se perfectionnant. Il s'agissait pour nous d'attaquer cette immense forteresse, de rejeter l'ennemi dans la guerre de rase campagne, de lui imposer notre volonté. Une terrible guerre naissait, à laquelle il allait falloir s'adapter au plus vite. La création d'un matériel puissant d'artillerie s'imposait, doté de stocks de munitions devant l'importance desquels l'imagination reculait. A la fin de 1915, l'artillerie de campagne était plus que doublée (…), l'artillerie lourde de tous les calibres développée dans de grandioses proportions (…) bien que dix de nos départements fussent aux mains de l'ennemi et avec eux le bassin métallurgique de l'Est et nos mines de charbon du Nord.
Maréchal Joffre, Mémoires (1910-1917), 1932

Témoignage d'un chauffeur de taxi
Nous nous arrêtâmes, nous les taxis, dans le village de X... où le lendemain, vinrent nous rejoindre 600 autres véhicules du même genre et, en outre, toutes les autos militaires du gouvernement de Paris, sous la direction du capitaine Roy, de l'état-major du général Gallieni. Il y avait donc environ 1 000 autos. Nous comprîmes que nous n'étions pas très loin du front de combat, car nous entendions assez distinctement, non seulement la canonnade, mais par instants l'éclatement des obus. Nous transportâmes plus de cinq mille hommes avec nos autos : mille autres nous rejoignirent par chemin de fer, et c'est ainsi que ce point, qui avait été occupé par les Allemands, put être repris par nous. Le 8, à dix heures du matin, nous recevions l'avis de regagner Paris. Nous rentrâmes, ignorant absolument si la bataille de la Marne était gagnée.
Témoignage d'Alexandre Lefas, Sur le vif, octobre 1915

Le devoir d'attaquer
Au moment où s'engage une bataille dont dépend le salut du pays, il importe de rappeler que le moment n'est plus de regarder en arrière ; tous les efforts doivent être employés à attaquer et à refouler l'ennemi, une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée.
Général Joffre, Message aux armées françaises, 6 septembre 1914

L'échec stratégique de la guerre de mouvement selon un historien
Tous les Etats-majors européens qui ont préparé et réfléchi le conflit sont persuadés que la mobilisation inédite d'autant d'hommes ne peut-être supportée longtemps. Il est donc nécessaire de remporter la guerre au plus vite. Pour cela, une seule solution s'impose : l'offensive immédiate pour anéantir au plus vite l'adversaire. Quelques semaines à peine après le début du conflit, les batailles de Tannenberg et de la Marne déjouent entièrement ce qui a été anticipé. Elles signifient d'abord l'échec de l'offensive, celle des Allemands à l'Ouest, celle des Russes à l'Est. Mais surtout, malgré leur ampleur, elles ne sont en rien décisives, car elles n'entraînent pas la fin de la guerre et la victoire d'un camp sur l'autre. Sur le front oriental, malgré la victoire des lacs Mazures (8-13 septembre 1914) qui prolonge celle de Tannenberg, les Allemands ne prennent pas un avantage déterminant sur l'armée russe. Le destin de la guerre de mouvement est, en revanche, dissemblable sur les fronts : si, à l'Ouest, la guerre de position s'installe dès les semaines suivant la Marne, la guerre de mouvement se poursuit à l'Est durant tout le conflit.
Entretien avec Damien Baldin, auteur avec Emmanuel Saint-Fuscien de Charleroi : 21-23 août 1914, Taillandier, 2012

Hindenburg vainqueur à Tannenberg
En Prusse orientale, la hâte de nos alliés russes fut sans doute due à la nécessité d'atteindre immédiatement l'Allemagne sur son territoire national, pour alléger l'énorme pression que l'armée allemande exercée sur le théâtre occidental. Du 17 au 21 août, l'armée russe, pénétrant 150 km en territoire ennemi, répandit la panique parmi les populations qui commencèrent un exode en masse vers Berlin. Contre elle, le colonel-général Hindenburg, aujourd'hui maréchal, opposa des forces appuyées par de l'artillerie lourde [des canons] transportée rapidement des forteresses voisines par voies de chemin de fer. Il étreignit la 2ème armée russe en l'enveloppant. Après un combat acharné, les Russes allaient battre en retraite mais 90 000 restèrent prisonniers.
La victoire remportée par Hindenburg avait été brillante d'un point de vue tactique (…). Elle eut aussi un résultat stratégique qui fut d'obliger les Russes à évacuer promptement tout le territoire envahi.
"Que fait la Russie, que fera-t-elle?", Les Cahiers de la guerre. Pourquoi nous seront vainqueurs (revue française), n°5, 1914

Dessin schématique d'un réseau de tranchées
 
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J. W. Brooke, Soldat britannique occupant une tranchée allemande à Ovillers-la-Boisselle (Somme) en juillet 1916 (Imperial War Museums)
 
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Les gaz de combat : terreur des soldats
Avec la vague, la mort nous a enveloppés, a imprégné nos vêtements et nos couvertures, elle a tué autour de nous tout ce qui vivait, tout ce qui respirait. Les petits oiseaux sont tombés dans les boyaux, les chats et les chiens, nos compagnons d'infortune, se sont étendus à nos pieds et ne se sont plus réveillés (…). Nous avons passé là, chers camarades, les heures les plus douloureusement longues de notre existence de soldats. Nous avions tout vu : les mines, les obus, les lacrymogènes, le bouleversement des bois, les noirs déchirements des mines tombant par quatre, les blessures les plus affreuses et les avalanches de fer les plus meurtrières, mais tout cela n'est pas comparable à ce brouillard qui, pendant des heures longues comme des siècles, a voilé à nos yeux l'éclat du soleil, la lumière du jour, la blanche pureté de la neige.
"Les gaz : à ceux qui les ont vus", article paru dans Le Filon, journal des tranchées, 20 mars 1917

Après l’attaque

« Aux Éparges. Un Allemand vient d’être retrouvé vivant, parmi les morts, dans ce qui fut une tranchée », Une de L’Illustration, 24 avril 1915.

 
Posted by yannmorel